YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

8 mars : Un après-midi pour jouer l'égalité

Célian Ramis

Mercredi 8 mars, dès 15h, Françoise Cognet organisait un après-midi sport et culture, sur le thème de la programmation « Jouons l’égalité », dans le jardin du palais St Georges. Rameurs, initiations à l’escrime, parcours de course et marathon de lecture étaient au programme.

Que ce soit clair, l’idée n’est pas de jouer à l’égalité mais de jouer l’égalité. Soit rendre accessible le sport et la culture aux filles et aux garçons. Sans distinction ou discrimination en raison du sexe ou du genre, et sous aucun autre prétexte par ailleurs. À l’initiative de cette manifestation, Françoise Cognet, qui présente en parallèle son exposition photographique « À l’eau, elles rament encore », du 1er au 18 mars, à la Maison Internationale de Rennes.

Son père a été le président de la Société des régates rennaises, là où elle a elle-même ramé et barré. Elle se saisit donc des 150 ans de la structure pour aborder l’aviron dans la programmation rennaise du 8 mars, et plus largement pour parler d’égalité dans le sport et la culture.

« Hommes et femmes ont les mêmes droits et doivent être vigilants à cela. Chacun-e a des compétences et on peut évidemment être égaux par le sport, la lecture, la culture. », explique-t-elle ce mercredi après-midi, sous les tentes installées par la direction du quartier Centre dans le jardin St George.

Au même moment, un groupe de cinq femmes commencent un marathon de lecture, un désir que Françoise Cognet avait depuis longtemps. À tour de rôle, elles lisent quelques lignes du texte La gazelle.

À quelques mètres en contrebas, deux jeunes filles s’exercent sur les rameurs installés par la Société des régates rennaises, après avoir effectué le parcours mis en place par l’ASPTT Rennes et juste avant de s’initier à l’escrime avec le club sportif de la Garnison.

« C’est bien, cet après-midi, on parle d’aviron et on parle de femmes », rigole Geneviève Aubry, ancienne présidente de la Société des régates rennaises (de 1997 à 2012), où elle est licenciée depuis 1960. Elle poursuit : « Aux Régates, les femmes sont présentes depuis les années 1920, ce qui n’est pas une habitude dans les clubs. On a commencé à parler d’aviron au féminin dans les années 70. »

Pour elle, pas de différence entre les femmes et les hommes dans cette discipline qui demande de la rigueur, se fait assis et ne nécessite pas uniquement de puissance mais également de techniques. « Vous pouvez mettre sans problème une femme dans un bateau d’hommes ! Et d’ailleurs, dans le règlement, en championnat de France, il n’est pas interdit de présenter des équipes mixtes. On ne fait pas de différence. Moi, je suis arbitre et je peux arbitrer aussi bien les courses de femmes que d’hommes. », souligne-t-elle.

Pourtant, elle ne peut nier que les femmes sont moins présentes, souvent en raison des disponibilités familiales. Mais précise que toutes les femmes ne se freinent pas pour autant, heureusement :

« Certaines continuent de ramer, font garder les enfants, rament jusqu’à 7 mois de grossesse ! Je dirais à celles qui n’osent pas venir qu’il ne faut pas craindre la difficulté car c’est un sport très accessible, qui peut se faire à n’importe quel niveau et qui est convivial puisqu’il se passe dans des bateaux collectifs. On découvre vraiment les rivières, on traverse Paris, on participe à la Volalonga de Venise, etc. C’est super ! »

Du côté de l’ASPTT Rennes, Nadine Richter livre le même constat en athlétisme. Les femmes sont moins nombreuses et reconnaît sans difficulté que le domaine du sport est encore terriblement machiste. Depuis longtemps, elle pratique le lancé de poids et entraine dans cette discipline.

« Je suis à l’ASPTT depuis je suis installée à Rennes et je reste là car je m’y sens bien, c’est un club familial et qui fait de bons résultats. On ne sent pas de différence entre les femmes et les hommes et surtout pas de différence entre les disciplines de l’athlé », explique-t-elle.

Malgré tout, elle ne peut s’empêcher de taper sur poing sur la table quand à la différence de traitement que l’on réserve aux filles et aux garçons. Que les hommes soient physiquement plus forts, ok, mais cela ne signifie en aucun cas qu’ils sont les meilleurs :

 « Les filles ne sont pas moins fortes. On a tendance à valoriser les gars parce qu’ils courent plus vite. Les femmes ne sont valorisées que lorsqu’elles atteignent des résultats. Mais même. Prenez l’exemple du foot, les filles constituent une super équipe et on n’en parle pas ! Ça m’insupporte ! »

Les clubs, pour la plupart, se mobilisent pour que filles et garçons puissent bénéficier d’un égal accès aux sports de leurs choix. Mais les mentalités, notamment à haut niveau de compétition mais pas uniquement, sont lentes et difficiles à faire bouger.