YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Les femmes et la marge au Blosne

Célian Ramis

À la Maison des squares, en plein cœur du quartier du Blosne, se tient l'exposition « Les femmes et la marge » jusqu'au 30 novembre 2014. L'occasion d'admirer des femmes du monde entier vues par l'œil du photographe Yann Lévy.

Une femme en tenue burlesque, cache-téton en strass et body moulant, regarde d'un air mutin le visiteur, prête à retirer le bas. À côté, une femme entièrement voilée presse le pas sur le parvis d'une mosquée à Istanbul. Ces deux portraits exposés côte à côte montrent deux mondes opposés. Leur point commun ? C'est le même homme, Yann Lévy qui à travers son  regard de photographe a immortalisé ces instants. À travers dix-huit portraits de femmes, il emmène le visiteur aux quatre coins du globe : Roumanie, Haïti, Palestine, France, Turquie...

Sarah Boulanger, animatrice multimédia et responsable des expositions à la Maison des squares, explique : « Le lien entre toutes ces photos c'est les femmes. Il a extrait des photos de plusieurs de ses reportages en ne prenant que les portraits féminins. » Elle a contacté Yann pour l'exposer car « c'est un copain ».

Amatrice de photos, elle connaît quelques personnes dans le milieu. Yann Lévy lui a ainsi expliqué sa démarche. Partant du constat que les femmes étaient peu représentées dans le monde de la photographie, il a voulu travailler sur leur diversité. Résultat : une exposition hétéroclite qui rend hommage au féminin sous toutes ses formes.

Autre particularité, le lieu dans lequel les photos sont accrochées. La maison des squares n'est pas un lieu destiné à exposer a-priori, sa vocation est toute autre, celle d'une maison de quartier. Les clichés sont accrochés dans l'entrée et dans le couloir au petit bonheur la chance. Le Blosne est dépourvu d'endroits dévolus à l'art. Seul le Triangle fait exception.

C'est ce qui a poussé la petite structure à se lancer, depuis septembre 2014, afin de combler ce vide culturel et éviter que les personnes soient obligées de se rendre au centre ville pour admirer des expositions. Tous les mois, un nouvel artiste vient prendre place sur ses murs.

Les réactions des gens du quartier intéressent également Sarah Boulanger : « On a des gens qui viennent de partout et qui se retrouvent dans cette exposition. » Elle raconte, amusée qu'une maman d'origine turque et sa fille adolescente contemplaient toutes deux une photographie en la qualifiant de « très belle » et en  pensant, bien évidemment, parler de la même. Sauf que la mère admirait celle de la femme voilée sur le parvis d'Istanbul tandis que la fille évoquait celle de la performeuse burlesque. Une autre remarque entendue l'a aussi marqué : « C'est marrant, il n'y a que les femmes blanches de l'exposition qui font des trucs que l'on a jamais vu. » Une manière de questionner notre rapport à l'étrange et à l'étranger.