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Revue féministe en révolution

Le Grand Soufflet 2015 : Frissons et grosse énergie pour les 20 ans !

Célian Ramis

Pour fêter ses 20 ans, le festival d’accordéon Le Grand Soufflet proposait vendredi 2 octobre une soirée spéciale rythmée par des invité-e-s qui ont marqué les éditions précédentes. Et ce sont des musiciennes qui ont ouvert cette session originale sous le chapiteau, installé dans le parc du Thabor à Rennes : Wendy McNeill, suivie du trio de Whiskey & Women.

En arrivant sur la scène du Grand Soufflet, accompagnée de deux musiciens – un à la contrebasse et l’autre à la batterie, Wendy McNeill définit leur formation comme une bande de « rêveurs hardcore ». Leurs chansons sont bâties comme des contes et nous transportent dans des histoires merveilleuses, imaginaires, pleines de rebondissements et péripéties.

Munie de son accordéon, sa voix et sa pédale à boucles, l’artiste canadienne insuffle sous le chapiteau un vent chaud de douceur mêlée à une atmosphère parfois sombre et que l’on imagine tortueuse. À la manière de Maïa Vidal qui nous avait aussi transcendé sur la scène de ce même festival, la légèreté de la noirceur dissipe l’angoisse et capte l’attention du public, pendu à ses lèvres, tant elle interprète avec justesse les histoires qu’elle raconte.

La voix théâtralisée de Wendy McNeill et le trio instrumental s’unissent dans des mélodies simples et rythmées servant à mettre en relief les textes poétiques de celle qui était déjà venue au Grand Soufflet en 2009. De la comptine sur le pouvoir de la musique au voyage tumultueux d’un homme en quête de sa mémoire perdue, en passant par la biographie d’Edith Piaf dont la voix a brisé le cœur de Wendy McNeill pour lui « revenir encore plus fort », la musicienne nous embarque dans son univers singulier et décidément séduisant.

Mais c’est aussi son goût du partage et sa sincérité qui touche les spectatrices et spectateurs qui lui rendent généreusement cet instant délicieux. En participant activement lorsqu’elle les met à contribution pour donner le rythme en tapant des mains ou en lui posant des questions directement entre deux chansons pour qu’elle nous présente les personnages de sa chanson suivante…

Et lorsque la jeune femme oublie ses paroles et arrête sa dernière chanson, elle lâche sa guitare électrique prise pour l’occasion et enchaine sans interruption. A capella, elle interprète seule sur scène une dernière ballade enivrante. Le temps est suspendu, Wendy McNeill termine sur un interlude de pureté qui ne cesse encore de nous faire frissonner.

WHISKEY & WOMEN, DIRECTION LA LOUISIANE

On les attendait avec impatience. Les trois californiennes avaient mis le feu au chapiteau en 2012, et trois ans plus tard, elles assurent toujours autant et nous régalent encore de leur dynamisme entrainant et leur bonne humeur communicative. Pas de doute, elles sont dopées à l’adrénaline de la scène et survoltées par la soif de spiritueux endiablés dont elles aiment tant encenser les mérites.

Ce vendredi soir, le trio envoie d’entrée de jeu une grosse énergie à base de vieux blues et de musique cajun venue tout droit de Louisiane, et arrangée à leur sauce folk et rock’n’roll.

« Mes parents écoutaient beaucoup de folk mais aussi de punk. J’ai baigné là dedans. Un jour, j’ai trouvé un violon dans la poubelle, c’était le signe que je devais apprendre à en jouer. Je suis forcément inspirée par les musiques de mon enfance », explique Joan, violoniste.

Ses deux comparses Rosie (violon en 2012, percussions cette année) et Renée (accordéon), deux sœurs, ont elles aussi baigné dans les musiques folk et celtiques qu’elles enrichissent toutes les trois lors des arrangements finaux.

« Medicine for the blues – titre de leur dernier album, ndlr – est un mix de folk, blues et rock avec du cajun. Nous aimons ajouter ces styles à des musiques traditionnelles », soulignent-elles. 

Et quand on leur demande ce qui les inspire pour écrire les textes des chansons, elles répondent en chœur et sans hésitation : le whiskey. Sur scène, elles le revendiquent :

« Il faut boire avant la prochaine chanson car elle parle du whiskey fait main et de l’homme des impôts qui veut prendre la machine à faire le whiskey. Et nous, on veut pas ! »

Attitude rock, énergie déjantée, naturel souriant, Whiskey & Women est un groupe impressionnant qui nous transporte dans les bars reclus de la Louisiane profonde, nous fait user les talons contre le plancher et nous surprend avec un blues sur un temps de valse et une chanson a cappella dont la rythmique est donnée par leurs coups de pieds et claquements de mains.

Ou encore en interprétant la chanson française « Chevaliers de la table ronde » - un chant sur le bon vin ! oui oui oui – en invitant Etienne Grandjean, directeur du festival, à venir jouer avec elles. Ce dernier s’exécute au violon cette fois, après avoir interprété « In bocca al Lupo » à l’accordéon avec Wendy McNeill, quelques dizaines de minutes plus tôt.