YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Hasti Akhavan, peintre au pinceau bien trempé

Célian Ramis

Après plusieurs expositions à Téhéran et à Lyon, c’est dans la fraicheur rennaise que l’artiste iranienne Hasti Akhavan a préparé sa nouvelle exposition articulée autour de la figure féminine. Nous l'avons rencontré dans le cadre du numéro 28 - Septembre 2014. Elle dévoile aujourd'hui ses toiles à la galerie des Arts d'Ille, à Saint-Germain-sur-Ille, jusqu'au 28 juin.

Inspirée de la femme iranienne, Hasti Akhavan peint dans ses toiles une figure plus large de la condition féminine, sans visage, pour une vision plus universelle. « C’est ce que je connais le mieux, l’Iran, mais, concernant les femmes, partout dans le monde il y a encore du travail… », explique-t-elle. Représentées en position assise, elles sont une allégorie de la passivité des femmes.

Pour Hasti, « elles sont en attente … On dirait qu’elles n’ont pas le pouvoir de changer leur vie. Je retrouve cela chez ma mère et chez beaucoup d’autres. Elles acceptent leur rôle, ce qui creuse les inégalités même si ces dernières existent réellement ». L’artiste n’hésite pas, dans sa peinture, ni dans ses paroles, à exprimer ce qu’elle pense du monde qui l’entoure.

« À l’époque de mes premières expositions, je ressentais beaucoup de limitations. Dans la société et dans la famille. J’étais alors plutôt dans l’abstrait. »
précise celle venue en France en 2009 pour ses études de chimie, d’abord à Lyon puis à Rennes.

Aujourd’hui, Hasti jouit d’une grande aisance avec la peinture, son père l’ayant inscrite toute petite dans des cours : « J’ai pas mal changé de prof, jusqu’à ce que j’en choisisse un. C’est avec lui que j’ai trouvé mon style, que je suis devenue autonome, indépendante… » Un élément nécessaire à sa construction personnelle qui lui permet d’appréhender son art comme un jeu, et ainsi de transposer, sur toile ou sur papier, les couleurs et les formes, à l’acrylique, aux pastels ou aux crayons, selon ses envies, ses besoins et ses ressentis.

« Quand je fais un tableau, je ne m’organise pas avant. Je peux signer une toile et y revenir un an plus tard. Je trouve ça plus pur, plus libre », rigole-t-elle. Et c’est dans cette liberté que puise la jeune femme de 34 ans pour représenter sa pensée : « Si je dessine des choses sombres parfois, il y a toujours de l’espoir ».  Une pointe d’optimisme qu’elle souligne également dans son nouveau projet : « En étant plus actives, les femmes auront plus de courage, j’y crois à cette évolution ! »  

Son exposition regroupe les thématiques Femmes et Nature dans une scénographie pensée pour révéler une histoire commune, à découvrir à Saint-Germain-sur-Ille, dans la galerie des Arts d’Ille.