L’écrivaine Justine Lévy est venue présenter son dernier roman autobiographique, La Gaieté, jeudi 26 février à l’espace Ouest-France de Rennes.
« Je n’ose pas vous regarder. » Salle comble pour Justine Lévy. À l’occasion de la parution de La Gaieté, son quatrième roman, l’écrivaine a rencontré ses lecteurs rennais. Visiblement intimidée, elle n’a que rarement regardé le public, les yeux rivés vers le sol.
Lors de cette rencontre, l’écrivaine évoque la maternité, qui l’a poussée à écrire son dernier roman. « Louise n’était pas du tout faite pour être mère », explique-t-elle, d’une voix douce et posée. Son double littéraire lui a permis de mieux parler d’elle, de manière à peine voilée, avant d’assumer entièrement ses propos.
« Ce n’est pas du tout naturel d’être mère. On est programmé pour faire des enfants. Mais les élever, les éduquer… Je n’avais pas réalisé que ce serait aussi difficile »
confie Justine Lévy.
Dans son roman, elle évoque la peur constante qu’elle ressent. Une peur qui ne semble jamais la quitter. Au milieu de l’interview, elle cesse soudainement de parler pour consulter son téléphone portable. Elle s’excuse : « Je vérifie que ce ne sont pas les enfants. Imaginez s’il arrive un truc … Je suis loin ».
Si elle affirme qu’il n’y a pas d’urgence à écrire, Justine Lévy revendique également le pouvoir salvateur des mots :
« Une des raisons pour lesquelles on écrit des livres, c’est pour s’en débarrasser, c’est pour les poublier. »
Publier et oublier, deux mots en référence à Rien de grave, roman dans lequel elle raconte comment Raphaël Enthoven, son premier mari, l’a délaissée pour Carla Bruni.
Tout au long du rendez-vous, Justine Lévy semble fragile et peu sûre d’elle : « Écrire, c’est la seule chose que je fasse à peu près correctement », confie-t-elle, toujours le regard baissé. Assez réservée, elle a répondu aux questions spontanément mais en s’interrompant souvent : « Je ne sais pas comment dire. Je suis meilleure à l’écrit… »
Sa fragilité, elle la revendique presque. Lorsqu’un jeune lecteur l’interroge sur la dernière phrase du roman - « C’est solide un garçon » - et sur sa tendance à idéaliser les hommes, Justine Lévy a répondu :
« J’ai besoin que quelqu’un décide à ma place et il se trouve que c’est un homme. »
Mais la fille de Bernard-Henri Lévy a aussi fait preuve d’ironie, flirtant parfois avec la provocation. Interrogée sur la fusillade à Charlie Hebdo et la prise d’otage à l’Hyper Cacher, elle répond malicieusement : « Ah mais oui, je suis juive, c’est vrai. »
Quand dans la salle, une lectrice, émue, s’exclame : « J’étais à La Providence avec votre mère. J’ai l’impression de la voir », Justine Lévy se montre plus silencieuse. Pas sûr qu’elle ait apprécié, elle qui tente continuellement de se libérer des névroses héritées de sa mère, « pas très adaptée à la société ».