YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Mythos 2015 : Le rap fougueux de Sianna

Célian Ramis

Vendredi 10 avril, devant l’Antipode à Rennes, il pleut sur la file de jeunes gens qui attendent avec impatience le concert de celle qu’on dit relève du rap français, Sianna. À tout juste 19 ans, elle a sorti le 9 mars dernier un premier EP éponyme dans lequel se mêlent technique et énergie.

« Rennes est-ce que vous êtes chauds ? » scande la jeune rappeuse qui crée dès les premières minutes du concert, un lien et une interaction intense avec le public.

Elle et son backer Fanko, font sauter, danser, crier la salle et instaurent un jeu de scène énergique et positif pour le plus grand plaisir de la foule présente.

La musique est puissante, les bass prenantes et Sianna pose son flow incisif et insolent sur des morceaux aux sonorités tant hip hop que r’n’b, mais aussi orientales voir slaves. On assiste véritablement à un show qui donne le sourire mais surtout à une démonstration technique qui impressionne.

« Je force pas le destin, je laisse les choses se faire », dit-elle dans son titre « Quoi qu’il en soit », et a priori, pour l’instant cela lui réussit ! Après des débuts fulgurants, Sianna semble s’imposer comme une vraie référence de la nouvelle scène rap française, une artiste tout en promesses et de potentiel, à suivre dans les mois, voire années qui viennent !

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Sianna : « Il y a très peu de kickeuses françaises »

Rencontre avec Sianna un peu avant sa montée sur scène à l’Antipode, qui évoque ses débuts, la scène française du rap et son EP.

YEGG : À seulement 19 ans vous sortez un premier EP, on peut parler de débuts assez fulgurants, comment a débuté votre carrière ?

Sianna : J’ai commencé à écrire du rap vers 11 ou 12 ans juste comme ça, faire des rimes etc et en 2012 on a formé Crack House avec deux amis à Beauvais. Au départ on faisait ça pour rire mais ça s’est vite concrétisé. Au bout d’un moment on a décidé de faire un break et j’ai pu bosser un an sur ma musique. J’ai été repérée et signée chez Warner/Chappell mais j’ai aussi été beaucoup soutenue par Mac Tyer qui après avoir écouté un seul de mes sons m’a donné pas mal de conseils.

Vous avez été en partie découverte grâce à Internet, pensez-vous que c’est l’avenir pour tout artiste qui veut se faire connaître ?

Je pense qu’Internet est propulseur mais ça reste quelque chose qui peut être à double tranchant. Tout le monde est sur Internet et c’est difficile de sortir du lot, c’est pour ça que je pense qu’il vaut mieux faire le plus de scène possible.

On vous compare souvent à la rappeuse Diam’s, alors qu’a priori votre musique n’est pas vraiment similaire. En France, la scène féminine du rap n’est-elle pas un peu vide ?

J’écoutais Diam’s quand j’étais plus jeune comme beaucoup de monde oui et je pense qu’elle a influencé pas mal de gens mais c’est vrai qu’il a très peu de kickeuses françaises et d’ailleurs je n’en écoute pas vraiment. C’est extrêmement différent des États-Unis, il y a peut-être un certain manque de confiance de la part des filles. Aux USA il y a des femmes qui m’influencent et qui m’ont influencé comme Nicki Minaj, EVE, Missy Elliot ou Laureen Hill.

A priori que des femmes avec un assez fort caractère…!

(Rires) Ah oui, c’est peut-être ce qu’il faut pour faire du rap en tant que fille…

À votre passage au festival Bars en Trans au mois de décembre à Rennes, vous étiez accompagnée de Fanko sur scène, allez-vous faire des scènes seules dans le futur ?

Fanko est ce qu’on appelle mon backer, ça se fait beaucoup dans le rap. Il est là pour m’appuyer sur scène donc je vais continuer comme ça. Après, la scène reste à mon nom et l’EP aussi.

On parle de vous comme la relève du rap français. C’est quelque chose que vous exprimez dans votre EP ?

Je ne sais pas si je suis vraiment la relève mais en tout cas je fais partie d’une nouvelle génération de rappeur, une génération qu’il faut pousser au maximum. Je pense qu’on fait changer les choses et qu’il faut l’accepter. Dans mon EP, j’ai deux titres un peu plus personnels dont « Incomprise » mais la plupart des titres sont de la technique, du flow. J’y fais par exemple du kickage, c’est-à-dire que je change de flow et de l’ego-trip, c’est-à-dire qu’on se met en avant.                  

Quels sont vos prochains projets ?

Pour l’instant je vais continuer la tournée pour l’EP, je n’ai pas envie d’enchaîner les projets, je pars du principe qu’il vaut mieux ne pas être partout si on ne veut pas être nulle part (rire). Quand tu es jeune, tu te demandes si tu vas rester et pour moi, pour ça, il faut de la sincérité, alors je vais continuer à faire mes trucs.

Merci beaucoup Sianna.

Merci à vous !