Vendredi 10 avril, la chanteuse franco-israélienne Yael Naim a saisi le public du Cabaret botanique, installé au Thabor, venu à l’occasion du festival Mythos, pour l’emmener dans un ailleurs enchanteur.
Son nouvel album, Older, est jeune de tout juste un mois, mais déjà Yael Naim s’impose de par sa maturité vocale et musicale. En 7 ans, personne n’a oublié sa chanson « New Soul », qu’elle interprétera ce soir-là, tout comme sa reprise de « Toxic », ni sa gaieté enfantine. Ici, elle crée la rupture avec l’image de la jeune chanteuse de pop ensoleillée pour transporter les spectateurs vers un univers plus travaillé et plus complexe.
Yael Naim, ce n’est pas notre came. Mais il faut bien l’avouer, elle a quelque chose d’envoûtant. Assise à son piano, elle parsème de sa douceur ici et là et nous emmène dans ses histoires personnelles, sombres ou joyeuses. Elle parle ce soir-là de transition, d’expérience qui change la vie, qui change une personne. La venue d’un enfant suppose-t-on instantanément, à la manière dont elle l’évoque. Mais elle ne reste pas centrée sur cette naissance et aborde dans ses textes la vie, la mort, le deuil et les erreurs du passé, comme on peut l’entendre dans « Coward ».
Son album, Older, est une introspection de sa vie, et celle de David Donatien, son compagnon, toujours présent dans son travail puisqu’ils forment ensemble un duo à la ville comme à la scène. Et la chanteuse restitue leurs aventures de vie avec émotions, légèreté et détachement. Ce sont les différents registres musicaux qui viennent affirmer l’épanouissement et l’aspect grandissant de cet opus.
Entre folk, pop, soul et gospel, Yael Naim nous transporte dans un ailleurs lointain, dans des paysages grandiloquents et des espaces aérés. Sa puissance vocale, marquée par de belles envolées lyriques, met tout le monde d’accord, elle est de ces grandes voix virevoltantes et envoutantes, qui suspendent le temps, pendant une ou plusieurs chansons.
En ajoutant des chants sacrés à son disque, mystifiés davantage par la venue des choristes de 3somesisters, elle nous plonge dans la profondeur de ses textes, pas toujours mis en évidence ou en accord avec le style musical choisi, et nous maintient dans une relation intimiste et spirituelle, qui peut parfois même aller jusqu’à bercer le spectateur jusqu’à la somnolence.
Yael Naim convainc le public du Magic Mirror qu’elle peut à la fois allier douceur, gaieté, noirceur et énergie communicative, dans les paroles de ses chansons, tout comme dans les puissantes mélodies qu’elle délivre avec conviction.