Son énergie est communicative et libératrice. La chanteuse Olivia Ruiz était en concert à Rennes, dimanche 2 avril, au parc du Thabor. À l’occasion du festival Mythos, elle présentait son nouvel album, À nos corps aimants.
Elle se tient droite, chignon serré sur la tête et regard franc. Elle a la rigidité et la tête haute d’une danseuse de flamenco. Elle interprète « La dame-oiselle », chanson figurant sur son dernier album en date, À nos corps aimants. Le désir en est le fil rouge et elle chante en ouverture son envie d’être mère.
Le frisson parcourt le magic Mirror, suspendu aux lèvres de la chanteuse qui enchaine rapidement sur des sonorités plus rock, quittant sensuellement son haut, dévoilant la robe choisie par les internautes.
Avec ses cheveux qu’elle détache, elle lâche les chevaux. L’énergie est explosive, sa voix maitrisée à souhait, sans surprise.
Elle a ce talent que possèdent les grandes chanteuses de cabaret, qui proposent un show parfaitement rythmé. On ne la quitte pas des yeux et on la laisse nous embarquer dans ces folles histoires qui s’avèrent teintées de sombre extravagance.
Une manière de conter la société et la condition des individus, qui n'est pas sans rappeler Thomas Fersen (qui sera en concert à Mythos le dimanche 9 avril, au parc du Thabor également). Mais Olivia Ruiz a un univers et un style propre et singulier.
Elle s’affiche en femme dangereuse, flirte avec le mystère et envoute son public. Le genre de personne qui vous hypnotise pour pouvoir vous manipuler selon ses désirs et intentions, avant de doucement vous empoisonner.
Elle joue sur les facettes multiples qui se dévoilent une fois la nuit tombée, parle des instincts primitifs que la noirceur nocturne provoque et des retours à la norme une fois le jour levé.
Et sa manière de mettre en perspective le décalage entre sa voix, son parlé franc et bobo-populaire et son camaïeu de sensualité en est presque jouissive.
Elle oscille entre poésie, candeur et assurance mature. Et dégage un sentiment d’épanouissement et d’accomplissement. Elle aborde dans ses textes le désir.
Le désir de réaliser des choses, de fantasmer librement, de ressentir son corps et la chaleur de l’Autre, de s’exprimer sans détour. Et surtout sans tomber dans les travers des clichés.
Interprétant aussi bien ces nouvelles chansons comme ces classiques, dont « La femme chocolat », « Les crêpes aux champignons » ou encore « Elle panique », Olivia Ruiz se montre multiple à l’instar de son titre « Le tango du qui », véritable défilé de personnalités diverses, aussi loufoques que fantasques.
« Je suis qui bon me semble », chante-t-elle. Mère depuis l’année dernière, elle fait part de son vertige face à ce petit être et entame avec le public une berceuse pour Nino « qui dort juste à côté » en espagnol avant de nous emmener dans « les rues de Barcelone, de La Havane ou de Bogota, avec une fiole de rhum pour se lâcher parce que c’est comme ça que ça se passe ! »
Femme fatale aussi, ou encore femme fragile, femme en prise à la peur d’être oubliée, femme déjantée, femme posée, femme forte, avec un penchant pour le cannibalisme… Elle est une femme libre sur scène, généreuse et entrainante. Son venin est mortel et dans ces conditions, on aime se faire piquer.