YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

À table avec un gros banquet d'artistes

Célian Ramis

Ce week-end, L’Aire libre a ouvert ses portes au public, à Saint-Jacques de la Lande, avec « 3 jours pour le dire ». L’occasion pour la nouvelle équipe du théâtre de clôturer les 6 premiers mois de l’année, de convier les participants à découvrir les lieux et de proposer un condensé de la programmation annuelle, avec des spectacles surprenants. Parmi lesquels « Un doux reniement », de Matthieu Roy et « Le gros banquet », présentés le vendredi soir.

« Un doux reniement » est une immersion théâtrale pour 1 personne, une pièce qui met le spectateur au centre de la représentation. Le principe est simple : équipé d’un casque audio, le participant prend le rôle de Paul Fradontal. Un jeune homme parti en train, à l’enterrement d’une vieille amie, Lucie Steiner. Sur son chemin, il croise des spectres, joués par 3 comédiens, dans 3 espaces différents et se laisse porter par ses souvenirs.

Imaginée au départ dans une maison abandonnée, en Belgique, la pièce est aménagée, pour plus de mobilité, dans la remorque d’un poids lourd. L’expérience est unique et dure 8 minutes. « Chaque spectateur est convié à un horaire précis, explique le metteur en scène, Matthieu Roy, c’est un rendez-vous personnel ». Pour les comédiens, le rapport avec le public est direct et chacun s’adapte à la personne qui est en face de lui. « Certains osent me regarder dans les yeux, d’autres non, confie la comédienne Johanna Silberstein. J’essaye de créer un moment, sans jamais forcer le regard ».

Quelques mètres plus loin, sous une lumière tamisée et dans un décor rétro et soigné : Bougies aux chandelles, petits napperons, porcelaine, tableaux d’époque, « Le gros banquet » s’ouvre. Dans la salle, Louise, interprétée par Benoît Hattet, reçoit ses convives. Tous sont placés sur une grande table en U et sont invités à discuter avec leurs voisins, à apprécier le menu et à profiter des différentes interventions prévues dans la soirée. Parmi eux, des invités et des serveurs se révèlent être des conteurs, des comédiens, des chanteurs, des musiciens et embarquent le public, surpris, dans leurs histoires. Une dizaine d’artistes, dont « la Bande à Grimaud », un collectif, interviennent, tout au long de la soirée.

« On a toujours voulu monter un cabaret d’histoires drôles, (…)  imaginer une soirée conviviale dans l’esprit des repas de famille, où quelqu’un raconte une bonne blague », raconte Emilie Audren, programmatrice à L’Aire libre. Pour Fannytastic, qui chante et joue de l’accordéon, ce soir là, l’exercice n’est pas facile. Il faut rester concentré pendant le repas, ne pas oublier ses paroles, ni son intervention. Les artistes ont un fil conducteur, mais l’improvisation reste de mise. Les invités semblent séduits. « J’adore être surprise, commente Alicia, 23 ans,  je trouve le concept très sympathique et animé ». L’opération pourrait être reprogrammée par la salle de spectacles, à certains moments de la saison. Le concept pourrait bien séduire les Rennais.