YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Fanny Bouvet fait le grand saut

C’est à la piscine de Bréquigny que nous avons rencontré Fanny Bouvet, jeune plongeuse sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Londres (27 juillet – 12 août). On vous raconte.

Deux plongeoirs sont installés au bout de la piscine. Un périmètre délimite la zone de plongeon afin d’éviter que les visiteurs ne s’approchent de trop près. A peine les épreuves du Bac (série S) terminées, Fanny Bouvet est déjà de retour dans le grand bain. Pendant une heure et demi, elle va enchainer les plongeons. On la sent tendue. « Elle est renfermée, concentrée », explique son entraineur, Frédéric Pierre.

De son côté, elle nous précise que « ça fait longtemps que je ne me suis pas entrainée. Je dois retrouver mes repères, mes appuis ». En effet, quinze jours d’examens, plus le temps de révision légèrement perturbé par les sollicitations médiatiques… cela fait beaucoup pour la jeune fille. Il faut dire que le reste de l’année n’a pas été bien plus calme puisqu’elle a enchainé les compétitions. Notamment la Coupe du monde en février, à Londres.

« Pour être sélectionné, il y a deux étapes : être dans les 12 premiers aux Championnats du Monde de Shanghai l’été dernier ou être dans les 18 premiers à la Coupe du Monde de Londres. Moi j’étais 7e au rattrapage car il y a une histoire de quota… c’est compliqué tout ça ! », rigole-t-elle.

En tout cas, Fanny est contente et soulagée. Mais elle est consciente de la masse de travail que cela représente. Elle s’entraine donc trois heures par jour. Des exercices sur le trampoline pour l’échauffement, une bonne série d’acrobaties en partant du plongeoir et une séance de muscu pour terminer !

Wahou, les JO !

Petite, Fanny a rêvé de ce moment. Savait-elle qu’elle y arriverait à 18 ans ? Et dans le domaine du plongeon ? Pas sûr. Car la demoiselle a testé plusieurs sports avant se lancer pleinement dans celui qui lui permet aujourd’hui d’accéder aux JO. « Avec une maman dans le milieu de la gym acrobatique, j’ai vite baigné là-dedans », explique-t-elle.

Elle fera donc de la gym acrobatique, de la natation, du tennis ou encore de la danse. En parallèle du plongeon puisqu’elle commence à 7 ans et demi : « J’étais comme tous les enfants, je voulais tout faire ». Mais lorsqu’elle fait de la natation, elle n’attend qu’une seule chose : la fin du cours pour pouvoir profiter du plongeoir. Elle intègre donc le cercle Paul Bert, club dans lequel elle est toujours. Sa sélection aux JO relève d’« un exploit », selon son entraineur.

Pour la plongeuse, c’est un rêve de petite fille qui se réalise : « Comme tous les sportifs, je rêvais de JO. Alors j’ai essayé de me donner les moyens d’y arriver ». Déterminée, elle ne lâche pas son objectif. « A 14 ans, j’ai su que je pourrais le faire, mais j’avais bien conscience que ce serait compliqué », précise-t-elle. Compliqué oui surtout quand des blessures lui barrent la route, comme celle aux ligaments croisés lors d’un entrainement sur le trampoline. Elle remontre très vite en selle, enfin sur le plongeoir plus exactement, et se sélectionne pour les JO.

La tête sur les épaules

Si son rêve se réalise aujourd’hui, Fanny garde tout de même la tête froide. Aller au JO, c’est bien oui mais il faut aussi penser à l’avenir. Elle ne sait pas combien de temps elle plongera. Mais elle sait qu’à la rentrée, elle intégrera des études de kiné à Rennes. Ce qui ne réjouit pas particulièrement son entraineur qui la voyait peut-être déjà à Paris, à l’Institut National des Sports et de l’Education Physique – INSEP (« à savoir que sur les 5 français sélectionnés en plongeon, Fanny est la seule à ne pas suivre de formation à l’INSEP », nous précise Frédéric Pierre).

Mais la plongeuse en a décidé autrement et semble profiter de l’instant présent. Elle se réjouit de participer à cette immense compétition : « ça va être une expérience sportive très enrichissante. Sur le plan humain aussi d’ailleurs. On va voir plein de monde, c’est chouette ». Elle sait déjà à peu près ce qu’elle présentera comme plongeons (cinq pour les filles, six pour les garçons). Elle souhaite faire de son mieux, « faire un truc bien quoi » mais ne rêve pas. Son but n’est pas la médaille d’or. « Je me dis simplement que je n’ai rien à perdre ».

La Rennaise d’adoption (née à Versailles) se prépare maintenant pour les Championnats de France (qui se dérouleront en banlieue parisienne, les 7 et 8 juillet) ainsi que pour els Championnats d’Europe junior (qui auront lieu en Autriche du 11 au 16 juillet). Le 3 août, Fanny plongera dans une certaine piscine londonienne, face aux meilleurs plongeurs du monde. On lui souhaite bon courage !