Libérer la figure féminine
« Et vivre était sublime », une ode à la vie, à l’amour, au sexe, aux femmes et aux hommes. C’est ce que propose le duo des « garçons manqués » dans cette lecture musicale présentée lors du festival Mythos, à Rennes, un vendredi soir d’avril. Le 10 précisément. Un duo qui réunit l’écrivain Nicolas Rey et le musicien Mathieu Saïkaly, au centre d’un auditoire disposé en cercle autour de ces deux hybrides. Tout de suite, un coup de cœur. Une évidence foudroyante. D’un côté, Nicolas Rey, qui lit des textes d’Albert Cohen, de Céline ou encore de Boris Vian, avec une voix unique, tremblotante, chargée de ses histoires à lui qui a souvent été piqué à vif. D’un autre, Mathieu Saïkaly, qui gratte délicatement les cordes de sa guitare et interprète les chansons de Bob Dylan, des Stones ou encore de Johnny Cash, avec une voix douce, teintée de folk et bercée de sa candide jeunesse. Les textes dévoilent des figures féminines fantasmées et fantasmantes, empreintes de réalisme. La pureté romantique emboite le pas à la description très crue de la rencontre, du sentiment amoureux et de la relation sexuelle, sans occulter l’angoisse ressentie par un homme avant de s’abandonner aux plaisirs de la chair. La vision de la Femme, sortie de la plume d’auteurs masculins et déclamée par les bouches fragiles de deux hypersensibles bien assumés, est belle, libératrice et moderne.