YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Février 2016

Coup de cœur

Derrière les barreaux, elles prennent la parole

Thérèse et Catherine attendent régulièrement les papiers jaunes informant les détenues du Centre pénitentiaire des femmes de Rennes des divers ateliers mis en place. « À l’extérieur, je croyais que j’étais nulle. Les activités me prouvent que je peux faire des choses », déclare la première. Rejointe par la seconde : « On est capables de faire autre chose, de ne pas rester enfermées. Les intervenants extérieurs nous permettent de nous projeter. C’est déjà un pied dehors. »

À l’occasion du vernissage de l’exposition Citad’elles Hors les murs – dans le cadre du festival Images de Justice, organisé par l’association Comptoir du doc, à Rennes, du 23 au 31 janvier – les deux rédactrices de la revue (réalisée par et pour les détenues) ont obtenu une permission de sortie samedi 23 janvier et ont pu participer à la table ronde concernant les pratiques artistiques en prison, au théâtre de la Parcheminerie. Elles étaient aux côtés d’anciennes co-détenues, Jessica, Anita et Fleur. Toutes les cinq parlaient avec fierté, émotion et détermination de confiance en soi, d’entraide, de satisfaction, de liberté et de force.

« Ce n’est pas l’écriture de soi comme dit Audrey (Guiller, journaliste indépendante qui encadre la rédaction de Citad’elles depuis le début du projet en 2012, ndlr). Ça peut être des articles intimes mais on n’est pas en train de raconter nos « life ». On recueille des témoignages. On sort de soi, on sort de la prison. », explique Jessica. Et nous, on sort de nos préjugés, ça fait du bien.

Coup de gueule

L'homme bédéiste parle, Angoulême réagit

Le 5 janvier, Riad Sattouf, auteur de L’Arabe du Futur, a annoncé sur Facebook son boycott du festival de bande-dessinée d’Angoulême, qui se déroulait fin janvier. Comme vingt-neuf de ses confrères, il avait été nominé pour le Grand Prix, l’ultime reconnaissance dans le milieu. Or, dans la sélection, aucune femme n’y figurait.

Coutumier du fait, le festival affiche un zéro pointé en la matière. En quarante-trois ans d’existence, une seule femme a été récompensée par cette distinction, Florence Cestac. Et c’est pour ce manque de représentation féminine que le bédéiste s’est retiré de la compétition. Son impact médiatique a été considérable ; rejoint ensuite par d’autres professionnels. À tel point que le festival a enlevé la liste et proposé à tout le monde de s’y inscrire. Une victoire au goût amer.

Car le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme – créé depuis décembre 2013 par une centaine de femmes bédéistes - a été, à l’inverse, très peu médiatisé lorsqu’il a réagi, le même jour, sur son site. Encore un exemple qui prouve que les journalistes accordent plus d’importance à la parole des hommes… Même lorsqu’elle porte sur les femmes. Comme toujours, les mâles sont plus visibles car plus mis en avant. Comme toujours, les femmes restent dans l’ombre. Mais elles sont là, il ne suffit de pas grand chose pour les trouver. Question de volonté.