YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Mars 2016

Coup de cœur

Le drame 2017, pas qu'une fiction ?

À la découverte de la BD La Présidente, de François Durpaire et Farid Boudjellal, on a frissonné à l’idée d’une Marine Le Pen arrivant au pouvoir en 2017. Le 7 mai 2017 précisément. Une femme à l’Élysée ? Ça pourrait être une bonne nouvelle mais pas celle-là ! Pas au prix, entre autre, des acquis sociaux des luttes pour les droits des femmes, notamment à disposer de leurs corps (le parti ayant annoncé vouloir supprimer les aides financières aux associations féministes, lors des élections régionales en décembre 2015) !

BD d’anticipation, François Durpaire, historien et universitaire spécialisé dans les questions de la diversité culturelle, se base sur 4 étapes préalables, dont aucune n’est certaine, ni impossible. C’est un choc, un séisme. Le duo imagine et démontre comment en une année à peine, Marine Le Pen et son parti plongeront le pays dans un marasme financier avec une sortie précipitée de la zone euro, mais aussi dans une terreur sociale avec une politique sécuritaire renforcée contre l’immigration.

La révolte civile grondera, la presse résistera et la révolution numérique se fera. Frémissante, angoissante (le mot est faible), parfois marrante (oui oui), l’œuvre en noir et blanc est aussi enrichissante que réaliste. La prise de conscience est en route mais faut-il attendre le drame pour réagir ? La position des auteurs : « Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas… » Aux éditions Les Arènes.

Coup de gueule

Les chaises musicales, on en a marre !

Les remaniements ministériels pourraient ressembler à ce petit jeu humiliant des chaises musicales. Sauf qu’au lieu d’enlever des sièges, on enlève des barreaux à leur dossier, on remplace les pieds ou on les supprime. En 2012, les Droits des Femmes siégeaient fièrement dans un fauteuil, avant de le partager en 2014 pour un temps très court avec la Ville, la Jeunesse et les Sports.

Durant l’été de la même année, la ronde des requins a repris sa danse et a éjecté les Droits des Femmes de la partie. Ces derniers se sont accrochés, sautant sur les genoux des Affaires sociales et la Santé qui offrent alors par dépit un tabouret vide. En février 2016, les règles du jeu ont changé. Désormais, les tours s’effectuent en marche arrière, créant un retour dans le passé. Les années 70 n’ont pas jamais eu lieu, les luttes féministes non plus. Les femmes sont toujours réduites à la Famille et à l’Enfance. Mères de famille et épouses, sourires aux lèvres et tabliers noués autour de la taille, voilà l’image renvoyée par le nouveau gouvernement Valls, sous l’ère d’une gauche rétrograde.

Une gauche qui pédale salement et gravement dans la semoule. Et pourtant, à part quelques réactions vives sur les réseaux sociaux et quelques esclandres de femmes politiques oubliées comme Marie-George Buffet, tout le monde s’en fout. Les Droits des Femmes en bout de ligne après Famille et Enfance, ça ne choque personne ?! Peut-être souhaite-t-on également la création d’un ministère des Tâches ménagères ? Ça règlerait au moins la question du bon coup de balai qui s’impose à l’Elysée et Matignon. Merde !