YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

À peine j’ouvre les yeux – Leyla Bouzid

Tunis, été 2010, quelques mois avant la révolution. Farah qui vient d’obtenir son baccalauréat, vit seule avec sa mère. Prédestinée à continuer ses études en médecine, celle-ci ne rêve que de musique. La jeune femme chante comme elle respire et avec ses amis musiciens et leur groupe de rock, ils se produisent dans des bars de la capitale. Mais voilà Farah prend des risques lorsqu’elle chante des paroles qui dressent un portrait peu flatteur des autorités et du régime. Inconsciente, elle se fait vite repérer. Sa mère, quelque peu démunie, craint pour la sécurité de sa fille et la rappellera à l’ordre. Mais Farah est rebelle. Elle ne se démonte pas, pas même lorsqu’après s’être fait refouler à l’entrée d’un concert elle chante sur le trottoir. L’arrestation de son petit ami et musicien du groupe sonnera comme un avertissement puis c’est Farah qui se fera arrêter par la police. Le film est audacieux et réactive l’aire Ben Ali. Une ambiance chargée de tension et de privation. La réalisatrice met l’accent sur le traitement policier sévère et sans retenue affligé à la jeune fille de 18 ans. Un ambitieux premier long métrage qui cogne fort, combinant convictions politiques et créativité musicale. On se laisse très facilement envoûter par la musique et le chant d’une belle qualité. À travers le portrait d’une insoumise, le film suscite l’admiration d’une génération qui a soif de liberté et d’émancipation. Le film qui déborde d’énergie est une belle réussite.