Migrantes, la mort les tient en vie
Ce n’est pas la route de l’exil qu’elles empruntent mais la route de la mort. Pas toujours la mort physique mais à coup sûr l’anéantissement psychologique. Les migrantes centraméricaines fuient leur pays et cherchent sans répit leurs enfants kidnappés, disparus, violées et/ou prostituées pour les filles. Sans doute tué-e-s.
La journaliste Camilla Panhard les a suivies pendant 5 ans et retranscrit l’horreur de leur quotidien et la bravoure dont elles font preuve dans le livre No women’s land, publié aux éditions Les arènes en janvier dernier. Elle a accompagné ces femmes parties du Honduras, du Guatemala, du Nicaragua, du Salvador. Elle a pris part aux conditions des femmes migrantes, constaté la violence inouïe de ce que les unes et les autres racontent, vu de ses propres yeux celles et ceux qui se battent pour survivre et traverser l’Amérique centrale jusqu’aux Etats-Unis, en passant par le Mexique.
Entre gangs, cartels, braquages, agressions sexuelles, enlèvements de filles, féminicides, corruption et gouvernements démissionnaires, c’est la peur au ventre que l’on dévore cet ouvrage, témoin d’un monde qui engloutit tout espoir et toute la beauté de la vie. Camilla Panhard a le courage de réhabiliter ces femmes, leur redonner un visage et une histoire, et de les inscrire noir sur blanc dans la férocité de la lutte qu’elles livrent au jour le jour. Un récit poignant.