YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Dans le SAS, un instant privilégié

Célian Ramis

La 3e édition du SAS commence le 19 octobre avec la danseuse Nathalie Salmon, au Triangle. En amont de quatre spectacles sélectionnés au cours de la saison, elle invitera les volontaires à enrichir leur culture chorégraphique tout en se décontractant.

« Loin de nous l’idée d’expliquer le spectacle aux participant-e-s du SAS. Passer par là, c’est quitter ce que l’on a vécu pendant la journée et se mettre en condition pour la suite de la soirée. », explique Nathalie Salmon, danseuse intervenante au Triangle depuis 20 ans. À l’occasion de quatre propositions artistiques*, la professionnelle propose un instant privilégié de 45 minutes en amont des spectacles pour délier les corps et les esprits.

Un instant qui marque la volonté de la Cité de la danse d’accompagner le public dans la l’accessibilité à la culture chorégraphique. « Entre les Cinés cité danse, l’atelier de Nathalie un samedi par mois ou encore le SAS, on essaye de mettre en place des manières différentes de s’ouvrir à la danse, pour celles et ceux qui ont envie de disposer de plus d’éléments. C’est évidemment un des rôles du Triangle. », précise Odile Baudoux, coordinatrice du secteur artistique.

Elle n’oublie pas non plus les événements ponctuels établis au cours de la saison avec les artistes. Comme ce sera le cas avec Latifa Laabissi en janvier. La danseuse-chorégraphe proposera une soirée publique - composée de projections, discussions avec Isabelle Launay et échanges avec le public - pour inaugurer sa résidence au Triangle (du 17 au 20 janvier) autour du thème « Politique du minoritaire ».

L’EXPLORATION DES ARTS

La structure, logée au cœur du Blosne, distille dans sa programmation, des instants privilégiés, dédiés à l’approfondissement des connaissances en matière de danse. Une sorte d’option « Pour aller + loin » permettant une aide au regard et un éveil à l’art. Aiguiser l’appétit sans toutefois gaver les participant-e-s.

Nathalie Salmon n’intervient pas pour reproduire les enchainements des spectacles, ni pour donner une conférence stricte autour des artistes qui se produiront sur la scène du Triangle. Elle est plutôt un pont entre les volontaires présent-e-s et la danse. En préparant le SAS, elle se saisit de différentes approches possibles pour se préparer à la proposition qui suivra :

« Ce serait enfermant de donner quelque chose de trop précis. Je ne veux pas trop en dire sur ce que l’on fera mais pour donner un exemple, l’an dernier à l’occasion d’un spectacle de danse africaine, on a travaillé sur le pas, l’accentuation du pas. Personnellement, je ne cherche pas la recette, mais je veux percevoir, ressentir. »

Elle l’assure, pour participer, nul besoin de formation. Il ne s’agit pas ici de performance mais plutôt d’éveil, de regard et d’écoute des sensations, tout en y apportant des connaissances théoriques, autour d’un courant ou d’un-e chorégraphe. C’est là une manière de prendre confiance, ôter l’intimidation que l’on peut avoir en public et l’appréhension de la représentation artistique.

« On peut visiter l’Histoire des arts, la façon de travailler de ces artistes et se saisir d’un petit moment de danse tou-te-s ensemble et expérimenter des mouvements, sans faire peur. »
rassure la danseuse.

COMPLÉMENTARITÉ ET CURIOSITÉ

Ainsi avant Queen Kong, on réfléchira sans doute à la question de l’énergie. Avant Cirque, à celle du portrait et du solo. Avant It Dansa, à celle de la mémoire et de la transmission. Et avant Chut, à celle de la chute. Mais ce ne sont encore que des ébauches, des débuts de piste pour Nathalie Salmon.

« Avec le SAS, je cherche aussi à m’amuser, à découvrir, redécouvrir et à m’inviter moi-même à me rendre curieuse. Avec Odile, on discute ensemble des 4 spectacles que l’on va choisir pour la saison, puis j’y ajoute ma gourmandise. Pour moi, tout est possible, tout peut être prétexte à. L’idée est qu’il n’y ait pas de barrière sur les styles chorégraphiques, même ceux que je maitrise moins, c’est pas grave. L’objectif est de ne jamais faire la même chose d’un SAS à l’autre, d’une saison à l’autre. », s’enthousiasme-t-elle.

Finalement, le SAS est-il peut-être aussi un moyen de retrouver un sentiment de familiarité en découvrant le spectacle. « Un peu comme une odeur », confie la danseuse, éprise, à 51 ans, d’un sentiment de découvertes permanentes et de renouvellement de sa culture chorégraphique.

 

  • * Queen Kong de La Bazooka le 19 octobre, Cirque de Cécile Loyer le 2 mars, It dansa le 23 mars et Chut de Fanny de Chaillé le 27 avril.