YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Avril 2018

Coup de cœur

Valérie Zézé, son quotidien en maison d'arrêt

C’est tout récent, ça vient de juste de sortir (mois de mars). Aux éditions La boite à bulles. Signée Anaële et Delphine Hermans, la bande-dessinée La Ballade des dangereuses – Journal d’une incarcération livre l’histoire vraie de Valérie Zézé. Le 20 janvier 2015, lorsque le jugement tombe, elle n’en est pas à son premier flagrant délit de vol, loin de là.

C’est la vingt-neuvième fois, la magistrate signe le mandat d’arrêt, direction la maison d’arrêt de Berkendael, en Belgique, qu’elle connaît bien pour y avoir été incarcérée à plusieurs reprises. Elle en connaît les codes, elles en connaît les rouages. Il lui a fallu affronter des « mastodontes », jouer les caïds, un rôle dans lequel elle se sent parfois enfermée, pour être désormais respectée par les autres détenues, qu’elle aide avec ferveur et compassion. 

Valérie Zézé nous emmène avec elle dans son quotidien, dans lequel « tu ne t’appartiens plus », dans lequel tu fais une croix sur ton intimité, mais aussi dans lequel tu es en manque de coke, dans lequel tu es en colère et dans lequel tu réfléchis à ta situation. C’est un point de vue, le sien, elle ne prétend pas parler pour les autres.

Elle ne nie pas la dureté du lieu et ses dysfonctionnements mais prend le parti de se sauver elle-même et de s’aider à s’en sortir. Par l’introspection, le soutien de son fils, la découverte de la religion musulmane, la protestation, l’entraide et l’envie de décrocher. Pour prendre un nouveau chemin. 

Coup de gueule

Mais que fait la police ? Beaucoup de mal, apparemment...

Le 3 avril, Le Groupe F et Paye Ta Police ont lancé officiellement, via les réseaux sociaux et le site legroupef.fr, les résultats de leur enquête inédite, recueillant en 10 jours les témoignages de plus de 500 femmes victimes de violences sexuelles, bien ou mal prises en charge par la police ou les gendarmes.

C’est effarant (et malheureusement, pas surprenant) : 91% des témoignent relatent d’une mauvaise, voire catastrophique, prise en charge. Très souvent, les forces de l’ordre refusent ou découragent la personne concernée à pour porter plainte. Ou la forcent à insister. 60% des cas, dans l’enquête.

À partir des récits reçus, #PayeTaPlainte répertorie les éléments récurrents à la procédure : banalisation, culpabilisation des victimes, solidarité avec l’agresseur… Des faits d’un autre temps ? Bah non. La plupart des vécus datent des deux dernières années. Qu’attend-on pour réagir ? Pour prendre conscience que ces violences sont l’apanage d’un système patriarcal et raciste ? Pour former les forces de l’ordre à ce type de violences ? Qu’il y ait des victimes et des mortes ? Il y en a. Des milliers chaque année en France.

Le Groupe F et Paye Ta Police ont créé une carte de l’Hexagone, pointant toutes les villes d’où proviennent les témoignages. À Rennes, à l’hôtel de police, on en compte 7 entre 2011 et 2017 : moqueries, propos sexistes, culpabilisation de la victime, refus ou découragement de porter plainte, remise en question de la gravité des faits, solidarité avec la victime, maltraitance de la victime. Monde de merde !