YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Janvier 2020

Coup de cœur

Les violences conjugales, retour vers le futur

En mars 2017, Paulin.e Goasmat, réalisateur.e de fictions courtes et de clips, nous plongeait dans un futur proche dans lequel la société interdisait – officiellement – l’espace urbain aux filles et aux femmes une fois la nuit tombée. C’était dans Conquérantes et c’était en compétition pour le Nikon Film Festival.

Fin 2019, c’est pour le même concours qu’on retrouve Paulin-e Goasmat qui propose cette fois un retour dans le passé. Dix ans X.Y.Z commence en octobre 1975. Sur le bureau d’une enfant de dix ans qui dessine, la télé est allumée et un micro-trottoir sur les violences conjugales est diffusé. Elle éteint. Les violences continuent, résonnant dans une autre pièce de l’appartement. Ces voix-là, elle ne peut pas les arrêter grâce à un bouton.

« En Septembre dernier, à l'ouverture du grenelle contres les violences conjugales, l'INA a diffusé un micro-trottoir sur le sujet datant de la fin des années 70, et comme beaucoup j'ai été choqué·e par les propos, mais je me suis aussi hélas rendu compte que même si aujourd'hui aucun homme n'accepterait de répondre ainsi à visage découvert, dans l'intimité du couple les violences existent toujours. », explique Paulin.e Goasmat dans son mail.

Et comme à son habitude, sa capacité à faire se confondre les époques, tant les actualités d’hier font encore écho à celles d’aujourd’hui, est latente et efficace. La réalité claque à la gueule. Les femmes subissent toujours des violences sexistes, physiques et sexuelles et les enfants en sont également les victimes. Directement et/ou indirectement. Un court-métrage à voir et à soutenir ! 

Coup de gueule

Les petits garçons associent davantage le pouvoir au masculin

Etonnant non ? Non, évidemment, ça ne nous surprend pas. L’étude, publiée le 7 janvier 2020 dans la revue Sex Roles, a été menée par des chercheuses et des chercheurs de l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod (CNRS, université Lyon 1) en collaboration avec les universités d’Oslo (Norvège), de Lausanne et de Neufchâtel (Suisse) auprès de 900 filles et garçons, âgé-e-s de 3 à 6 ans.

Le constat de cette enquête : dès l’âge de 4 ans, les enfants associent pouvoir et masculinité, de la même façon en Norvège, au Liban ou en France. Et dans certains cas, cette association ne se manifeste pas chez les filles. Ainsi, différentes expériences indiquent que les garçons identifient davantage le personnage dominant comme une figure masculine. Sur le site du CNRS, on peut lire, en conclusion :

« Ces résultats montrent une sensibilité précoce des enfants à une hiérarchie entre les genres, bien que les filles, dans certaines situations, n’associent pas pouvoir et masculinité. Les scientifiques s’attachent maintenant à savoir quelles formes de pouvoir ils attribuent aux figures féminines et s’ils légitiment l’expression d’un pouvoir genré. »

Les clichés de genre agissent dès la petite enfance. Parce qu’on va préjuger d’activités et de qualités différentes pour les petites filles et les petits garçons à qui on va attribuer des couleurs et des intérêts distincts dès leur plus jeune âge. Sans oublier que les enfants sont aussi de fins observateurs et tendent à reproduire les modèles qu’ils voient et intègrent. D’où l’importance de lutter contre le sexisme dans sa globalité. Et l’éducation en fait partie intégrante.