Réhabiliter Njinga, reine guerrière d'Angola
« L’image de Njinga sauvegardée par les traditions orales a connu une nouvelle dynamique dans les années 1960, quand les Angolais se sont de plus en plus tournés vers leur histoire pour définir leur propre résistance aux Portugais. Face à un système raciste d’exploitation coloniale, dont la politique consistait à diviser les Angolais en fonction de leur race, de leur classe, de leur ethnie, de leur région et de leur langue, les descendants du vieux Mbundu qui avaient entendu les récits de la résistance de Njinga remirent au premier plan ce personnage héroïque. », écrit Linda M. Heywood, professeure d’histoire à l’université de Boston.
Pendant 9 ans, elle a effectué de très nombreuses recherches concernant cette puissante reine d’Afrique et en a fait un livre, Njinga – Histoire d’une reine guerrière (1582 – 1663), publié fin août aux éditions La découverte. Un ouvrage riche et passionnant qui dresse le portrait d’une figure importante et transgressive de l’Histoire, longtemps spoliée par les colonisateurs portugais et les auteurs européens qui en ont fait «la représentante type de l’Autre africain », dans « les romans libertins », en tant que « reine cannibale ».
Linda M. Heywood retrace son parcours, en prenant soin de contextualiser toutes les informations recueillies. Intelligente, stratège, guerrière, diplomate… Elle a toujours combattu les envahisseurs pour défendre et préserver son peuple.
L’auteure réhabilite dans toute sa dimension ce personnage complexe que l’Occident a oublié, après l’avoir caricaturé et diabolisé. Un propos qui rejoint aussi celui de l’appel de 440 historiennes à mettre fin à la domination masculine en histoire.