Le 25 novembre symbolise la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est dans ce cadre là que l’École Nationale de la Magistrature (ENM) organisait le 28 novembre dernier le colloque « Violences psychologiques au sein de la famille et au travail, violences invisibles ? », à l’Hôtel Rennes Métropole.
Les violences psychologiques font parties d’un processus insidieux s’installant dans la durée, compliqué à déceler et à dénoncer. Lors du colloque, 3 femmes ont attiré notre attention. Me Géraldine Marion, avocat au Barreau de Rennes, Dr Marlène Abondo, psychiatre et médecin légiste au service de médecine légale (CHU de Rennes) et Dr Claire Guivarch, psychologue clinicienne dans le même service.
« La violence morale détruit tout autant que la violence physique. Surtout qu’elle ne s’arrête pas aux portes du harcèlement moral »
explique Géraldine Marion, avocate en Droit du travail.
Elle regrette qu’en 2014, en France, des personnes soient encore victimes de souffrance au travail alors que ce dernier « devrait être source d’épanouissement ». Selon elle, il manque à la Justice les moyens humains et de temps pour bien travailler : « Les juges sont en attente de formation, ils sont demandeurs mais les moyens ne suivent pas. » Une réalité qui la désole, surtout lorsqu’elle entend des juges parler de « maladresses managériales ». « Ça m’horripile, confie-t-elle, c’est terrible pour une cliente d’entendre cela ! C’est tellement compliqué de prouver que la situation vécue peut entrainer des effets sur la condition morale ou physique de la personne. »
Au service de médecine légale, la mission est autre et prend en compte l’auteur et la victime. Le Dr Abondo a une définition marquante : « La médecine de la violence. La Justice nous demande d’intervenir en tant qu’experts à la suite d’un dépôt de plainte. » Au quotidien, les professionnelles évaluent le retentissement psychologique « car il peut y avoir des réactions immédiates comme des réactions différées. Nous devons observer l’évolution des symptômes dans le temps », précise le Dr Guivarch.
Elles soulignent toutes les 2 la complexité de l’être humain, l’importance de la relation, de la personne dans son individualité et du contexte. Ainsi que la dangerosité des violences psychologiques qui peuvent être ouvertes (insultes, menaces, propos négatifs) ou couvertes.
« Les plus dangereuses. Elles relèvent souvent d’une communication paradoxale dans le langage. Très difficiles à déceler, elles entrainent la perte de confiance en soi et la confusion »
déclare Marlène Abondo.
Pour elle, la manipulation se pratique chez tout être humain. Elle n’est ni bonne, ni mauvaise. Mais elle amène à se soumettre librement. « Il y a un attachement affectif et alors il va être difficile d’identifier le négatif et de s’en extraire », ajoute Claire Guivarch.