Vendredi 4 avril s’est tenu le premier conseil municipal de la ville de Rennes depuis l’élection de Nathalie Appéré, dimanche dernier. Retour sur cette séance particulière et protocolaire.
Le conseil devrait commencer à 17h. Pour l’occasion, journalistes, familles des élus et membres du public sont conviés dès 16h30 « car il va y avoir beaucoup de monde », nous dit-on du côté du service de communication. Alors que Les Verts débarquent place de la Mairie en cortège et à vélo, les uns et les autres s’entassent dans le grand salon de l’hôtel de ville, impatients de découvrir la constitution de ce nouveau conseil. Il faudra attendre 1h30 pour que fonctions et places soient attribuées à l’équipe fraichement élue.
En effet, la cérémonie a également pour but d’élire le premier magistrat de la ville, en l’occurrence la première magistrate, Nathalie Appéré. Le conseil municipal va donc procéder, par scrutin secret, au vote du maire de Rennes. Si Bruno Chavanat souligne qu’il ne présentera pas de candidat à cette élection, il tient à rappeler que « la campagne a été longue, intense et parfois rude ». Que « les résultats sont connus mais que la participation a été faible ».
Et aussi « que le détournement de fichiers – en référence à l’affaire du Théâtre national de Bretagne, ndlr – a entaché la campagne ». Après dépouillement, le vote des Rennais est confirmé par les 46 voies pour celle qui a porté la liste Rennes créative et solidaire durant ces derniers mois. Si la joie des militants est grande et éclate dans un tonnerre d’applaudissements, les 15 bulletins blancs montrent d’ores et déjà une dissension au sein de la nouvelle majorité – l’opposition ayant obtenu 13 sièges à la suite du second tour.
L’émotion gagne la salle au moment où Nathalie Appéré rejoint le fauteuil anciennement occupé par ses prédécesseurs Daniel Delaveau et Edmond Hervé. Après avoir fièrement enfilé l’écharpe de maire, symbole de sa nouvelle fonction, elle se dit « fière d’être la première femme à accéder aux responsabilités de premier magistrat de la ville » et rappelle que la « loi sur la parité, votée par un gouvernement de gauche en 2000, a permis l’arrivée aux responsabilités d’équipes paritaires lors des élections municipales de 2001. Nous savons ce que notre démocratie doit à cette loi historique ».
Elle profite également de son premier discours et de l’attention particulière que lui accorde l’audience présente ce jour-là pour confirmer sa volonté de « réinventer l’action publique, pour que Rennes continue de « vivre en intelligence » » et pour insister sur la priorité qu’elle s’est fixée : l’emploi.
Vers 18h30, l’heure est à l’élection des nouveaux adjoints. Une seule liste en lice composée de 19 noms, dont 5 sont issus de la liste Changez la ville, portée pendant la campagne par les co-têtes de liste Matthieu Theurier et Valérie Faucheux, symbole de l’alliance Europe Ecologie Les Verts – Front de gauche – une alliance remise en cause à plusieurs reprises par le leader de l’opposition Bruno Chavanat.
La liste est portée par Sébastien Séméril, qui accède au poste de premier adjoint au maire, délégué à l’urbanisme et au développement durable. « C’est un peu notre remaniement ministériel, en local », se murmure sur les bancs de l’assemblée, attentive aux noms et aux fonctions annoncées par Nathalie Appéré.
Contrairement à ce qui semblait être une bonne et innovante idée pour la candidate en janvier dernier – à savoir une femme à l’urbanisme et un homme à l’éducation – c’est encore une femme qui sera chargée de l’éducation, en la personne de Lénaïc Briéro. Autre surprise de cette séance : la délégation aux droits des femmes et à l’égalité n’est pas réattribuée à Jocelyne Bougeard, qui pourtant souhaitait poursuivre l’action menée au cours du précédent mandat.
Pour celle qui a passé 6 ans à la tête de cette fonction, en tant qu’adjointe au maire, « c’est déjà exceptionnel d’avoir pu élire une femme ce soir ». Jocelyne Bougeard devient 10e adjointe déléguée aux relations internationales et aux relations publiques et voit une opportunité de développer la politique locale en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes au plan international. « Et je considère qu’il est important de pouvoir travailler sur la transversalité. La question des femmes est essentielle et est inscrite dans la ville de Rennes, je continuerai de suivre cela de près », explique-t-elle.
C’est Geneviève Letourneux, jusqu’alors conseillère municipale élue de quartier Longs Champs – Jeanne d’Arc, qui reprend le flambeau en tant que conseillère municipal déléguée aux droits des femmes et à l’égalité.
Après la cérémonie, elle s’avoue « impressionnée de prendre la suite de toutes ces femmes qui ont compté : Anne Cognet, Maria Vadillo, Jocelyne Bougeard… » Elle n’a pas encore d’angle d’attaque pour, à son tour, marquer cette fonction de sa signature. Pour le moment, elle préfère « prendre le temps d’ouvrir les dossiers et de rencontrer les nombreux acteurs de ce travail partenarial ». Pour la maire de Rennes, la nomination de Geneviève Letourneux à la délégation marque sa « volonté de renouveler l’équipe ».
Nathalie Appéré affirme, sourire aux lèvres, qu’en matière d’égalité femmes – hommes, « on maintient les mêmes valeurs et on porte le même combat ».