En passant le porche de l’école des Beaux-arts à Rennes, le risque n’est plus seulement de tomber sur des étudiants papier canson sous le bras et crayon à l’oreille. Depuis le 6 novembre et jusqu’au 29 novembre, les tyrannosaures et autres diplodocus ont élu domicile au pied des statues grecques du cloître. L’exposition dûment nommée Druckerausore, save the Dino est l’œuvre de quatre étudiants de deuxième année, regroupés pour l’occasion dans le collectif 4 fromages.
Le fil de l’exposition a été décidé sur un coup de tête : les dinosaures. Ils sont déclinés en plusieurs œuvres : tableaux, sculptures, photographies, cahier de coloriage… dont les titres humoristiques renvoient à la légèreté du collectif. Le nom le plus drôle étant attribué à l’une des sculptures réalisée par les deux filles de l’équipe, Mathilde et Laurence, nommée: « éclosion précoce ».
L’exposition nous plonge dans une fantasmagorie : et si les dinosaures avaient survécu et qu’ils cohabitaient avec l’être humain aujourd’hui ? Que seraient-ils devenus ? La réponse est apportée par petites touches : par exemple le dino market avec des boîtes de conserves contenant de la viande de dinosaure. Mais c’est surtout un code civil détourné, à l’origine destiné aux animaux, qui montre les dinosaures comme une espèce menacée et peu considérée par l’homme.
Les loges des Beaux-Arts permettent aux étudiants d’exposer tout au long de l’année, mais le calendrier est souvent plein. Profitant d’un trou dans ce planning surchargé, les quatre amis du collectif 4 fromages, Mathilde, Laurence, Julien et VM, se sont engouffrés dans la brèche afin de faire une exposition. « C’était dans l’urgence, on a commencé deux semaines avant mais en vérité on a fait la majorité du travail 48h avant ».
Le défi était de taille, et ils avaient peu de temps pour le relever. Néanmoins tout c’est fait dans la bonne humeur: « Le but premier c’était de rigoler ». En témoigne le titre de l’exposition : Druckerausore. « Michel Drucker est un dinosaure de la télévision, donc ça nous a parût marrant de détourner le nom », confie Laurence. Une des œuvres du collectif est d’ailleurs consacrée à ce personnage public…
Des critiques sur le manque de sérieux
« Surtout ne pas se prendre la tête » est le leitmotiv principal de ces jeunes étudiants. Ils refusent de conceptualiser un travail qui était avant tout une franche partie de rigolade. Mais ce refus d’intellectualiser les amène paradoxalement à donner un concept à l’exposition : le parti pris de la bonne humeur. Ils ont essuyé des critiques de la part d’étudiants des Beaux-arts anonymes, qui trouvaient que l’exposition n’était pas assez sérieuse.
Certes le trait du dessin est parfois un peu maladroit et ils avouent en rigolant que le jour du vernissage, toutes les toiles n’étaient pas sèches; mais peut-on vraiment le leur reprocher ? D’autant que l’exposition trouve un écho favorable auprès du public, le vernissage ayant été une réussite puisque de nombreuses personnes ont fait le déplacement. Parmi les présents, l’artiste de street art, Mardi Noir, intrigué par cette exposition qui reprenait le titre d’une de ses réalisations. Bon joueur, il est venu saluer l’initiative. Quant aux membres du collectif 4 fromages, ils nous confient: « évidemment que l’on connait son travail, mais on ne savait pas qu’il avait déjà utilisé ce titre… »