L’Antipode était plein à craquer vendredi soir pour la très belle programmation, ultra éclectique, du festival Les Embellies.
Piano Chat a ouvert le bal, samplant sa voix, samplant sa guitare, s’offrant tout entier au public, le rejoignant souvent, et finissant d’ailleurs assis, au milieu de tous, pour une balade remplie d’émotion.
Françoiz Breut aussi s’est amusée avec le public : « il y a des loups à Cleunay ? » a-t-elle demandé avant de reprendre Werewolf, de Michael Hurley. Des hurlements lui ont répondu… et on peut dire qu’elle a su dompter les loups de l’Antipode. Françoiz Breut, accompagnée d’un guitariste, d’un batteur et d’un claviériste, joueuse, sensuelle, drôle, est venue chanter ses histoires, comptines pop et poésie rocks.
Des histoires de jeune autostoppeuse, courtement vêtue, « bretonne peut-être » s’est-elle amusée, des histoires de villes où il pleut, des histoires de chirurgie des sentiments. À chaque nouvelle chanson, Françoiz offre un nouvel univers. Un moment, on était dans un cabaret feutré, qu’on pouvait presque imaginer traversé de volutes de fumées. L’instant d’après, nous étions tous silencieux autour de Françoiz et de son guitariste, Stéphane Daubersy, venus chanter l’amour au milieu du public.
C’est ensuite au tour de Mesparrow d’emporter le public dans son univers. Et quel univers ! Comme Piano Chat, Mesparrow – habitée, concentrée – sample sa voix. Superposition incroyable de chuchotements, souffles, cris, choeurs, saccadés, pour ensuite poser sa voix douce, grave, puissante. Sur la scène, tout est contraste. Mesparrow, entre timidité assumée et exubérance cachée, son univers est un mélange d’étrangeté et de tranquillité, sa voix, entre fragilité et profondeur. On a beau écouter son premier album en boucle depuis près d’un mois, on découvre autre chose à la voir sur scène.
La formidable version jazzy et azimutée de My heart belongs to daddy ou celle mélodieuse et mélancolique de Stand by me y sont pour beaucoup. La pause nature, une version vocale, drôle et inquiétante, des bruits de la forêt, est impressionnante. Au fil des chansons, Mesparrow a scotché, comblé le public, pas étonnant qu’un admirateur n’ait pu s’empêcher de lui crier « je t’aime ».
Les belges de BRNS, un chanteur-batteur, un bassiste-claviériste-choriste, un guitariste-choriste et un percussionniste-choriste, ont confirmé leur incroyable énergie et inventivité sur scène. Avec leur post-rock progressif et contemplatif, BRNS a finit la soirée en beauté, et laissé le public en extase, qui ne voulait plus partir malgré les signes clairs de la salle qui rallumait les lumières.