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Revue féministe en révolution

Le Grand Soufflet : Une lucha libre violente et trépignante

Célian Ramis

Un des grands moments du Grand Soufflet restera le combat de catch mexicain. Samedi dernier, à 15h, un vent de lucha libre soufflait dans le chapiteau, place du Parlement. Les spectateurs ont rapidement pris part au jeu en criant, sifflant, huant et en acclamant les quatre champions.

Trois manches vont se succéder jusqu’à la victoire du clan des Tecnicos. Il faudra une heure, et des sacrés coups dans la gueule et dans le dos, à Casandro El Exotico -  « le clo clo mexicain, roi de la prouesse technique et lutteur exotique, glamour et paillettes » en majestueux justaucorps rose brillant et au brushing irréprochable – et à Mascara Dorada – « celui qui cumule 4 titres de champion du monde en même temps, qui est le fils de la déesse du vent » et qui brandit fièrement le drapeau breton à son arrivée – pour venir à bout des deux monstres de la lucha libre qui forment le clan des Rudos (écrit en rouge sur l’arrière du slip de Dragon Rojo Jr). Une victoire qui ne sera pas facile à remporter.

Mais avant toute chose, Fanny Pascual de Guayaba, la présentatrice et chauffeuse de salle, introduit le spectacle qui va se dérouler sous les yeux ébahis du public : « Le public doit choisir son camp et le soutenir. D’un côté les Tecnicos, ceux qui respectent les règles. De l’autre, les Rudos, avec qui tous les coups sont permis. Vous allez assister à un éclatage de face en bonne et due forme ».

Le ton est donné. Et pour arbitrer cette lutte acharnée et quasi anarchique, Orlando El Furioso, « un arbitre bretonnant ». Si tous les coups sont permis chez les Rudos, des règles existent en lucha libre : interdiction de quitter son masque, de tirer les cheveux, de donner des coups bas… « C’est parti les cabrones », crie l’arbitre. Le premier quart d’heure va être dédié à la présentation des luchadores, qui débarque un à un sur le ring.

La pression monte, les catcheurs font le show, masques sur la tête (excepté pour Casandro), torses ultra musclés luisants, cris de guerre et débordements de testostérone. Les spectateurs sont en ébullition, ils trépignent d’impatience autour du ring, crient, applaudissent, huent, sifflent, encouragent, hurlent en espagnol et se prennent au jeu très rapidement. « Légendes de la technique », « pros du saut aérien », « véritable sang aztèque », « peuple belliqueux »… Les mots prononcés par la présentatrice résonnent de plus en plus sous le chapiteau et font monter la température en quelques secondes.

Entre sifflements et acclamations, les luchadores se confrontent en face à face ou en duo, cherchant chaque occasion de faire le show mais aussi une opportunité de soumettre son adversaire par une prise de leur choix ou en le clouant au sol, minimum 3 secondes, les deux solutions pour mener son clan à la victoire.

Si la première manche est remportée facilement semble-t-il par les Tecnicos, les Rudos vont reprendre le dessus dès le début du deuxième round. Sangre Azteca se précipite sur Casandro, qui parade sur les cordes du ring, le met à terre et le roue de coup de pieds dans le dos.

Ensemble, les quatre catcheurs exécutent une chorégraphie de brutalité orchestrée, durant laquelle ils encaissent les coups, les donnent, se gifflent violemment (torses et visages), s’envoie des coups dans l’entrejambe, prennent appui dans les cordes pour se projeter sur les adversaires mais aussi pour les envoyer valdinguer dans les coins et les renverser au sol après plusieurs cabrioles – dont la très impressionnante prise Headscissors takedown dans laquelle l’attaquant met ses chevilles autour du cou de son adversaire et le fait tomber à terre.

Les champions de la lucha libre nous offrent un show étonnant, impressionnant et insolite tandis que les spectateurs vivent chaque instant avec rage, force et compassion alternant entre cris d’encouragements, « bisous » pour les Tecnicos, et insultes, « en**lés » pour les Rudos.