Révélée dans l’émission Taratata en septembre dernier, le groupe Kimberose séduit instantanément avec son EP et son titre « I’m sorry ». En mars dernier, la sortie de l’album Chapter One installe leur talent parmi les artistes à suivre de près. Le 17 avril, sur la scène de Mythos, dans le Cabaret Botanique, confirme que c’est bien la révélation soul de l’année.
Kimberose, c’est un groupe de quatre musiciens et, surtout, d’une auteure-chanteuse – Kimberly Kitson Mills – à la voix soul, douce et puissante, à la croisée de Norah Jones et Amy Winehouse. Une voix qui scotche le public, dès la deuxième chanson, qui se tient mutique, incapable même d’applaudir durant quelques secondes.
Kimberose a ce pouvoir, celui de vous hypnotiser. Parce qu’elle transmet avec générosité l’élégance et la rondeur de la soul. Sa pureté dans son contraste. Permettant ainsi de transmettre des émotions fortes, des émotions qui font vibrer.
Jusqu’à nous filer des frissons, notamment avec « Wolf », écrite à la suite du décès d’un être cher à la chanteuse, mais pas seulement. « Needed you », « Strong woman » ou encore « I’m sorry » procurent des sensations fines et intenses, subtiles et viscérales. Avec beaucoup d’aisance, la jeune artiste réussit à suspendre le temps. Et à suspendre le public à ses lèvres.
On se laisse bercer dans l’intimité de sa musique et la chaleur du chapiteau. Et on aime croiser celles à qui elle rend hommage dans la chanson sans nom, qu’elle intitule « Le slow ». Etta James, Billie Holiday, Nina Simone, Amy Winehouse, Ella Fitzgerald… Ses divinités à elle. Les grandes pointures de la soul et du jazz.
Tout fonctionne dans Kimberose : la voix, les envolées jazzy, les mélodies rappelant la soul des années 70, les rythmiques qui nous font nous mouvoir lentement. Tout en retenue, en pudeur, en finesse, en puissance et en sensualité.
On aime la générosité de son investissement, dans ses interprétations, de sa prestance et de son rapport au public. Si on note quelques redondances dans les mélodies, qui viennent se frotter à la jeunesse du projet qui peut-être n’ose encore s’affranchir des codes de leurs mentors, on apprécie le virage que prend le concert.
La voix devient plus rutilante et on s’éloigne petit à petit de l’ambiance Norah Jones pour se rapprocher d’Aretha Franklin, sans toutefois l’imiter. Le groove habite intensément la scène avec « Mine », qui suit la reprise de Lead Belly – que l’on connaît souvent plus avec la version de Nirvana – « Where did you sleep last night ? ».
Kimberose atteint l’apothéose en interprétant à nouveau leur titre phare « I’m sorry », « mais cette fois pour de vrai, maintenant que vous êtes chauds, parce que désolée de vous le dire mais vous ne l’étiez pas suffisamment tout à l’heure ». Et en effet, l’énergie circule, c’est groovy et électrique. Le public est conquis.