Paillettes, frou-frous, plumes… Univers cabaret, ambiance chic & glamour… Tatouages, esprit rock’n roll, attitude pin-up… Danse, théâtre, comédie, cirque… Bienvenue là où tout est permis. Le new burlesque est une discipline à part entière qui allie performance artistique et émancipation des individu-e-s. Les corps se dénudent - jamais intégralement - dévoilant ainsi leurs courbes, leurs atouts charnels et sensuels, leurs particularités, leurs imperfections. Parce que hors normes.
Loin des conventions, les performeuses assument et affirment leur féminité exacerbée et exagérée. En tout cas, telle qu’elles l’entendent. Avec panache et fierté. Avec sensualité et esthétisme. Le message : tous les corps sont beaux. Un discours féministe ? Utopique ? Commercial ? YEGG a sondé artistes renommées et novices en la matière pour comprendre l’univers du burlesque et l’engouement actuel pour cet art underground. Showtime !
Wilkommen, Bienvenue, Welcome. Im Cabaret, au Cabaret, to Cabaret. 1931, Berlin, au Kit Kat Club, la fête bat son plein et Sally Bowles incarne la féminité, la frivolité, la légèreté, la liberté. Interprétée par Liza Minelli en 1972 dans le film de Bob Fosse, Cabaret, la jeune femme se montre ambitieuse, émancipée et affranchie du jugement social dans un contexte de tension et de radicalisation. Prémices du new burlesque ? À n’en pas douter.
La discipline puisant dans les époques de la fin XIXe jusqu’aux années 50, dans les codes du cabaret, festif et humoristique, et voyageant dans les milieux underground de l’Allemagne, des Etats-Unis ou encore dans les salles mythiques du Paris de la Belle époque aux années folles. Et même au-delà.
À Rennes, pas de cabaret. Mais des espaces inattendus transformés pour recevoir des grands noms du burlesque. En 2011, puis en 2013, la scène du chapiteau du Grand Soufflet, alors installée sur la place du Parlement, accueille le spectacle « Porte-jarretelles et piano à bretelles », créé sous la direction artistique d’Etienne Grandjean. À la manière de Tournée, de Mathieu Amalric en 2010, qui met en scène les talents du Cabaret New Burlesque, une troupe d’artistes américain-e-s débarque en France, menée par le déluré Francky O’Right, meneur de revue mafieux et cocaïnomane.
Louise de Ville, Miss Vibi, Miss Anne Thropy, Loolaloo des Bois et Jasmine Vegas assurent le show. En 2013 toujours, quatre artistes internationales reconnues, Miss Anne Thropy, Lada Redstar, Loulou D’Vil et Lolly Wish, accompagnées de Charly Voodoo, foulent les planches du Ponant, à Pacé, pour le Breizh Burlesque festival – orchestré par Frédérique Doré, présidente de l’association Binic Burlesque festival – à l’occasion d’Octobre rose.
Fin 2015, le 12 décembre précisément, c’est le 1988 Live Club de Rennes qui prend des airs de cabaret burlesque et lance un rendez-vous mensuel incontournable : Les lapins voient rose.
AMBIANCE FEUTRÉE ET CONVIVIALE
Minuit largement passé, le public entre au compte goutte dans le club. Les spectateurs sont majoritairement des spectatrices, enthousiastes et curieuses. C’est Cherry Lyly Darling qui inaugure le show, dans une robe noire, soyeuse et voluptueuse. Comédienne et danseuse de formation, elle découvre le new burlesque il y a 7 ans, avec Juliette Dragon, fondatrice de l’école des Filles de Joie, à Paris, elle se documente, regarde des vidéos et apprend les techniques sur le tas, attirée par l’univers et l’imagerie des pin-up ainsi que par les arts du cabaret.
Elle effectue ses chorégraphies avec finesse, grâce et humour – habillée en Mexicaine, rincée à la Tequila, elle prend le contrepied de la femme sage et élégante - le regard intense et l’œil brillant. À l’instar de celle qui lui succède sur la scène, Maud‘Amour, jeune artiste qui exerce son art depuis 3 ans. Vêtue de plumes flamboyantes, elle dévoile un corps pulpeux et une attitude de femme fatale. Toutes les deux pratiquent leur effeuillage sur des airs jazzy, où sensualité et érotisme sont de mise et sont accentués par les artifices lumineux dont elles se parent.
Stress, paillettes, corsets perlés, nippies en forme de tête de mort, plumes et frou-frous… Les numéros s’enchainent dans une ambiance feutrée et conviviale à laquelle le public est invité à participer.
Car dans les spectacles burlesques, on peut crier, applaudir, siffler, à la manière loufoque du loup dans les Tex Avery. Et là dessus, Louise de Ville est intraitable. La pétillante américaine débarquée à Paris il y a une dizaine d’années a bien fait de mettre de côté son rêve de devenir diplomate pour se concentrer sur son engagement féministe.
Tantôt femme aux fourneaux, tantôt secrétaire sexy aux fesses à l’air, elle joue des stéréotypes affiliés à la féminité et manie l’art de casser le rythme de ces numéros par des invasions musicales très rock, voire psychédéliques, sur lesquelles elle s’abandonne dans des danses lascives et suggestives, mimant strangulation ou pratiquant le bondage.
DIVERSITÉ DES PARCOURS
« Je suis une artiste, performeuse contemporaine, qui a choisi le burlesque comme moyen d’expression. Je m’identifie comme une activiste féministe. Ici, je sais que ce n’est pas le même public qui viendra à des débats féministes. C’est grand public grâce à la connotation d’entertainment. », explique Louise de Ville.
Diplômée d’arts dramatiques, elle pratique le théâtre depuis ses 14 ans et a un attrait certain pour le théâtre engagé avec la création de Betty speaks, la mise en scène des Monologues du vagin ou encore l’instauration des soirées Pretty Propaganda (scène pour les effeuilleuses / effeuilleurs burlesques).
« Je pensais avoir une carrière dans une ONG, j’ai étudié la médiation et la résolution des conflits. Je ne voulais pas être serveuse à New-York pour vivre. Je suis venue en France et j’ai passé un casting pour un petit cabaret. L’occasion de rencontrer des français. Ensuite, je me suis dit qu’il y avait trop de photos de mes seins nus pour devenir diplomate. », s’amuse la pionnière du néo-burlesque qui prône le positivisme, la liberté sexuelle, et qui joue avec les genres aussi bien en explorant sa féminité et sa sexualité que sa part masculine grâce à son alter ego drag king.
Son parcours est atypique. Maud’Amour, elle, souhaitait être danseuse. À l’école, on lui fait comprendre que son physique n’est pas taillé pour : « Je ne suis pas grande, blonde, élancée… Je ne rentrais pas dans les cases. Je suis fofolle, j’aime faire rire, j’ai un physique pulpeux, un corps de femme des années 50 ! » En cherchant à danser en solo, elle découvre l’art de l’effeuillage, qu’elle considère comme la mise en valeur de la Femme comme elle aime.
Celle qui peut s’affirmer, sortir de la tradition, qui peut danser, chanter, jouer la comédie, marier les arts du cabaret, music-hall et du cirque, en illuminant les yeux et suscitant l’admiration des spectatrices ébahies. Dans le documentaire Burlesque, l’art et le jeu de la séduction – Episode 2 : Du froufrou dans les veines (documentaire en 3 épisodes et 6 villes), le journaliste Fabien Déglise s’accorde à tenir un discours similaire. Il parle alors de redonner le pouvoir de séduction aux femmes qui s’inscrivent contre les conventions et se libèrent du poids des conventions.
Avec panache et esthétisme, dans un contexte festif plutôt que commercial. Loin du striptease, par conséquent. Le burlesque, « c’est la Femme », selon la divine Lada Redstar. « L’acceptation de son corps, le girl power », pour Cherry Lyly Darling. Leur leitmotiv : tout le monde sait que la performeuse va se déshabiller, sans être jamais entièrement nue toutefois, la finalité réside non pas dans la nudité mais dans la manière d’y arriver.
« Nous ne sommes pas payées en billets qu’on nous fourre dans la culotte. Les gens payent pour les strass, les paillettes, pour avoir des émotions, rire, pleurer, qu’ils soient hommes, femmes, hétéros, homos… C’est du spectacle ! À l’artiste de choisir comment elle ou il enlève ses vêtements, quand et où. », souligne Cherry, fondatrice de l’école la Tassel Tease Company.
POUR LA LIBERTÉ
Chaque artiste possède donc une grande liberté. Liberté de création, le numéro étant pensé du début à la fin par la performeuse, et liberté d’action, la démarche artistique restant propre à chaque femme ou homme. À 34 ans, Cherry Lyly Darling sait ce qu’elle veut ou ne veut pas :
« Il y a des choses que je ne ferais pas, tout ce qui est burlesque trash ou gore, religion ou politique… Par contre, je n’ai pas d’enfants mais si j’étais enceinte, je voudrais performer avec mon bébé dans le ventre. C’est magnifique une femme enceinte, pas besoin de le cacher ! Après une fois que l’on est maman, ce n’est pas un souci de continuer l’effeuillage, dès l’instant où on sait ce que l’on met sur scène et que l’on est claire avec soi. »
Car pour cette dernière, son personnage, c’est l’accentuation, la continuité, de sa propre personne. Inspirée par des dessins animés de son enfance, comme Les Cités d’or, ou des films humoristiques comme ceux des Monty Python, elle s’immerge de tout ce qu’elle aime pour donner vie aux personnalités qu’elle incarne sur scène avec beaucoup de sensualité. Maud’Amour arbore la même démarche, celle de s’inspirer des femmes qu’elle admire que ce soit Marilyn Monroe, Rita Hayworth, Michèle Mercier ou encore la fantasque Jessica Rabbit.
À l’inverse, d’autres, comme Clea Cutthroat, « séduire est le cadet de mes soucis. Je peux être sexy mais ce n’est pas ma priorité. » Sur scène, elle est un prêtre transgenre en cuir qui se marie avec lui-même et se verse du lait. Ou elle apparaît sur des visuels, tâchée de sang. Louise de Ville, elle, navigue entre les thématiques féministes, liées à la sexualité, jouant de la double personnalité habillée – dénudée ou de l’évolution d’une femme qui se découvre.
Ainsi dans le spectacle Betty speaks, la protagoniste se rapproche au départ d’une Bree Van de Kamp qui se libère au fil du temps et au fil des connaissances autour de son propre corps, de ses désirs et de ses envies. On pourrait penser à l’œuvre du temps et des combats féministes, partant de la femme des années 50, en cuisine, toute apprêtée, parée de son tablier et de son plus beau sourire, mais Louise nous le dit, ce n’est pas un cliché historique mais une réalité encore présente.
Notamment « dans le fin fond du Kentucky », là d’où elle vient : « Il y a plusieurs lectures de Betty que l’on peut considérer d’une autre époque. Mais de là où je viens, une petite ville dans une région très croyante, l’expérience de la femme, c’est celle de se marier, acheter une maison, s’endetter pour 2 voitures et 5 enfants. Elle était taboue pour moi cette femme au foyer. En tant que féministe, on est censée la dénigrer, presque la haïr. Ici, elle dérape entre la Madonne, une femme au foyer parfaite et une « dégénérée » sexuelle. C’est le complexe entre la mère et la pute ! »
RAS-LE-BOL DES CODES
Le new burlesque n’a donc pas de codes, hormis les règles artistiques comme la manière de marcher, de se tenir, d’ôter ses gants ou son soutien-gorge, etc. Pas d’obligations non plus d’un numéro carré, archi répété et recraché, parfaitement orchestré. Les performeuses connaissent souvent sur le bout des doigts leur musique, ont pensé leur personnage et leur histoire, et fonctionnent ainsi par instinct et improvisation, perfectionnant la performance au fil des scènes. Car ici, ras-le-bol des codes !
On peut être mince, ronde, obèse comme la célèbre Dirty Martini – qui fait de son surpoids un message politique – avec de grandes jambes, de petits seins, un ventre plat, de la cellulite en bas des fesses et des vergetures sur les cuisses. Louise de Ville, Cherry Lyly Darling et Maud’Amour sont intarissables sur le sujet : toutes les morphologies, toutes les sortes de physique, toutes les femmes sont acceptées et bienvenues (en majorité, des femmes blanches de ce que l’on a pu voir et découvrir). L’idée étant de se réapproprier son corps.
Néanmoins, pas de secrets, l’effeuillage néo-burlesque est un métier qui demande du travail, le sens du rythme et une certaine créativité artistique. « Ne devient pas performeuse qui veut malgré ce que l’on pourrait penser ! Des femmes ne savent pas se mouvoir sur scène. C’est un métier, pas un délire. Quand je donne des cours, pour des enterrements de vie de jeune fille par exemple, elles réalisent à quel point c’est un art de s’effeuiller et que ce n’est pas si facile que ça », précise Maud’Amour. Il faut pratiquer plusieurs années avant de pouvoir s’estimer professionnelle.
ÉTUDIER SA FÉMINITÉ
Lada Redstard évoque un point essentiel : la féminité doit être étudiée car elle ne peut pas être naturelle. L’occasion de s’interroger (à nouveau) sur la nature féminine, si toutefois elle existe, sur les diktats de la mode et les conséquences des normes et pressions sociales. Le new burlesque permet de casser tous les dogmes de la beauté et de la féminité parfois décriée par les mouvements féministes.
Se connaître, rire de ses défauts… « ça s’apprend ! Et ça permet de retrouver confiance en soi. Ce n’est pas utile que pour la scène mais aussi pour le quotidien. Rompre avec la routine, le métro, boulot, dodo ou avec l’image actuelle de Wonder Woman. » Cherry Lyly Darling n’a pas sa langue dans sa poche, et son franc parler n’est pas pour nous déplaire. Pour elle, il faut « arrêter de se regarder la cellulite ! Les femmes ont plein de choses à montrer, elles sont belles. Il faut être soi et arrêter de se regarder dans le regard des autres. Une femme qui est bien dans sa peau a souvent des formes ! Arrêtons avec les diktats de la minceur… »
Un discours que ne contredira pas Louise de Ville qui voit dans le burlesque « l’exploration d’un érotisme fait par les femmes, pour un public à ¾ féminin, loin de la femme objet des magazines et des pubs. » C’est ainsi qu’elle définit alors ses personnages : des exemples de jouissance et de puissance de femmes qui expriment leurs désirs. À 24 ans, Maud’Amour se dit clairement féministe et considère toutes les femmes féministes dès l’instant où elles défendent « la liberté, la libération, la création ».
Pourtant, aucune ne prend la responsabilité de qualifier le néo-burlesque d’art féministe, laissant à chaque artiste la liberté d’interpréter et de militer comme elle/il l’entend. Pétillantes, sensuelles, engagées, charnelles, sensuelles, féminines, masculines, érotiques, poétiques, fanfaronnes, animales, frivoles ou autre, loin d’une question de définition et d’étiquette, le burlesque serait l’art de renouer avec son corps, l’accepter, l’assumer et le porter avec fierté, strass et paillettes. Glamour, élégance, ou pas.
Musicien et directeur artistique du Grand Soufflet à Rennes, il a dirigé en 2011 pour le festival d’accordéon, le spectacle « Porte-jarretelles et piano à bretelles » dont le succès a été fulgurant, permettant une programmation pendant 2 ans, à Paris, au théâtre de l’Alhambra. Aujourd’hui, il est le programmateur du rendez-vous mensuel donné au 1988 Live Club, « Les lapins voient rose ».
YEGG : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’être directeur artistique de shows burlesques ?
Etienne Grandjean : Directeur artistique, c’est mon métier. Ça m’intéresse de toucher à des univers très particuliers. Ça peut aussi bien être un match de catch de lucha libre qu’un spectacle burlesque ! J’ai créé beaucoup de spectacles autour de la fête foraine du début XXe. Je suis passionné par le cirque, c’est mon enfance. Et puis, j’ai vu le film de Mathieu Amalric, Tournée, et je me suis dit : ça je veux le faire ! Je me suis vu approcher un univers comme celui là.
C’est quoi justement l’univers du burlesque ?
C’est quelque chose qui vient de loin. Au départ, des stripteaseuses des boites parisiennes qui sont parties aux Etats-Unis. C’est par exemple l’époque du french cancan dans les saloons. Et ça revient par les Etats-Unis dans les années 50 avec des troupes de femmes autour de l’univers rockabily, des tatouages. Des femmes qui revendiquent être capables de monter sur une scène, de faire un show. Pas besoin des canons de beauté pour faire un spectacle, pour transmettre de l’émotion. Il y a un côté très militant. Et en France, ça revient vraiment avec Tournée. D’ailleurs Almaric a créé le film en voyant un spectacle à Nantes. Il a lui aussi un flash.
Un côté très militant… ?
Je n’ai rencontré que des performeuses ultra féministes, très militantes, qui revendiquent leur art. Je me suis intéressée à différents spectacles, il y a tous les niveaux de qualité. Certaines maitrisent très bien leur art et l’histoire de cet art.
Le burlesque se différencie du striptease. Comment différenciez-vous les artistes, que jugez vous ?
Déjà, si on a l’impression que c’est un strip, c’est raté. Personnellement, je ne juge pas les performances. Je veux qu’on me raconte une histoire, même sur un effeuillage de 3-4 minutes. Qu’à la fin, il y ait un message. Chez Louise (Deville), c’est très clair. Chez Cherry (Lyly Darling), aussi. Ça peut être drôle, décalé, dans la tradition de l’effeuillage très pêchu, punchy. J’aime que la performance soit claire. Et ça, ça dépend de l’expérience, de l’âge, de l’envie. Il faut qu’il y ait une démarche artistique.
Êtes-vous attentif à la diversité des typicités des corps lorsque vous programmez un spectacle dans le cadre des Lapins voient rose ?
Oui, c’est certain. J’aimerais également qu’il y ait rapidement des hommes. Mais vous savez, dans un réseau français, il n’y a pas non plus 50 artistes…
Ce n’est pas un peu risqué alors d’organiser un rendez-vous mensuel ?
Si, c’est risqué. L’idée, c’est de faire en sorte que les artistes travaillent. De ce que j’ai vu dans les cabarets ou dans des vidéos, il y a parfois des choses bien trash, très rock. Une qui simule un accouchement, une fausse couche, avec du sang… par exemple, ou des performances plus « glamour ». J’espère que ça fera travailler des artistes ! Ce que je veux surtout pour ce rendez-vous, c’est de présenter au public des choses de qualité. Et que cela touche un large public. Il y a beaucoup de femmes en général, et des gens du milieu gay, hommes et femmes. J’aimerais aussi travailler l’aspect queer.
Vous vous focalisez uniquement sur la scène française ?
Non, pas forcément. Je sais qu’il y a une vraie scène burlesque à Bruxelles, il va falloir que j’aille y faire un tour.
On ne voit pas beaucoup d’événements burlesques à Rennes…
Il y en a dans les événements privés. Parfois, elles ne font pas que du burlesque. Elles sont comédiennes, danseuses, circassiennes. Moi, je suis rentré là dedans via le challenge du Grand Soufflet, de « Porte-jarretelles et piano à bretelles ». J’ai dû montrer patte blanche, faire mes preuves. Montrer un regard artistique, un regard clair.
Elles se méfiaient ?
Une femme se méfie toujours. Encore plus une femme qui s’effeuille. Mais elles ont de la bouteille à ce niveau-là. Elles n’ont pas froid aux yeux. Et dans ce métier, il ne faut pas être timide, coincée, il faut une force de tempérament. C’est pour cela que selon moi, sans l’aspect militant, il n’y a pas de sens.
L’objectif est-il de démocratiser cet art à Rennes ?
Démocratiser, je ne sais pas si c’est l’objectif…
En tout cas, amener cet art à Rennes où il manque…
Oui, il y a beaucoup de propositions artistiques à Rennes mais pas au niveau burlesque. L’idée est de sortir le burlesque des boites à paillettes. Ce n’est pas pour se rincer l’œil ! Ici, le public est appelé à participer, à crier, dans un esprit bon enfant.
Ce que j’ai envie, c’est que le public se prenne au jeu, qu’il y ait une très forte participation des spectateurs-trices. Ça peut être dans la manière de se vêtir en venant, une manière d’être. On peut arriver en jouant le jeu ! Je veux créer un groupe de personnes pour développer le projet, créer un engouement autour de ça. Il y a à Rennes une école de Pole Dance, des comédiennes, des femmes qui travaillent dans le milieu de la lingerie, des gens de la photo… Je voudrais une impulsion autour de ce mouvement !
Certain-e-s critiquent le burlesque autant que le striptease partant du principe que pour les deux on paye pour voir des corps de femmes…
(Silence) Je n’y avais même pas pensé. Quand c’est bien fait, la qualité enlève le doute. Si la performance est forte, professionnelle, bien construite alors il n’y a aucune ambiguïté entre le burlesque et le striptease. Ça peut être fait avec humour, avec sérieux, c’est l’artiste qui choisit la forme de sa performance. Quand on va voir un spectacle burlesque, on sait ce que l’on va voir. Si c’est vulgaire, c’est raté.
Ça peut être hot, chaud, oui, il y a des femmes qui ont envie de ça. Les performeuses le font sans pistolet sur la tempe. C’est une démarche personnelle.