On triche. Un peu. Parce que Péyi an nou date de fin octobre 2017. Pour en parler, on se saisit alors de la remise du prix étudiant de la BD politique – France Culture, début avril, à Jessica Oublié et Marie-Ange Rousseau, grâce à qui ce roman graphique est une merveille.
Après une enquête de deux ans sur la migration antillaise des années 1960 à 1980, le duo retrace l’histoire de l’émigration de 160 000 personnes originaires de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La Réunion, organisée par le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer), créé par Michel Debré en 1963 pour relancer l’économie de la France métropolitaine, profitant du fort taux de chômage en Outre-mer.
L’autrice et la dessinatrice s’intéressent à la politique de l’agence mais aussi à son contexte, ses répercussions et son impact sur les populations concernées et les générations suivantes. L’assimilation culturelle, la faible formation dispensée, l’attribution de métiers genrés et mésestimés, le tabou… la bande-dessinée délivre une réalité que la France voudrait ignorer et dissimuler.
Péyi an nou nous rappelle à quel point nous sommes ignorant-e-s et manquons d’intérêt pour un passé pourtant essentiel à connaître pour comprendre et analyser notre société actuelle et déconstruire le racisme d’État.