Son livre est déroutant. Bouleversant. Annick Geille est journaliste et écrivaine. Et fille de marin. Ce qui transparait tout au long du récit construit, ou plutôt déconstruit, autour de la mer. Autour de la relation d’un père et de sa fille, tous les deux submergés par la violence des événements de leur vie respective et commune.
Lui était embarqué à bord du Strasbourg en 1940 lorsque la marine britannique a orchestré le massacre de la flotte française mouillant dans le port de Mers el-Kébir (Algérie). Il a survécu mais sa vie a basculé face à l’ignominie et l’injustice de cet acte. Soixante ans plus tard, sa fille attend dans un hôtel bordant la côte bretonne, son mari qui ne reviendra plus.
Détruite par cet abandon justifié d’aucune explication, elle va pourtant trouver le courage d’avancer. L’auteure fait brillamment retentir l’émotion et la brutalité des faits avec éclat et un calme redoutable dans ses descriptions transcendantes. Malgré la violence, une sorte de sérénité nous enveloppe jusqu’à trouver l’apaisement à la fin de l’œuvre, main dans la main avec les protagonistes.