« La sorcière, écrit Pam Grossman, est le « seul archétype féminin qui détient un pouvoir par elle-même. Elle ne se laisse pas définir par quelqu’un d’autre. Épouse, sœur, mère, vierge, putain : ces archétypes sont fondés sur les relations avec les autres. La sorcière, elle, est une femme qui tient debout toute seule. » Or le modèle promu à l’époque des chasses aux sorcières, imposé d’abord par la violence et plus – avec la constitution de l’idéal de la femme au foyer, au XIXe siècle – par un savant mélange de flatterie, de séduction et de menace, enchaine les femmes à leur rôle reproductif et délégitime leur participation au monde du travail. »
Journaliste et auteure, Mona Chollet est non seulement brillante dans sa réflexion qui explore une figure devenue monstrueuse à coups de propagande patriarcale, fixant un parallèle entre les sorcières alors chassées, torturées et brûlées et les célibataires, les femmes sans enfants et les femmes qui vieillissent, aujourd’hui encore incomprises, moquées et stigmatisées.
Mais elle est aussi brillante dans sa manière de vulgariser, de dénoncer la norme sans juger celles qui s’y plaisent et de porter un message déculpabilisant à toutes les femmes sorcières que nous sommes en partie. Absolument libérateur !