À l’occasion du festival national du film d’animation de Bruz, les réalisateurs et réalisatrices des films en compétition étaient conviés aux Apéroterviews, au Grand logis de Bruz. Plusieurs séances ont permis d’entendre et de voir les professionnels cachés derrière les courts-métrages. Focus sur Mathilde Parquet, qui a signé le film Louis.
L’interview ne durera pas plus qu’une dizaine de minutes – le principe étant le même pour chaque interviewé. Un temps qui paraît long pour la jeune réalisatrice, qui étudie depuis un an à La Poudrière, l’école du film d’animation, basée à Valence. Stressée, elle semble inconfortable dans un exercice qui lui est peu familier.
Ses propos sont à l’image de son court-métrage : bruts, fouillis, spontanés. « Dans Louis, le but était de retranscrire mon rêve. Il est plutôt gai, puis angoissant », explique-t-elle. Pour exprimer au mieux les sensations ressenties en songe, elle joue avec les formes, les couleurs et les techniques, « pour marquer les ruptures ». Tantôt la 2D, tantôt le volume animé, tantôt le pastel. Ce dernier soulignant « que le rêve part dans tous les sens ».
Avant de retranscrire son rêve, elle l’a raconté une quinzaine de fois et l’a écrit, et si elle ne l’a pas vécu en animation, mais en prise de vue réelle, elle a souhaité rester proche de l’expérience ressentie. « Les couleurs sont très fortes, abruptes. Je crois que je suis un peu brutale dans la réalité. Je ne réfléchis pas beaucoup, je suis dans le ressenti et je me suis fait confiance par rapport à ce que j’avais vécu dans mon rêve », précise-t-elle. Elle ajoute d’ailleurs que le début de Louis est très propre, très storyboardé. Un côté qui ne lui ressemble pas mais qui était nécessaire pour la suite des aventures.
Les réactions, après la projection, ont été variées. Certains lui demandent ce qui lui est arrivé dans sa vie, d’autres sont mal à l’aise : « Ce n’est pas un voyage initiatique sur le désir du retour à l’enfance. C’est un film sur mes sentiments, mes angoisses. J’aime malmener le spectateur ». Pour elle, le rôle du cinéma est de toucher le spectateur, lui parler et ce sont les films qui dérangent qui marquent et prennent les tripes.
« J’accorde aussi beaucoup d’importance à la narration, au récit. J’ai besoin de l’histoire, je ne suis pas très attirée par ce qui est abstrait », ajoute Mathilde. Pour son prochain film d’étude, elle travaille encore sur un projet qui devrait mettre la sensibilité des spectateurs à mal : « Pourtant, j’aimerais bien faire des choses gaies… »