Elle est ses yeux à l’étranger. Pour que la communauté internationale sache l’injustice (et le danger de mort) que subit Milagro Sala, emprisonnée depuis maintenant deux ans. La journaliste, originaire de Buenos Aires, installée en France depuis 30 ans, est partie dans la province argentine de Jujuy, à la rencontre de cette femme hors du commun.
Fondatrice de l’association Tupac Amaru, elle est devenue la mère de milliers d’enfants de la rue, en créant des écoles, des habitations et des centres de santé, agissant contre les violences faites aux femmes et pour l’affirmation des un-e-s et des autres. Un travail colossal que le gouvernement ne digère pas, allant jusqu’à incarcérer de manière arbitraire – et contre l’avis de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme – celle qui se revendique indienne des Peuples Originaires d’Amérique du Sud.
Alicia Dujovne Ortiz, qui voit là une héritière d’Eva Perron, dresse le portrait d’une femme généreuse, engagée, anticonformiste, butée, autoritaire et à la détermination admirable et inspirante, qui semble sans limite, si ce n’est sa capacité à se remettre en cause.
À travers le destin de Milagro Sala, l’auteure témoigne de la réalité d’un système corrompu et dysfonctionnel dans un pays dont on oublie le métissage, rayant d’un trait toute une partie de la population qui ne demande qu’à poursuivre son chemin, en toute dignité.