À situation exceptionnelle (non anticipée), mesures exceptionnelles. C’est inédit ce qui se passe pour les lycéen-ne-s en classe de Terminale. Les épreuves du Bac n’auront pas lieu, a annoncé Edouard Philippe hier soir. Forcément, son discours suscite réactions et interrogations…
Le 2 avril, le premier ministre fait part de deux possibilités à explorer, concernant le baccalauréat. Ce matin, le ministre de l’Education a tranché : les épreuves seront validées sur la base du contrôle continu. Soit les notes obtenues depuis le début de l’année scolaire, période de confinement exclue.
Cela vaut également pour le brevet et les baccalauréats technologiques et professionnels. Seule l’épreuve de français, pour les élèves de première, est maintenue à l’oral. Les coefficients restent les mêmes, les mentions aussi.
Pour les candidat-e-s de terminale ayant obtenu entre 8 et 9,9 sur la base du contrôle continu, iels pourront passer des oraux de rattrapage. Les élèves pourront aussi se présenter à la session de septembre, tout comme les candidat-e-s libres.
Sur Twitter, c’est la déferlante de réactions de la part des concerné-e-s. Et c’est assez amusant. Déjà de constater que les plus nombreux à s’enthousiasmer de cette nouvelle sont majoritairement des garçons, qui revendiquent le fait d’avoir triché toute l’année pour obtenir leur baccalauréat sans aller à l’examen et ainsi faire un pied de nez à leurs professeur-e-s leur disant « Le jour du bac, vous ne pourrez pas tricher. »
Ensuite, iels regrettent de ne pas pouvoir connaître les joies des résultats et les grosses soirées de fête qui suivent la fin des examens mais annoncent très rapidement qu’iels ne comptent plus suivre les cours en ligne dispensés par leurs professeur-e-s. En revanche, les cours sont fixés jusqu’au 4 juillet et ça les ravit nettement moins, selon les gifs employés.
Et puis, il y a celles et ceux qui comprennent que pour elles et eux, c’est foutu : « Ça ce fait tellement pas, les profs nous mettent tous des notes assez basses car ils sont exigeants pour qu’on ai notre bac et au final on aura même pas l’occasion de prouver qui on est. HONTE À LA FRANCE ET SON SYSTÈME ÉDUCATIF NUL. » (Une réponse de prof ne tarde pas à arriver : « Ou on voit aussi des élèves qui ne font rien de l’année et qui essaient de se réveiller 1 semaine avant les épreuves. »).
Finalement, cette mesure et les arguments des lycéen-ne-s – soulignant également leur frustration de ne pas passer les examens pour lesquels on les prépare depuis le début de leur scolarité – démontrent que ce système est sans doute à repenser entièrement.
Enfin c’est le tweet de Marie de Montpensier qui attire toute notre attention : « Attendez vous êtes en train de me dire qu’à cause d’un virus… l’épreuve de littérature est annulée… donc ma dernière chance pour être le sujet de l’épreuve tombe à l’eau #BAC2020 »
Remettons les choses dans leur contexte : La princesse de Montpensier, écrit par Mme de La Fayette, est le premier texte rédigé par une autrice à avoir fait son entrée dans les œuvres étudiées pour le baccalauréat littéraire. En 2017.
Oui, ça fait mal. Et quand on va sur son compte, c’est là qu’on voit que les lycéennes réagissent, constatant en effet qu’en trois ans, La princesse de Montpensierne sera jamais tombée dans les sujets du bac. Une info que notent également les garçons. Et ça, c’est peut-être réjouissant. De voir une nouvelle génération d’élèves, sensibles aux questions de parité.
Définitivement, le système doit être repensé. Les autrices, compositrices, femmes politiques, actrices de l’Histoire, les sportives, etc., doivent être étudiées dès le plus jeune âge (et pas que les femmes blanches hétérosexuelles cisgenres et valides).
Et même en confinement, on peut les découvrir par différents biais. Grâce aux Culottéesde Pénélope Bagieu, série adaptée en dessins animés (avec la voix de Cécile de France), à la mini série d’Arte sur Les espionnes racontentou encore sur la plateforme Matilda Education.
Aucun rapport avec le baccalauréat ? Pas si sûr-e-s.