Conférences, tables-rondes, ateliers, spectacles composaient la 4e Biennale de l’égalité femmes-hommes, au Palais des congrès de Lorient, vendredi 16 mai. Le soir venu, à quelques mètres de là, c’est dans le parc que les femmes ont continué de s’exprimer. Par la chanson et la musique cette fois, avec deux groupes féminins : The Boxettes et Les Sœurs Bervas.
Vendredi, à 20h30, le parc Jules Ferry respire le calme et la tranquillité. Pourtant, les voix puissantes des membres de The Boxettes percent cette fausse quiétude. Celles qui se sont produit le 20 mars dernier, à Rennes, sur la scène de l’Antipode sont de retour en terre bretonne pour environ une heure de beatbox détonnant, 100% féminin, pour notre plus grand plaisir.
Ces cinq londoniennes, alignées en toute simplicité et sobriété, font résonner leurs voix a cappella devant un public restreint, contre toute attente. Le groupe est composé de quatre vocalistes et beatboxeuses, Alyusha Chagrin, Kate Brown, Neo Joshua et Yvette Ribby-Williams, réunies autour de Bellatrix, première championne du monde de l’histoire du human beatbox.
Leurs chansons mêlent puissance, pureté vocale, harmonies mélodieuses et techniques impressionnantes de beatbox en mélangeant les genres musicaux qui oscillent entre r’n b, soul, hip hop et jazz. Engagé, le quintet expriment à travers leurs textes le girl power contemporain en chantant la force détenue par les femmes. Et la démontrent également en formant un groupe uni au style percutant et original.
Leur concert soulève un vent d’énergie et apporte un souffle nouveau à la scène beatbox. La performance de Bellatrix ne peut passer inaperçue et ne cesse d’étonner et d’impressionner la gente masculine tant elle dévoile des capacités hors-normes. Vêtue d’une robe noire et d’une paire de baskets streetwear, la championne anglaise ne se contente pas de flirter avec les graves, elle produit avec sa voix – et semble le faire avec une aisance déstabilisante – des fréquences que la basse ne pourrait délivrer.
Elle se mesure alors à des techniques de dubstep et de drum and bass, délivrant ici une énergie enivrante qui incite le public à se rassembler devant la scène pour danser. The Boxettes alternent chansons originales et reprises – de Rudimental et Lorde – et même impro, en demandant aux spectateurs de leur donner 3 mots – freedom, peace et aller (to go) – pour en faire une chanson. Elles entrainent le public dans leur univers, grâce à leur présence scénique et leur générosité. Un groupe qui illustre à merveille le thème de la Biennale de l’égalité femmes-hommes.
Dans le clan Bervas
Il est 22h et des poussières – et des bières pour certains échauffés - lorsque le deuxième groupe monte sur scène. Une scène plus chargée que lors du tableau précédent puisque Les Sœurs Bervas sont accompagnées, elles, de plusieurs instruments. Trois musiciens soutiennent le duo féminin constitué d’Ann et de Gaëlle. Le changement d’ambiance est radical.
Du human beatbox diabolique, on passe à la chanson française teintée de musiques venues d’ailleurs. Une affiche séduisante également. Les deux complices proposent un univers « réalistico-féérique » aux allures de cabaret familial dans lequel on croise des personnages cabossés, des souvenirs douloureux et dans lequel on soulève des cailloux hantés par des secrets de famille. Logique quand on partage depuis toujours le même environnement familial. Au fil des chansons, Les Sœurs Bervas nous embarquent dans leurs vies réelles, imagées et imaginées, avec ferveur mais aussi avec douceur puisqu’elles chantent derrière chaque ligne des textes un thème central et universel, celui de l’amour.
Et si on avoue ne pas adhérer entièrement au style proposé - qui souligne quelques faiblesses en matière d’originalité dans le genre musical – il est à noter qu’elles ont l’art de faire danser les spectateurs et de les emmener dans leur monde déjanté et festif. Ces deux lorientaises s’arment de belles paroles pour naviguer contre vents et marées avec humour, émotion et gaieté contagieuse. Les Sœurs Bervas apportent une touche humaine de par leur sens de la théâtralité et de la scène.
Parfois cruelles, parfois fantasques et parfois à fleur de peau, elles mettent leur imagination et leur vision de la vie à nu avec élégance et même sensualité.