Pah ! Mirion Malle crève le silence autour de la dépression !
Qu’est-ce qu’il est bon d’avoir la nouvelle BD de Mirion Malle entre les mains et de former une bulle autour de soi pour profiter de la lecture de C’est comme ça que je disparais, publié en janvier dernier aux éditions La ville brûle. L’autrice et dessinatrice partage ici un sujet peu traité ou mal traité, celui de la dépression.
Cette femme qui sur la couverture du bouquin n’a pas de jambes et de visage, c’est Clara, attachée de presse à mi-temps, installée à Montréal. Petit à petit s’installent l’ennui et la fatigue, surviennent les pleurs incontrôlés et incontrôlables et se creuse un fossé entre elle et ses amies. L’incompréhension, l’inquiétude, la pression de l’entourage pèsent sur ses épaules alors qu’elle-même ne parvient pas à identifier et à comprendre ce qui l’entraine chaque jour un peu plus vers ce flottement léthargique.
Ce que nous montre Mirion Malle, c’est la complexité et les paradoxes de chaque état émotionnel traversé par son héroïne. C’est très puissant ce mélange opéré par l’artiste féministe qui n’émet pas de jugement sur ses personnages et transmet des messages hyper importants, avec douceur et force.
Elle n’hésite pas à zoomer, à envahir l’espace de la page et à nous montrer le quotidien ordinaire d’une jeune femme en proie à la souffrance et au désespoir de perdre le goût d’exister, oscillant entre trop plein et vide, sans parvenir à échanger véritablement avec ses proches, tant elle devient à leurs yeux une personne réduite à un statut qu’ils/elles ne saisissent pas. Bouleversant, captivant, salvateur !