L'expérience littéraire de "La couleur de l'air a changé"
On vient tout juste de refermer le livre de Cécile Cayrel. Enfin, de fermer le PDF (confinement oblige, on n’a pas pu le recevoir en physique). Son roman, publié chez Stock en mars 2020, nous a totalement fait oublier l’inconfort de la lecture de près de 200 pages sur écran. C’est bouleversant de lire La couleur de l’air a changé, vraiment.
On plante le décor. Camille et David sont en couple depuis 8 ans. Un soir, elle le trompe et lui avoue. Il l’étrangle, une fois sorti de son mutisme. Camille décide de partir quelques jours et va rencontrer des ami-e-s de route. Plus que ça, elle va prendre un nouveau départ.
Résumée, l’histoire semble simple. D’un côté, elle l’est. De l’autre, l’autrice renverse la routine, hélas, classique et le schéma de la violence conjugale. Elle crée une rupture, ne jouant ni l’empathie avec l’homme, ni la culpabilisation de la femme. Elle nous fournit des éléments factuels sur leur relation, leurs caractères, les réflexions et les doutes de Camille, et, sans la juger, elle nous embarque dans un lien très profond et très doux avec sa protagoniste qui prend lentement le chemin de la découverte de soi et de l’émancipation, au travers de ses désirs et ses envies mais aussi de ses nouvelles rencontres.
Le style littéraire de Cécile Cayrel ajoute de la beauté à l’excitante et délicieuse aventure humaine de son héroïne moderne et ordinaire qui ouvre son esprit, son sexe et son corps à la richesse de la vie. Alternatif, féministe et humain, on est pris-e aux tripes, enivré-e par cette expérience littéraire.