Alice est mécanicienne sur de gros cargos. Elle part en mer de nombreuses semaines et se mêle à un univers très masculin. Alice semble se mouvoir avec spontanéité et indépendance. Très naturelle en son rapport aux autres, elle est une femme libre. La jeune femme assume sa sensualité et son pouvoir de séduction. Ainsi, elle multiplie les relations et jouit sans entrave. Les scènes de sexe et le corps même du personnage sont un élément clef de la mise en scène et de l’écriture. Une mise en scène d’un corps féminin désirant et entreprenant qui assume sa force. Un corps libre de vivre ses choix avec indépendance et d’en affronter les conséquences. Rarement prise au dépourvu, Alice s’affirme et sait se défendre face à l’adversité. Si le sujet du film est une femme entre deux hommes, Fidélio décrit avec ce qu’il faut de romanesque la vie à bord d’un cargo, son quotidien, la vie en communauté et les rites des marins. Un premier film de Lucie Borleteau d’une maitrise bluffante. Si les histoires de marins existent bien à l’écran, celle d’une femme qui vit, sans névrose, la même vie que les hommes à bord, est inédite et trouve ses marques au sein de l’œuvre. Alice en bleu de travail et en salle des machines garde sa féminité et son charme. Ça n’était pourtant pas gagné mais l’actrice se révèle être formidable et cache derrière le cambouis sur les joues une finesse et une force indomptable. Une épopée maritime qui n’est autre qu’un transport amoureux.