Seligman est un vieux et charmant célibataire. Il découvre au fond d'une rue sombre un soir d'hiver une femme rouée de coups à demi consciente. Elle s'appelle Joe. Il la ramène chez lui, la soigne et de là va naître une longue discussion sur la vie de cette femme, de sa naissance jusqu'à ses 50 ans. Le parcours mouvementé se laissera volontiers compter par Joe qui s'auto diagnostique nymphomane. Dans ce premier volume, on découvre avec intensité les premiers pas de la sexualité d'une jeune fille obsédée très tôt par son sexe, le sexe et le chemin de la séduction et du plaisir. Immoral et parfois obscène, ce chemin de vie nous engloutit parfois sous les très crus détails visuels des innombrables rapports sexuels. Lars Von Trier nous plonge avec beaucoup de liberté au cœur de la tourmente de Joe qui n'a de cesse de canaliser ses émotions à travers ces multiples relations sexuelles. Le spectateur pourra se sentir brusqué par les enchaînements, entre la quiétude de la chambre de Seligman et le parcours érotique et malaise émotionnel de la jeune femme. Très loin de la grivoiserie, parfois inconvenant et scabreux, l'auteur cherche avec habilité à faire surgir la douleur de l'héroïne synthétisée autour du sexe. Un film qui ne choque pas mais intrigue sous la peau d'une alternative poésie référencée en littérature et musique classique. C'est avec intelligence que le cinéaste distille l'équation du jugement et témoignage de son compteur et de son auditoire.