Il y a Suzanne, fragile et rêveuse puis Marie sa sœur, son pôle et son équilibre malgré des intérêts et préoccupations différents. Pour les accompagner et les soutenir dans leurs vies il y a Nicolas, leur père routier. La maman ayant disparu prématurément, le papa plein d’amour pour ses deux filles est aussi démuni que désarmé pour veiller sur elles. Mais voilà Suzanne est comme absorbée par les évènements qu’elle vit avec intensité. Sans bien comprendre les raisons de ses choix, elle veut vivre. Très jeune elle tombera enceinte. Comme prédestinée à la tragédie et n’aspirant qu’à l’amour, elle suivra un jeune voyou quitte à abandonner son jeune fils et sa famille. Cette fuite en avant la conduira en prison. Les sacrifices ne sont pas mesurés chez Suzanne. C’est l’amour qui la guide. L’instabilité et les erreurs ne racontent rien d’autre que la noirceur intériorisée par cette définitive romanesque qu’est Suzanne. Durant une vingtaine d’années, la réalisatrice Katell Quillevéré cueille les moments de la vie douloureuse d’un triangle familial. Les deux actrices Sara Forestier et Adèle Haenel sont tout simplement remarquables de sincérité et proposent un jeu épuré, touchant et qui favorise l’intensité dramatique qui fait la force du film.