Célian Ramis
Consommation : Réinventons nos déchets
L’heure est à la lutte contre le gaspillage et à la prévention quant à la gestion individuelle et collective des déchets. Conséquence de la consommation à outrance, il n’est pas rare de jeter un objet qui présente un petit signe de défaillance et de racheter.
On passe parfois à côté de l’occasion de le réparer – et d’apprendre au passage à le réparer – ou de le transformer en un autre objet. Sans oublier que l’on pollue et que l’on use à grande vitesse les énergies naturelles. En réponse à cette problématique environnementale et sociétale, les forces se multiplient, se réunissent et s’organisent pour apporter des solutions viables et durables.
Réparation et réemploi, dans un esprit Do It Yourself, s’affichent aujourd’hui comme des outils indispensables à la sauvegarde de la planète. Et si en plus ça peut créer du lien social et de l’entraide, que demander de plus ?
Au-delà de la fameuse obsolescence programmée, notre rapport aux objets a incroyablement changé en quelques dizaines d’années. Parmi les responsables figurent la baisse des coûts de fabrication – alliée à une perte de qualité – et l’accélération de la société de consommation, nous menant à passer d’un objet à un autre, sans attachement particulier mais avec une soif certaine de posséder les derniers modèles. Mais cette création des besoins de l’ère du high-tech, des objets connectés et des produits jetables à bas prix s’avère clairement incompatible avec l’urgence réelle à entretenir notre planète.
Heureusement, le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire prend de l’ampleur et ne se contente pas simplement de pointer ces dérèglements. Il propose également des alternatives, basées sur la réduction des déchets, le réemploi et la réutilisation. Tout cela dans un esprit d’entraide, de lien social et de partage des compétences.
Ça sonne un peu comme l’histoire de David contre Goliath. Le côté biblique en moins. La puissance capitaliste contre l’humble Économie Sociale et Solidaire. La société consumériste contre le système bidouille. Mais le propos – bien caricatural - n’est pas là et penser que le bras de fer est la seule solution serait une erreur. Car on sait la difficulté à faire évoluer les mentalités engluées depuis plusieurs décennies dans un schéma de consommation accrue.
Les meubles en kit, les tarifs préférentiels, les appareils électroménagers destinés à claquer aussi rapidement qu’ils ont été fabriqués, le marketing féroce des objets connectés… Aujourd’hui, tout va vite et tout se jette. Résultat : on perd petit à petit la valeur des produits que l’on consomme. Si le tableau paraît bien noir, c’est parce que les conséquences peuvent s’avérer dramatiques.
Pour l’environnement tout d’abord qui se voit vider de ses ressources naturelles et peine à prendre en charge tous les déchets amassés par habitant-e. Pour les humains ensuite qui s’éloignent au fur et à mesure de la notion de solidarité et de partage des connaissances.
DES LOIS ET DES PLANS
Depuis 2009 notamment (des plans de prévention existent déjà), des lois existent dans le cadre d’une volonté politique de réduction des déchets. De là découle l’élaboration de plans locaux de prévention de la production de déchets par les collectivités en charge de la collecte ou du traitement obligatoire depuis le 1er janvier 2012 (loi du 12 juillet 2010), comme l’indique l’Ademe, soit l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie.
Les années suivantes vont également être ponctuées d’engagements gouvernementaux, renforcés par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Evidemment, le cadre législatif n’est rien sans les volontés et les militant-e-s de ce changement des comportements. Concrètement, le programme national de prévention des déchets 2014-2020, établi par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, prévoyant la mise en place progressive de 54 actions concrètes, réparties en 13 axes stratégiques.
Parmi eux, la partie qui nous intéresse particulièrement : le réemploi, la réparation et la réutilisation. « Environ 10 millions de tonnes de déchets correspondant à des catégories produits susceptibles de faire l’objet d’un réemploi ou d’une réutilisation ont été générés en 2011. Le réemploi et la réutilisation en évitent 825 000 tonnes (données 2011). On peut donc estimer qu’en France en 2011, environ une tonne sur dix arrivant en fin de vie est réemployée ou réutilisée », précise le rapport qui mentionne dans un tableau de quantification des biens réemployés en 2011 que 171 000 tonnes sont réemployées ou réutilisées grâce aux acteurs/trices de l’ESS et 654 000 tonnes grâce à l’occasion (reventes, dépôts-vente, vide-greniers, sites internet de mise en relation, journaux de petites annonces).
Les données datant d’il y a 6 ans, on peut espérer que les chiffres affichés aient connu une augmentation favorable à la pérennité des structures de l’ESS mais aussi au changement des mentalités visant à prévenir de la réduction des déchets. Sans surprise, Rennes participe à cette émulation et voit croitre les porteuses/teurs de projets visant à atteindre ces objectifs ambitieux et nécessaires à notre futur.
FAIRE DON DES DÉCHETS RÉEMPLOYABLES
Preuve en est avec le lancement dans la capitale bretonne de la ressourcerie La Belle Déchette, fondée par Priscilla Zamord et Julie Orhant en décembre 2015. L’an dernier, les deux mois de résidence effectués à l’Hôtel Pasteur, entre septembre et octobre 2016, leur permettaient de réaliser une étude-action et de se faire davantage connaître à travers des ateliers et des causeries.
Le 1er septembre, elles ouvriront leur boutique solidaire, rue de Dinan (inauguration le 15 septembre) et le pôle valorisation sera prêt à accepter les apports volontaires, pour lesquels il y aura des créneaux horaires, précise Julie Orhant : « Je n’ai pas encore les heures mais ce sera inscrit sur le site. Ce sera dans la ZI Sud Est uniquement, notre local de stockage. Pourront être déposer des objets de déco, de la vaisselle, du mobilier, des vêtements, du linge de maison, des matériaux type bois, tissus, etc. Tout ce qui peut être réemployé. Mais on se donne le droit de refuser certaines choses, comme par exemple, si on nous amène un matelas, là, on dira non. On est une ressourcerie, pas une déchèterie. »
Intégrée au réseau national des ressourceries – qui comptabilise actuellement 151 structures adhérentes – La Belle Déchette affiche quatre fonctions : la collecte et le tri, la valorisation des objets de seconde main, la vente à moindre coût et la sensibilisation à l’environnement.
« On projette la récupération de 250 tonnes par an sur la métropole rennaise. C’est un pronostic établi par rapport aux déchèteries (à savoir que Rennes Métropole en compte 18 au total, ndlr) et aux autres ressourceries. », précise Julie.
En plus des apports volontaires, la collecte se fera donc auprès des déchèteries mais aussi des professionnel-le-s, comme l’Opéra de Rennes par exemple avec qui elles pourront collaborer, notamment dans la récupération de certaines parties des décors.
« Au sein de la métropole, il y a énormément de dépôts en déchèteries, c’est même assez général à la Bretagne. Une partie part en recyclage et une autre, à l’incinération. Il est important de donner une seconde vie aux déchets et ne pas repuiser continuellement dans les ressources naturelles. Dans cette société de consommation, ces ressources naturelles arrivent à épuisement. »
souligne à juste titre la co-fondatrice de La Belle Déchette.
Et c’est la boutique de la rue de Dinan qui aura pour but de valoriser les secondes vies données à ces objets collectés qui seront vendus à moindre coût. Participer à la vie de la ressourcerie signifie alors alimenter un projet issu de l’ESS qui s’active au réemploi mais aussi à la création de lien social et d’échanges de compétences, via l’organisation d’ateliers dès la rentrée, un mercredi par mois de 18h à 20h. Julie Orhant, qui pour l’instant ne dévoile pas les thèmes actuellement en développement, explique :
« Les ateliers sont payants, ce qui permet de rémunérer les intervenant-e-s pour qui c’est l’occasion de se faire connaître et de développer leur activité. La grille des ateliers est complète jusqu’à février 2018 pour le moment. Pour l’instant, il n’y a que des femmes qui interviennent mais des hommes commencent à intégrer La Belle Déchette et c’est vraiment cool. »
SENSIBILISER À LA GESTION DE LA CONSOMMATION ET DES DÉCHETS
Si la programmation n’est pas encore affichée, on sait en revanche que parmi les intervenantes se trouvera Emmanuelle Dubois, fondatrice de debrouillART, une structure mêlant créations d’objets et mobiliers recyclés et ateliers Do It Yourself pour sensibiliser les participant-e-s à notre consommation et à ce que l’on jette.
Après la fac d’arts plastiques et les Beaux-Arts, la Rennaise devient assistante marketing avant de travailler à la Maison de la consommation et de l’environnement en tant que chargée de communication. « Toutes mes expériences ont permis à m’enrichir pour que je puisse lancer mon activité. Ça m’a apporté des compétences pour les supports de communication, pour les stratégies commerciales, pour la diffusion de l’information. », confie-t-elle.
Attirée par la création depuis longtemps, elle commence à récupérer les nombreuses choses que l’entreprise dans laquelle elle est en poste jette. Elle fabrique alors des meubles. « Ça partait de mes besoins à moi. De ce que je trouvais à droite et à gauche. Aujourd’hui, j’essaye de récupérer les déchets des entreprises, les chutes de production, les chutes de tissu des couturières par exemple. Aussi, je récupère des bidons d’huile chez le garagiste. Ça l’arrange aussi puisque sinon il est obligé de payer pour les donner au ferrailleur. », détaille Emmanuelle Dubois.
La créatrice fourmille d’idées et de ressources pour élaborer ses fabrications. Que ce soit auprès de son voisin qui la fournit en câbles de fibre optique, d’entreprises privées, de structures comme La Belle Déchette ou des rebuts des particuliers, elle alimente son atelier, aménagé pour le moment dans une petite pièce de sa maison à Chantepie en attendant de pouvoir investir ses 10m2 au Mur Habité, situé dans le quartier Cleunay.
C’est la caverne d’Ali Baba. Les étagères sont remplies d’outils, boites de rangement, balles de tennis, poupées Barbie, bouteilles en verre, pelotes de fil, peintures, VHS, bouchons de liège, papiers ou encore tissus. Tout cela servira à créer des tabourets, des fauteuils, des étagères, des pieds de lampe, des tables ou encore des éléments de déco.
« Il y a là des choses de ma consommation personnelle mais aussi beaucoup d’objets qui sont déposés au pied des poubelles. Des bouts de lit, des planches de bois, des appareils électroménagers… Je suis à l’affut de tout ce qui traine dans la rue, près de chez moi. »
sourit Emmanuelle.
Elle qui a été formée, accompagnée et suivie par la coopérative d’activités et d’emploi Elan Créateur lors de la phase de lancement, en mai 2017, souhaite partager son savoir-faire et ses connaissances en matière d’écologie et de développement durable lors de ses ateliers.
Ainsi, à partir de skaï et de tissus, on peut fabriquer un bracelet. À partir d’un cd, faire un dessous de verre. De chutes de bois, un nichoir pour les oiseaux. De caisses de vin, des rangements pour les bocaux. Ou encore de cagettes, des cadres pour les tableaux.
« La sensibilisation est importante. Montrer que l’on peut faire des objets avec de la récup’. Et c’est ludique. Je monte des ateliers avec différents partenaires, c’est chouette. Avec La Belle Déchette, Scarabée biocoop, la ludothèque de Chantepie et d’autres. C’est sympa parce que certain-e-s participant-e-s viennent sans être sensibles à tout ça, découvrent et trouvent ça chouette. Comme sur les marchés de créateurs, j’en ai fait un fin mai et je trouve que ça touche pas mal les gens parce que la démarche est positive et ça ça leur plait. », s’enthousiasme-t-elle.
L’impact est fort. La démarche, comme elle le souligne, est positive. Autant qu’elle : « Pour l’instant, je vends sur internet et sur les marchés. Et je démarche pour les points de vente. Je ne sais pas comment ce sera accueilli à ce moment-là mais je me dis qu’il faut foncer parce qu’actuellement tout s’ouvre à moi. C’est très encourageant et positif, et ça fonctionne ! »
DebrouillART poursuit son chemin sur son site – www.debrouillart.fr - sur les réseaux sociaux et bientôt au Mur habité et multiplie sur le terrain, en parallèle des ateliers, les occasions de semer des graines, à l’occasion de Quartiers d’été le 20 juillet, les 7 et 8 octobre au festival Ille et Bio à Guichen ou encore les 2 et 3 décembre à Cesson.
INSERTION ET LIEN SOCIAL
Pas étonnant donc de la retrouver lors de l’événement Fabrique, organisé par Bug et Fab Lab, les 1er et 2 juillet à la Maison des associations de Rennes. Et pendant que enfants et adultes s’attèlent au choix des tissus, à la découpe du skaï et à la mise en place des pressions dans le but de se parer de bracelets personnalisés faits d’éléments de récup’, La Petite Rennes sensibilise les passant-e-s à leurs activités.
L’atelier de la rue Chicogné, créé en 2012, est une véritable ressource pour les usagers du deux roues. En effet, la structure associative se base sur l’auto-réparation des vélos mais aussi sur Le Grand Cycle, soit leur filière de réemploi et de recyclage que gère Aurélien en tant que salarié. Activité indispensable au fonctionnement de La Petite Rennes, elle permet la récupération de vélos considérés comme déchets car laissés à l’abandon ou plus en état de rouler.
« On récupère environ 6 tonnes de vélos, c’est fou ! Et ce ne sont que des vélos qui allaient partir à la poubelle ! »
s’exclame-t-il.
Les bicyclettes vont alors être réparées par l’ESAT Maffrais de Thorigné-Fouillard, dont la mission est de fournir un service d’aide par le travail spécialisé dans l’accueil de personnes présentant un handicap psychique : « On sous-traite avec eux. Je vais là-bas régulièrement pour les aider à apprendre mais aussi pour développer avec eux une réflexion différente sur chaque cas puisque chaque vélo est unique. Ensuite, ils nous les livrent, on fait un contrôle selon la liste des tâches et des composants, c’est ce qui nous permet de déterminer le prix. C’est entre 20 et 250 euros environ mais le prix moyen est de 66 euros. »
Parce qu’ensuite, les vélos réparés sont vendus par l’association, toujours munie de 5 à 7 deux roues par semaine. Et Aurélien poursuit en murmurant : « Bon, faut pas le crier sur tous les toits mais dans certains cas particuliers (en gros, des cas de grande précarité), on peut donner gratuitement parce que cela permet de donner accès à la mobilité. Ça veut dire que la personne peut-être peut trouver un emploi un peu éloigné de chez elle et s’y rendre en vélo. Et que le jour où elle a besoin de faire une réparation, elle viendra ici et pourra aussi développer du lien social. »
LES MAINS DANS LE CAMBOUIS
L’intégration fait partie des engagements de ces structures qui fonctionnent principalement sur le principe d’entraide. Et c’est bien ce qu’apprécie Lisenn Morvan qui fréquente l’atelier depuis au moins 4 ans et qui fait partie du CA et du bureau depuis 3 ans. « J’avais un vélo qui avait un problème de frein et j’ai croisé David, qui était président de La Petite Rennes. Je suis alors venue, je m’y suis mise et j’ai découvert plein de choses. Depuis, j’ai même racheté un vélo pour le remettre en état ! », rigole la membre du CA.
Et ce jour-là, elle fignole, en installant une béquille, la bicyclette destinée à sa sœur. Le principe lui plait : venir avec son vélo et apprendre à le retaper soi-même. Avec l’aide des bénévoles, qui animent des permanences – ce qu’elle fait elle aussi désormais le samedi après-midi – et des connaisseuses/eurs. Adhérer à l’association donne libre accès à tous les outils. Et on trouvera également à prix libre des pièces réutilisables et à prix fixe les pièces neuves de sécurité, comme les câbles de freins, les patins de freins, les cadenas, les lumières, etc.
« Ici, il y a toujours quelqu’un pour filer un coup de main. Il y a vraiment une transmission de connaissances. Le but étant d’apprendre à réparer ton vélo. Faut mettre les mains dans le cambouis ! Mais pas que, il faut aussi réfléchir à la mécanique, c’est très intéressant. Tu apprends et puis tu retransmets à ton tour, c’est hyper satisfaisant. Alors au début quand je suis arrivée, il y avait pas beaucoup de femmes mais ça évolue. Au niveau des adhésions, c’est environ 40% de femmes et 60% d’hommes. Et environ 30% / 70% en terme de fréquentation. Il y a besoin de démystifier la peur de mal faire, la mécanique… Il n’y a aucune raison que ce soit réservé aux mecs ! », conclut Lisenn qui s’en retourne à sa béquille.
ÉCHANGE DE COMPÉTENCES
Et ce principe se retrouve au niveau du Repair Café de Rennes, lancé par l’association Les 3 maisons (Cleunay, Arsenal Redon, Courrouze), en 2015. L’esprit est déjà au partage dans la structure. Un ancien atelier, La bidouille, avait au préalable était mené.
« On l’a relancé en lui donnant un air plus moderne. On connaissait les Repair Café et on a décidé de s’y affilier. Les premiers en Ille-et-Vilaine (aujourd’hui le département en compte 5 autres, ndlr) ! On est des précurseurs et on a fait des émules depuis. », se félicite la présidente de l’association, Cécile Persehaie, qui encourage les volontaires à monter d’autres RC.
D’une quinzaine au départ, les réparateurs/trices sont passé-e-s à une trentaine, allant même jusqu’à une cinquantaine lors des disco soup qu’ils/elles organisent. Le slogan donne immédiatement le ton : « Jeter ? Pas question ! » Cécile le confirme, pleine d’entrain :
« Le but, c’est de réparer avec. Ce n’est pas ‘je viens, je pose mon objet’. On associe vraiment le demandeur au réparateur. »
Et de là découlent de nombreux échanges entre les réparateurs qui planchent sur leurs produits. Partages d’expériences mais aussi de compétences, l’ambiance est à l’entraide et au mélange des savoirs. Couture, informatique, électroménager, vélo, horlogerie, bijoux, les domaines de réparation sont multiples, prêts à bricoler, bidouiller et rafistoler des cafetières, des grilles pain, des aspirateurs ou des objets plus insolites ou peu fréquents comme les trottinettes, les lecteurs radio, les platines vinyle et même les slips !
Chaque deuxième mardi du mois, de 14h30 à 19h30, la Maison des Familles de Rennes accueille le Repair Café, qui reçoit entre 70 et 100 objets. « On répare environ 60% de ce qui est amené. Il y a des choses que l’on ne peut pas réparer mais au moins les propriétaires peuvent le jeter en ayant essayer. On pèse tout pour savoir combien de kilos de déchets on a sauvé ! », signale Cécile Persehaie.
Alors ? Au niveau international, 250 tonnes d’objets sont réparés auprès des plus de 1300 Repair Café. Et à Rennes, c’est 1,650 tonne de déchets qui voient leur vie prolongée sur une année. Un chiffre réjouissant, et pas uniquement pour la satisfaction personnelle des bénévoles qui trouvent tout de même une reconnaissance et une valorisation de leurs compétences !
« J’encourage tous ceux qui en ont la possibilité d’ouvrir leur Repair Café. Surtout à l’époque actuelle, avec toute la consommation, c’est important d’avoir la valeur de l’objet ! », commente la présidente. C’est l’occasion de mettre le doigt dans l’engrenage de la réparation et du réemploi et de petit à petit modifier son comportement et son rapport aux objets, et ainsi aux déchets. « J’y suis venue presque au début pour réparer un objet et puis je suis revenue pour aider en couture. Je suis kiné mais j’ai toujours fait de la couture, du tricot, des activités manuelles. Je suis assez fidèle au poste ! On est toujours content-e-s de se retrouver. », sourit Bernadette Schnapp.
Et si on serait tenté-e-s de mettre un bémol quant à la répartition des tâches – les femmes à la couture et les hommes au bricolage – les deux femmes nous rassurent tout de suite : « Pour les visiteurs, c’est moins vrai ! Les femmes qui viennent s’intéressent au bricolage, posent des questions aux réparateurs et apprennent en même temps et les hommes s’intéressent à la couture ! »
Les avantages s’accumulent. Car à travers une nouvelle manière de gérer nos déchets, et ainsi de participer à la sauvegarde des énergies naturelles et de limiter la pollution de notre environnement, le milieu de la réparation, de la réutilisation et du réemploi permet l’apprentissage – égalitaire, tant au niveau des sexes que de la classe sociale - de savoir-faire nouveaux, la création de lien social, d’insertion et solidaire. Une manière de participer à l’économie du pays dans le respect de la planète et des valeurs humaines. Apaisant et motivant.