Le film démarre comme une chronique d’une mère perdue sous les yeux de sa fille qui s’efforce de sauver les apparences et tenir à bout de bras cette mère un peu folle et en décalage avec la société qui l’entoure. Mais la mère et la fille s’aiment d’un amour un peu fou lui-même. Elles veillent l’une sur l’autre.
Assez vite la fiction s’imprègne de poésie avec cette chouette qui converse avec la jeune fille, faisant office de bonne fée rassurante. Si cette femme est fragile, elle n’en est que plus touchante dans sa perdition et son extravagance. Se succède de nombreuses scènes à la fois gênantes et émouvantes où cette mère, captivée par sa fille, se laisse aller à ses délires. Mathilde, âgée de 9 ans, se révèle alors être une jeune fille très débrouillarde et pleine d’imagination.
Elle aussi décide consciemment d’être en marge et de répondre à son imaginaire par des actes peu cohérents et adaptés à la situation. Dans cette fable suspendue, à la fois merveilleuse et inquiétante on retrouve là les thématiques chères à Noémie Lvovsky, la maternité, l’enfance, la solitude et une mère à la dérive. La réalisatrice bannît de manière très assumée le coté terre à terre et le rationalisme sans pour autant esquiver le désarroi et la dérive de ses personnages.
L’auteure interprète elle-même avec brio cette mère perdue et harcelée par ce monde trop conformiste. Une justesse dans ce registre qui la connaît bien. Un portrait de la folie féminine des plus réussis qui donne cette lumière et ce ton si singulier au film.