Marieme vit sa vie de jeune fille de 16 ans dans un quartier populaire de banlieue. Une vie dirigée par les interdits. La dureté de la cité, la loi des garçons et un grand frère pour qui la protection mène à la brutalité. À cette vie monotone et sans grand plaisir s’ajoute la frustration de Marieme dans l’échec de sa scolarité. Armée d’audace et de résolution elle va fréquenter une bande de filles très éloignées de sa personnalité. Elles crient, dansent et se battent. Elles n’ont pas peur d’oser une vie vécue comme digne mais extrêmement rude et violente. Déterminée à vivre sa jeunesse, la jeune fille entre dans la bande et devient Vic. Pour son troisième long métrage, Céline Sciamma a construit son film comme une suite d’épisodes autonomes d’abord conduits par les aventures des quatre jeunes filles puis essentiellement autour de l’héroïne, plongeant le spectateur dans les mêmes désarroi et solitude dans lesquels elle s’emmure progressivement. Le casting est à la hauteur du défi cinématographique et la caméra propose une belle valeur esthétique épurée d’artifice. La réalisatrice acte une fois encore la question du genre à travers la transformation masculine adoptée par Marieme. La question du rapport au corps est aussi très présente et c’est bien là la force du discours car le film ne renouvelle pas le regard sur la banlieue et ne s’astreint pas à représenter une certaine authenticité.