Célian Ramis

De Barcelone à New-York, Cédric Klapisch passe par Rennes

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Gaumont, Rennes
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Casse-tête chinois, le dernier film de Cédric Klapisch, était présenté en avant-première mardi 18 novembre, au cinéma Gaumont de Rennes, en présence du réalisateur et de celui qui incarne Xavier depuis 11 ans, Romain Duris.
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Casse-tête chinois, le dernier film de Cédric Klapisch, était présenté en avant-première mardi 18 novembre, au cinéma Gaumont de Rennes, en présence du réalisateur et de celui qui incarne Xavier depuis 11 ans, Romain Duris.

« À la fin de L’Auberge espagnole, je ne pensais pas faire de suite. Puis j’ai fait Les poupées russes. Je voulais attendre 10 ans avant le troisième volet, j’ai finalement attendu 8 ans. J’avais besoin de continuer, de faire la suite », explique Cédric Klapisch. La suite des aventures de Xavier, interprété par Romain Duris, qui, de Barcelone à New-York en passant par Saint-Pétersbourg, poursuit sa vie « compliquée », « bordélique ».

Il a maintenant 40 ans, deux enfants, est devenu écrivain et s’installe à New-York, où il est encore une fois confronté à un véritable casse tête chinois. Le réalisateur et l’acteur évoquent tous deux l’âge de la maturité décrit dans Casse-tête chinois, en salles le 4 décembre. À croire que le fameux âge con serait passé…

Autour de Xavier, trois femmes : Wendy, Isabelle et Martine (Kelly Rilley, Audrey Tautou et Cécile de France). « C’était une évidence pour moi de réunir cette bande de 4 avec laquelle il y a un vrai plaisir de jeu », explique le réalisateur. Dans le triptyque, nombreuses sont les personnalités féminines qui gravitent autour du personnage principal. « À 20 ans, on est très entouré de la gente féminine, à 40, on est avec sa femme et sa bande d’amis rétrécit. C’est toute l’histoire du cercle familial », précise-t-il. Une volonté très marquée de réunir une majorité de personnages féminins qu’il a voulu garder tout en resserrant les liens qui les unissent.

Klapisch souligne également la relation centrale et particulière avec Isabelle : « Xavier la définit constamment comme son pote. Il y a entre eux aussi bien une complicité masculine qu’un rapport étroit avec le monde des femmes ». Dès L’Auberge espagnole, Xavier se lie d’amitié avec Isabelle, une lesbienne belge qui vit sa sexualité sans complexes et sans difficultés, évolue dans sa vie professionnelle – dans le monde de la finance – et fonce droit devant. Elle représente alors les bons côtés des relations entre hommes et femmes, et c’est sur ce point que le réalisateur insiste.

Klapisch, entre fiction et réalité

Encore une fois, celui qui a révélé Romain Duris en tant qu’acteur dans Le péril jeune (1994) nous fait voyager à travers le temps et l’espace. Il nous laisse percevoir à travers les différents volets du triptyque son vécu et sa vision du temps qui passe.

En effet, placer l’action au cœur de New-York n’est pas un hasard pour Cédric Klapisch qui y a étudié le cinéma. « J’y ai vécu de 23 à 25 ans et je n’y étais pas retourné depuis. Dans les 8 dernières années, je suis allé 4 fois en Chine et je pensais tourner là-bas. Mais si tourner aux Etats-Unis était compliqué, le faire en Chine l’était encore plus », déclare-t-il. Malgré des techniques de tournage très différentes de celles qu’il maitrise en France, il s’oriente vers la ville cosmopolite dans laquelle « tout le monde est un immigrant, ce qui convient parfaitement au thème de ces gens qui se sont rencontrés en Erasmus ».

Là aussi, Klapisch établit un lien entre la fiction et sa réalité, sa sœur ayant effectué son année d’Erasmus à Barcelone, en colocation avec « cinq étudiants de nationalités différentes, qui parlent chacun une langue étrangère », d’où l’idée initiale de L’Auberge espagnole.

De nombreux ponts s’établissent alors entre le réalisateur, qui semble parler à travers les propos de Xavier (il emploiera à plusieurs reprises la première personne pour évoquer et expliquer l’état d’esprit du personnage principal), et ce dernier, soulignés par une complicité forte entre Cédric Klapisch et Romain Duris. « C’est un travail à part, nous avons commencé ensemble et nous sommes devenus amis. Il n’a plus besoin de terminer ses phrases pour me diriger », commente l’acteur qui a collaboré à 7 reprises avec Klapisch. Si ce dernier parle de troisième et dernier volet de la série, sa proximité avec Xavier nous laisse penser que l’histoire ne cessera pas de si tôt et dépasse largement son existence sur le grand écran.

Célian Ramis

Bertrand Tavernier et les femmes du Quai d'Orsay

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Gaumont, Rennes
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Mardi 8 octobre, le grand réalisateur Bertrand Tavernier présentait son nouveau film Quai d’Orsay en avant-première à Rennes. L’occasion de discuter avec lui, entre autre, des différents personnages féminins qui émergent au sein de cette comédie.
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Mardi 8 octobre, le grand réalisateur Bertrand Tavernier présentait son nouveau film Quai d’Orsay en avant-première à Rennes. L’occasion de discuter avec lui, entre autre, des différents personnages féminins qui émergent au sein de cette comédie.

Quai d’Orsay est une adaptation de la bande-dessinée, de Christophe Blain et Abel Lanzac, du même nom. Bertrand Tavernier y ajoute sa vision personnelle, change l’ordre de certaines scènes, amplifie l’importance du personnage de Marina et apporte quelques nouveaux éléments – tels que la rédaction des questions et des réponses pour les députés à l’Assemblée nationale.

« Mais c’est quand même la réalité », précise le réalisateur du film. La réalité de la vie au sein du cabinet du ministre des Affaires étrangères. Nous suivons les débuts d’Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz), fraichement débarqué au quai d’Orsay en tant que chargé du langage. C’est lui qui rédige les discours du ministre, Alexandre Taillard de Vorms, interprété par Thierry Lhermitte « avec la grâce et la faculté de ne jamais jouer « comique » dans une comédie ».

En effet, celui qui a réalisé Que la fête commence, Le juge et l’assassin, L.627, Holy Lola ou plus récemment La princesse de Montpensier, signe avec brio une comédie (genre peu commun dans la filmographie de l’auteur), à découvrir en salle dès le 6 novembre. Entre la folie, les manies, le comportement obsessionnel, la détermination du ministre – fonction occupée par Dominique de Villepin (2002 – 2004) – et les différents caractères, quelques peu particuliers, des conseillers du cabinet, Arthur va devoir apprendre à composer dans cet univers où tension, exigences et réactivité sont de mises. « Ce qui m’amusait, c’est que dans cette folie qui émane du quai d’Orsay, Alexandre Taillard arrête un génocide en Afrique, résiste aux néo-conservateurs américains et prononce l’un des plus beaux discours des anales de la diplomatie française de ses 20 dernières années », explique Bertrand Tavernier.

Un hommage en opposition au gouvernement actuel « sage, rationnel, certes, mais qui ne traite aucun dossier ». Et au service de cette croustillante adaptation, un casting brillant : entre la majestueuse présence de Thierry Lhermitte, la justesse d’interprétation de Niels Arestrup, la fraicheur du jeu de Raphaël Personnaz, la distribution masculine est riche et imposante.

Quatre femmes sur le podium

Tavernier, qui craignait de restituer un univers trop masculin, met aussi le paquet sur le côté féminin et fait ressortir quatre personnages forts dans le film. D’un côté Marina qui incarne une jeune femme vive, sexy, drôle et surtout « est l’égale de son compagnon, Arthur ». Une scène appuie justement le parallèle entre les deux membres du couple, à travers une cour d’école envahie d’enfants et des couloirs du ministère grouillant de conseillers et de fonctionnaires.

Le réalisateur accorde au personnage d’Anaïs Demoustier une place plus importante que dans la bande dessinée, en lui attribuant un travail d’enseignante et un engagement auprès d’une famille de sans-papiers dont les enfants sont scolarisés dans son école. D’un autre, Valérie, conseillère Afrique au ministère, qui joue la charnelle diplomate plongée dans ce milieu de costards cravates. Sans aucun doute l’atout charme d’un scénario qui ne s’étend pas, à juste titre, sur l’attirance que peut ressentir le jeune Arthur à son contact. La belle Julie Gayet endosse le rôle de « la séductrice habillée en Chantal Thomas et en cuir, qui se révèle salope » mais qui a toujours des propos sensés et intéressants. « Une vraie force », s’exclame Tavernier en parlant de son actrice.

En parallèle de ses deux forces vives, nombreuses sont les employées – secrétaires – noyées dans cet univers viril mais qui n’en demeurent pas moins essentielles à l’appui et à l’efficacité du travail de l’équipe. Deux particulièrement marquent la vie de ce cabinet. L’une, jouée par Marie Bunel, « qui doit en voir de toutes les couleurs avec le ministre qui passe et qui fait valser les dossiers ; je ne sais pas combien de fois elle doit ramasser les feuilles et ranger son bureau ».

L’autre, jouée par Alix Poisson, « qui protège le pauvre Maupas (haut fonctionnaire du quai d’Orsay, ndlr) et qui prend soin de lui comme si elle en était amoureuse », décrit Bertrand Tavernier, qui semble revivre les moments passés en présence des personnages et des actrices. Des rôles féminins secondaires dans le scénario, justifiés par le réalisme de l’histoire, néanmoins très bien servis et signifiés par l’œil critique et avisé du metteur en scène.

Passionné par l’Histoire, le réalisateur nous plonge au cœur des tourments d’un ministère en ébullition permanente. Le spectateur, entrainé dans cette course folle, oscille entre rires et compassion. Entre fiction et réalité, entre histoire politique et histoire des hommes, chacun saura déceler la part de vérité dans les coulisses du pouvoir diplomatique.

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