Célian Ramis

Parcours de migrantes à Rennes

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Reportage dans les squats rennais à la rencontre des migrantes qui nous racontent leurs parcours dans leur ville d'accueil.
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Chaque année, le nombre de demande d’asile augmente en France. En 2012, l’OFPRA enregistrait 61 468 demandes (réexamens et mineurs accompagnants compris), soit une progression de 7,2% par rapport à l’année précédente. Une forte hausse essentiellement concentrée sur le second semestre, imputable à l’augmentation de la demande d’asile en provenance des Balkans. Ce chiffre place donc la France au second rang des pays destinataires de demandeurs d’asile au niveau européen.

Récemment, les femmes étrangères sont devenues le nouveau visage de la migration internationale. Rappelons-nous cette déclaration de Babatunde Osotimehin, directeur exécutif du Fonds des Nations Unis pour la population : « La migration porte un visage humain, et c’est celui d’une femme ». Pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses à fuir leur pays d’origine et à prendre les routes de l’immigration depuis les années 1990. À cette époque, elles ne représentaient pas encore une majorité, n’étaient pas encore médiatisées. Aujourd’hui, le thème « Femmes et migration » est récurrent. Femmes isolées ou accompagnées de leur famille, elles constituent 49% des migrations mondiales et près d’un 1/3 des demandeurs d’asile en France. Qui sont ces femmes et comment vivent-elles ? YEGG est allé à leur rencontre. État de lieux de la situation rennaise.

  • Pour préserver l’anonymat des personnes interrogées, nous avons changé les prénoms.

À leur arrivée, les migrants déposent une demande d’asile auprès de la Préfecture d’Ille-et-Vilaine. En octobre, les militants d’associations et collectifs déploraient la dégradation des conditions d’accueil de cette institution, soulignant la réduction des horaires d’ouverture. Trois après-midis sont consacrées aux démarches administratives des migrants : lundi, mardi et jeudi de 13h30 à 16h30.

Sur les 800 dossiers déposés chaque année, seulement ¼ obtiennent une réponse favorable. Les autres disposeront d’un mois pour quitter le territoire français, après réception d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français).

UN LONG PARCOURS ADMINISTRATIF

Les démarches sont souvent longues et compliquées. « Il doivent prouver les pressions subies dans leur pays, rédiger leur récit de vie, aller à un entretien avec un officier de protection de l’OFPRA (établissement public chargé de l’application des textes français et des conventions européennes et internationales relatifs à la reconnaissance de la qualité de réfugié, d’apatride et à l’admission de la protection subsidiaire, ndlr) qui en principe connaît très bien la situation du pays concerné », explique Armelle, membre de l’association rennaise Un toit, c’est un droit.

En moyenne, les migrants doivent patienter 18 mois avant d’obtenir une réponse. Chaque année, l’OFPRA actualise la liste des pays d’origine sûrs « et les migrants de ces pays-là ont très peu de chance d’obtenir une réponse favorable ». Dans le rapport d’activités 2012, l’OFPRA déclare 20 pays sûrs au 1er janvier 2012. Après retrait de l’Albanie, du Kosovo, du Mali et du Bangladesh, la liste ne contient plus que 16 pays, en mars 2013.

Durant l’étude de leur dossier, les demandeurs d’asile perçoivent l’ATA (Allocation Temporaire d’Attente) à hauteur de 363 euros et peuvent, en théorie, accéder aux places d’hébergement en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile), au nombre de 399 en Ille-et-Vilaine. « Mais seulement 10% gagnent au premier dossier », souligne Armelle, notant ainsi la difficulté de cette population à trouver un hébergement. Le 115, débordé par le nombre d’appels largement supérieurs au nombre de places, doit les diriger vers la Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile, en lien avec le Service d’Accueil et d’Orientation, qui eux se chargent de leur accompagnement.

« Les personnes sous OQTF, elles, sont assignés à résidence, mises à l’abri, avant d’être accompagnées vers une sortie du territoire », explique Claude Fleutiaux, secrétaire général de la Préfecture 35. Mais tous les déboutés du droit d’asile ne bénéficient pas de cette solution. Une partie est placée au Centre de rétention administrative, situé à Saint-Jacques-de-la-Lande. « Seulement les célibataires », souligne le secrétaire général. Pourtant, on se souvient de l’expulsion d’une famille tchéchène en juillet dernier : « C’était le seul cas cette année. On veille particulièrement à cela », assure-t-il.

Selon Charlotte Joyau, salariée de La Cimade, association intervenant au CRA chargée d’accompagner les retenus dans l’exercice effectif de leurs droits, trois familles y ont été placées en 2013 :

« À Rennes, il n’y en a pas beaucoup mais la structure est adaptée aux familles, avec du matériel de puériculture, un lit de bébé… ».

UN PARCOURS QUOTIDIEN

Dans le squat de l’église Saint-Marc, ouvert en mai près de la dalle Kennedy, les 130 occupants ont tous été déboutés et procèdent alors à un recours, ou sont actuellement sous OQTF. Ce lieu héberge majoritairement des familles. D’origine mongole, arménienne, géorgienne, congolaise, libyenne, tchadienne (nationalités très représentées à Rennes), albanaise, serbe ou encore tchéchène, ils vivent en communauté dans ce bâtiment. Certaines familles sont installées dans des petites pièces individuelles.

D’autres occupent des pièces de taille moyenne, voire de petite taille, et ont aménagé des cloisons avec des draps pour un espace de vie avec un minimum d’intimité. Des boxes, comme on nous dit. « Et dans chaque boxe, un drame passé », nous glisse Armelle. En novembre, la physionomie du squat a bien changé par rapport à la saison estivale. « On fait à manger dans la cuisine commune et après on rentre dans nos chambres pour le repas. Il fait très froid et dehors, il fait nuit », explique une jeune mongole, arrivée avec sa famille à Rennes depuis 2 ans – et scolarisée dans un collège rennais.

Les coupures d’électricité sont fréquentes, surtout entre 17h et 19h, à l’heure de la préparation des repas et des douches. Plusieurs femmes d’origine mongole sont réunies dans la cuisine, assises dans le canapé, jouant avec une enfant et un bébé.

Au fond du couloir, vit la famille de Mariame. Elle est kurde arménienne. Son mari, kurde géorgien. L’aîné de ses enfants est arménien et vit là-bas. Sa fille et son fils, tous deux d’origine géorgienne, sont à Rennes. Une situation complexe pour elle qui ne pouvait obtenir de papiers en Géorgie.

« En Arménie, pas de problèmes pour moi. Mais pour ma famille, ce n’était pas possible. Et en Géorgie, je ne peux pas avoir de titre. C’est vraiment très difficile »
explique Mariame.

En mars 2012, ils quittent leur pays pour des raisons économiques et souhaitent venir en France, en passant – en avion – par la Biélorussie. Puis de Minsk, ils traversent la Pologne, s’y arrêtent quelques heures, le temps du contrôle douanier. Les autorités polonaises prennent les empreintes « et leur font signer une demande d’asile sans qu’ils en aient conscience », dit Armelle. Elle poursuit : « Les migrants qui entrent par un pays de l’espace Schengen et qui sont contrôlés dans ce dernier avant de venir en France sont appelés les Dublin ».

En effet, le règlement de Dublin II vise à établir une base de données biométriques permettant ainsi aux autres États membres de vérifier qu’aucune demande d’asile n’a été effectuée par les ressortissants. En se présentant à la Préfecture, à Rennes, les empreintes de Mariame ont révélé la présence d’un dossier en cours en Pologne. « La France a 6 mois pour les renvoyer dans le premier pays. Ils sont convoqués à la Préfecture avec conjoint(e)s, enfants et bagages et sont déclarés en fuite s’ils ne se présentent pas », explique Armelle. Après 18 mois sur le territoire, une nouvelle demande d’asile peut être déposée en France.

Et depuis quelques jours, Mariame peut enfin remplir la sienne, ainsi que chaque membre de sa famille. Elle a maintenant trois semaines pour rédiger son récit de vie détaillé, un travail compliqué pour cette mère de famille. « Déjà, je ne parle pas bien le français. Là, je regarde mes cours. Et ça fait ressortir les mauvais souvenirs. Dur d’y repenser. Surtout pour mon fils, il est nerveux », confie-t-elle. D’autres mauvais souvenirs remontent aussi pour Mariame, qui n’ose pas sortir du squat. En juillet dernier, elle est contrôlée et arrêtée par la Police Aux Frontières (PAF), au niveau de la gare.

Après plusieurs heures en garde à vue, elle est emmenée au CRA, dans lequel elle restera 5 jours. « Elle a pu être libérée grâce à un point de la procédure, lors de la garde à vue, qui n’avait pas été respectée », commente Armelle. L’histoire est douloureuse. Elle reste traumatisée de « l’évacuation musclée » d’une famille tchéchène qu’elle a vécu lors de son enfermement.

Les différentes étapes de la procédure nécessitent à chaque fois une préparation mentale ardue et accroissent l’angoisse de l’après. De l’anxiété, les migrants en perçoivent au quotidien. Ce mercredi soir, une adolescente entre dans la chambre de Mariame, en pleurs. Sa petite sœur ne répond pas aux appels de sa mère. Il est environ 18h30 et la petite n’est pas encore rentrée. Des dizaines de minutes plus tard, la maman est avertie que sa cadette est revenue au squat.

Dans la pièce voisine, se trouve Réhane, elle aussi est arménienne. Sa famille est arrivée en France il y a un an et demi et vit dans le squat depuis six mois. Entre temps, elle a connu le 115 et les foyers d’accueil, du côté de Vitré. « Il faut appeler tous les matins le 115 à 9h. Il n’y a pas de places, on nous dit de rappeler le lendemain », se souvient-elle. Enceinte de plusieurs mois à son arrivée au squat, Réhane a accouché peu de temps après leur installation. David, le sourire jusqu’aux oreilles, est allongé sur le lit, entouré de ses peluches : « C’est un peu la mascotte d’ici ! ».

Elle revient du Secours populaire qui ce jour-là distribuait des cadeaux de Noël. Elle a pu ramener des jouets pour ses deux fils et a eu un chèque cadeau de 15 euros pour acheter un présent à sa fille de 7 ans, « qui veut absolument une robe de princesse ». Sa fille ainée est restée avec ses grands-parents, en Russie. Avec son mari, ils l’appellent fréquemment mais ne l’ont pas vu depuis leur départ. Réhane a fait une demande prioritaire, une procédure rapide qui ne permet de bénéficier de l’ATA que 3 mois seulement.

Déboutée depuis décembre dernier, elle est assignée à résidence pendant 45 jours dans un hôtel avec sa famille, une obligation qu’ils ont préféré fuir en espérant trouver une alternative avec leur avocate.

« Ils n’ont pas leurs papiers arméniens. Ils sont donc assignés pendant plus d’un mois, le temps pour les autorités compétentes françaises de contacter le consulat et d’obtenir l’accord du pays d’origine de les renvoyer là-bas ».
 Armelle, militante Un toit, c'est un droit.

Dans la cuisine, Alba, 21 ans, prépare des cookies. Cette jeune tchadienne est arrivée en France en 2009, après être passée par la Libye. À Angers dans un premier temps, au sein d’une communauté tchadienne, dans laquelle elle vit avec son conjoint, à la suite d’un mariage forcé à 15 ans.

« Là-bas, tout le monde trouve ça normal et moi, je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais supporté la violence de mon père envers ma mère. Jamais accepté non plus ce mode de vie. Les femmes ne peuvent rien faire », explique-t-elle. Elle décide de quitter son mari – parti du Tchad pour des raisons politiques, « son père étant impliqué dans la vie politique du pays » – et se retrouve confronter non seulement à la violence conjugale mais aussi aux pressions de l’entourage. « Ils ont réagi très violemment et m’ont menacé de mort. Je me battais contre une communauté », se remémore Alba.

Elle prend le bus jusqu’à Rennes, aidée par une amie rencontrée à Angers, et s’inscrit en CAP Cuisine, à Dinard. En internat la semaine, dans une famille d’accueil le week-end. Sa demande d’asile est compliquée : « j’avais déjà déposé un dossier avec mon mari. J’ai changé d’identité et j’en ai refait un à Rennes mais avec les empreintes, ils ont retrouvé ma première demande ». Plusieurs procédures plus tard, la jeune tchadienne pense obtenir des papiers. La Préfecture l’informe qu’elle recevra prochainement une OQTF :

« Je m’étais inscrite en septembre à Ker Lann pour poursuivre ma formation de Cuisine, et au final, je suis une clandestine, j’ai tout perdu ».

La journée, Alba reste au squat en attendant de trouver un potentiel recours avec son avocate. Une situation qu’elle trouve profondément injuste : « Je reste ici alors que je pourrais travailler. J’ai un diplôme ! Certains ont des papiers et ne font rien de leur journée… »

UN PARCOURS COMPLEXE

Le manque de travail, et la difficulté pour en trouver un en France, est un enjeu majeur pour les migrants. Fondamental pour certains. Comme pour les occupants du squat de Chantepie, ouvert depuis le mois d’août, dans une ancienne ferme. « Ici, ce sont des personnes d’origine roumaine. C’est une autre population, avec une autre problématique encore », explique Mihaela, militante pour l’association Un toit, c’est un droit, qui assure la traduction avec leurs divers interlocuteurs.

Une autre problématique, en effet, puisqu’ils sont européens et bénéficient du droit de résider sur le territoire français pendant 3 mois. « Pour avoir un titre de séjour, il faut avoir un contrat de travail. Pour le contrat de travail, il faut un titre de séjour », déclare Emilia, à Rennes depuis 4 mois. Maman de quatre enfants, dont deux encore en Roumanie, elle attend son cinquième enfant. « Je suis inquiète car je ne sais pas combien de temps on va pouvoir rester dans le squat. Et nous devons aussi faire des allers-retours en Roumanie », poursuit-elle.

Pour justifier leur résidence en France, ils doivent conserver les billets de cars en partance de la Roumanie datant de moins de 3 mois. Pour vivre, ils font la manche durant la journée. Insuffisant pour satisfaire un minimum de besoins vitaux. Les migrants trouvent alors des aides au Secours populaire, aux Restos du cœur et également avec le réseau Ville Hôpital 35 pour les problèmes de santé. « Les gens sont très accueillants et le corps médical très attentif, je suis très surprise, ça ne se passe pas du tout comme ça en Roumanie », souligne la jeune femme de 29 ans.

Ce lundi de novembre, c’est une journée particulière. Alina, sa fille, vient de faire sa rentrée en 6e, dans un collège de Rennes. L’émotion est grande pour la jeune demoiselle. Pour les parents, c’est également une étape importante. Ce soir-là, plusieurs occupants sont regroupés dans la pièce de vie d’Emilia. Une jeune maman allaite son bébé d’un mois seulement. « Il avait 15 jours quand elle est arrivée. Elle est toute seule avec lui », explique Mihaela.

Les hommes aussi sont présents et font part de leur condition de vie. Ils ont été restaurateurs, boulangers, cordonniers ou salariés dans des stations service et nous montrent leurs contrats de travail en Roumanie. « Mais les conditions de vie là-bas sont terribles. Les salaires sont trop faibles pour vivre et il n’y aucune sécurité d’emploi », disent-ils. Tous espèrent voir leur situation s’améliorer à partir de janvier 2014. Les ressortissants roumains et bulgares devraient, à cette date, pouvoir accéder à l’emploi dans les pays de l’Union européenne sans titre de séjour.

Une date qui inspire de l’espoir pour les uns, de l’inquiétude pour les autres. En effet, le squat de l’église Saint-Marc devrait être évacué dans cette période. L’accord passé avec le Secours catholique touche à sa fin mais pour l’instant, les solutions alternatives d’hébergement n’ont pas été trouvées. Pour Armelle, c’est une situation catastrophique : « Ils vont être isolés un peu partout dans le département. C’est ce que souhaite la Préfecture, ça rend le problème moins visible, moins médiatisé ».

En France, de quels droits peuvent bénéficier les personnes sans autorisation de séjour ?

Aucun. Et pour les femmes, c’est encore plus compliqué. Elles sont plus vulnérables et donc plus facilement exploitables. Elles ont uniquement le droit de se rendre aux urgences pour bénéficier de soins médicaux.

Parmi ces femmes, lesquelles sont les plus touchées ?

Les femmes célibataires sans enfants car elles ne sont pas considérées comme « public vulnérable ». Du coup, durant leur procédure en vue d’obtenir le droit d’asile, elles subissent très souvent des violences importantes. Le droit européen leur accorde, certes, le droit au logement, mais en pratique, par exemple, la préfecture d’Ille-et-Vilaine n’a pas élargi ses places d’hébergement. Faute de toit et avec un dispositif d’accueil d’urgence saturé, elles se retrouvent pour la plupart dans la rue. Elles fuient  leur pays d’origine parce que leurs droits sont bafoués mais vivent pourtant en France dans des conditions très dures.

Quelles solutions ont-elles ?

Il n’y a pas de solution. Certaines réussissent à obtenir un titre de séjour (si elles ont des problèmes de santé, par exemple), mais la plupart sont expulsées. Le droit d’asile est une peau de chagrin. Les décisions des juges sont injustes. Ils exigent de plus en plus de preuves et sont trop suspicieux. Malgré tout, les migrantes préfèrent rester dans la précarité en France que de retourner dans la violence de leur pays d’origine.

Infographie : © Sophie Barel

Laetitia est assistante familiale depuis plus de 7 ans. Elle loge et accompagne des migrants sans papiers. Portrait.

Laetitia est agrémentée depuis 1995. Elle accueille actuellement chez elle de jeunes étrangers, originaires d’Albanie, du Congo et de Guinée. « On constate une arrivée massive de mineurs isolés étrangers depuis 2 à 3 ans, explique cette femme de 53 ans. Certains se sont enfuis seuls de leur pays et d’autres ont payé des passeurs pour arriver en France ». Laetitia les accompagne au quotidien, les inscrit à l’école, leur apprend le français et les écoute. « Le choc des cultures est fort. Les règles de famille ne sont pas toujours respectées, mais cet échange me donne envie de continuer », confie-t-elle.

C’est en rencontrant une assistante familiale parisienne qu’elle a eu envie de faire ce métier. « Je lisais beaucoup sur la psychologie des enfants et la rencontre m’a bouleversé. Je me suis renseignée et j’ai été acceptée ». Un petit français de 11 ans est alors arrivé et est resté jusqu’à l’âge de 18 ans. Puis dès 2001, des nationalités différentes ont intégré le foyer. Une camerounaise pour commencer : « Elle avait 17 ans et était menacée par le milieu de la prostitution. Un jour, elle est partie de chez nous et n’est jamais revenue. J’ai déclaré sa disparition à la police mais je n’ai jamais eu de nouvelles ».

Depuis, d’autres ont pris sa place et le soutien de Laetitia n’a pas faibli. Et pour cause, cette mère de famille s’investit beaucoup. Malgré tout, elle a le sentiment que son rôle n’est pas assez reconnu. « En définitive, on travaille à domicile 24h/24, en lien avec le Conseil général et nous sommes pourtant considérés comme le dernier maillon de la chaîne. Il y a des évolutions, mais nous ne sommes pas assez écoutés». Son souhait ? : Obtenir le statut de fonctionnaire, « tout comme les éducateurs ».

Née au Maroc, Sarah a vécu en Espagne jusqu’à ce que son père décide de la forcer à se marier. Contrainte et terrifiée, elle s’enfuie avec une proche de la famille et s’installe dans la capitale bretonne.

Sarah, 22 ans, vit à Rennes depuis 2011. Elle habite chez la femme qui l’a aidé à s’échapper : « Ma mère ne voulait pas que j’épouse un inconnu. Elle m’a laissé partir avec cette femme ». En arrivant à destination, Sarah est inscrite dans un lycée privé, qu’elle quitte deux ans plus tard par manque de moyens financiers. Par la suite, elle fait des stages, du bénévolat, de la garde d’enfants et remplit les tâches quotidiennes de la maison. Malgré tout, elle souhaite « faire un bac professionnel Service à la personne pour travailler, être indépendante et passer le concours d’aide soignante ou d’éducateur spécialisé ».

Elle doit régulariser sa situation en France car son titre de séjour espagnol lui permet de circuler dans l’espace Schengen (et donc dans l’hexagone), mais pas d’y travailler. « En mars dernier, j’ai rempli une demande de nationalité espagnole pour obtenir le statut européen, mais la procédure est longue. Elle dure environ 3 ans », explique-t-elle. Aussi, elle compte déposer prochainement une demande de titre de séjour travail en France, avec le soutien de « La M.I.J.E.C » (Mission d’Insertion des Jeunes de l’Enseignement Catholique, à Rennes) et de Franck Pichot, conseillé général délégué à la jeunesse.

Sarah s’est habituée à Rennes. « J’ai longtemps fait des cauchemars et été traumatisée par le mariage forcé, mais mon moral s’est amélioré », avoue-t-elle. Aujourd’hui, elle est déterminée à prendre sa vie en main et se rappelle souvent  que « si elle s’était mariée avec cet homme, elle n’aurait jamais pu envisager tous ces projets ».

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Elles vivent à Rennes
Hébergement : une difficulté majeure
Trois questions à Mélanie Le Verger, avocate
Ils agissent pour les migrants
Une alternative : la famille d'accueil

Célian Ramis

Solidarité sous les toits de Rennes

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À l’heure où se loger devient un problème majeur en France, l’hébergement solidaire semble apporter une aide temporaire aux personnes en difficultés.
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Chaque année, l’Ille-et-Vilaine accueille près de 11 000 nouveaux habitants. A l’heure où se loger devient un problème majeur en France, nous nous sommes intéressés à l’hébergement solidaire, qui semble apporter une aide temporaire aux personnes en difficultés. Présentation de deux associations qui œuvrent dans la Capitale bretonne : Rennes Hébergement et Habitat et Humanisme 35. 

Lors de la Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, les 10 et 11 décembre 2012, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a présenté les axes principaux du plan pluriannuel contre la pauvreté. Un plan adopté le 22 janvier 2013 par le Comité interministériel contre les exclusions.

Parmi les points importants, l’hébergement, avec la création de 4000 places pour les situations d’urgence et la mise en œuvre d’une garantie universelle des risques locatifs, pour les travailleurs précaires et les jeunes. Mais à quoi peut-on prétendre pour se loger temporairement à moindre coût ?

UNE COLOCATION PARTICULIÈRE

Rennes Hébergement répond à un besoin précis : trouver un logement rapidement pour une courte durée. Depuis 2003, Françoise Koné et Sandra Blandin proposent des séjours temporaires chez l’habitant, à Rennes et aux alentours. « L’objectif est de permettre aux personnes ayant peu de ressources financières, comme celles en situation de précarité, des étudiants qui payent un double loyer en venant suivre une formation de quelques semaines à Rennes ou des jeunes informés d’une mission en intérim du jour au lendemain, de trouver une solution pour la nuit », explique Françoise, la coordinatrice de l’association.

Le principe est simple : la personne concernée remplit un formulaire sur le site en expliquant son projet et la durée souhaitée. Elle va ensuite être mise en contact avec un propriétaire adhérent au réseau. Elle bénéficiera alors d’une chambre de minimum 9m2 ainsi que des lieux de vie commune ainsi que d’un petit-déjeuner pour 18 euros par nuit. Une cotisation annuelle, à hauteur de 10 euros, est demandée au locataire, 15 euros au propriétaire, qui, lui, paiera aussi un droit d’entrée de 25 euros.

« Si on fait une moyenne générale sur l’ensemble de l’année, les hébergés restent 8 nuitées par mois. Nous sommes là pour répondre à des besoins extrêmement flexibles »
explique la coordinatrice.

Fabienne, qui fait partie des 130 hébergeurs de l’association, est propriétaire d’une maison de 160m2, composée de 4 chambres individuelles et d’un jardin : « Je peux accueillir plusieurs personnes, et c’est ce que je fais depuis 2006 avec cette association. C’est un avantage pour moi car toute seule, j’aurais du mal à payer les charges. Les revenus dûs grâce à la location me permettent de ne pas avoir d’ennuis financiers. Mais au-delà de cet aspect, c’est une véritable expérience de partage ! »

Plus de 450 demandes pour bénéficier de cette alternative, qui s’approche légèrement de la colocation inter-générationnelle, sont enregistrées chaque année. Si certaines n’aboutissent pas toujours, peu de conditions sont exigées. « On discute avec les propriétaires afin de déterminer leurs attentes et leur faire des propositions adéquates. Il est rare qu’ils aient des contraintes. Parfois, dans les cas de divorce par exemple, il arrive que des femmes ne veuillent pas accueillir d’hommes », explique Francoise Koné. Les locataires sont souvent des jeunes. En effet, les moins de 30 ans représentent 45% des hébergés.

Le réseau d’hébergement chez l’habitant n’est pas l’unique activité de Rennes Hébergement qui propose aussi d’accueillir des personnes en situation urgente dans la résidence sociale, Les Ajoncs, située rue Gaston Tardif à Rennes. Six appartements, en théorie, huit dans la réalité, sont gérés par l’association, financée en partie par Rennes Métropole, la Ville, la CAF ou encore le Conseil général 35. « Cette résidence est un sas pour les personnes en difficultés, pour une durée de six mois, qui n’ont pas encore pu accéder à un logement social en priorité », précise la coordinatrice. Un accompagnement, avec le Centre communal d’action sociale, des travailleurs sociaux ou des associations partenaires, peut être mis en place sur demande du résident.

SOUS-LOCATION SOLIDAIRE

Il y a 25 ans, le père Bernard Devert créait la fédération nationale Habitat et Humanisme, qui regroupe aujourd’hui 54 associations. Depuis 10 ans, une antenne départementale existe en Ille-et-Vilaine. Philippe Boquien, qui en est le président, explique : « Le principe général est d’essayer de s’attaquer au problème du mal logement, à la suite de l’appel de la Fondation Abbé Pierre ». C’est aussi d’apporter une solution complémentaire au dispositif proposé par Rennes Métropole et les Agences immobilières à caractère social :

« Ce dispositif est assez efficace dans l’ensemble et assez complet pour l’hébergement social. Mais, même si la situation est moins tendue que dans d’autres villes, nous sommes là pour élargir cette offre. »

Concrétement, Habitat et Humanisme loue un bail aux propriétaires qui propose un bail de 3, 6 ou 9 ans. Quelques conditions sont exigées : « Il faut qu’ils connaissent l’association et en partagent les valeurs et que les logements soient situés dans des quartiers qui favorisent la mixité sociale ». Et côté financier, ils devront aligner le loyer sur les loyers sociaux pratiqués par la Ville, « soit environ 6 euros le m2 pour Rennes ».

Les propriétaires doivent bien évidemment présenter un hébergement propre et en bon état. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, effectuer des travaux de réhabilitation et de rénovation en constituant un dossier auprès de l’Agence nationale de l’habitat qui pourra les aider financièrement : « Nous pouvons les aider à remplir les papiers ».

Pour les personnes souhaitant bénéficier des appartements, l’association demande à ce qu’elles soient en attente d’une place en HLM. Quand elles accèdent à une location, elles signent une Convention d’occupation temporaire à durée déterminée, renouvelable selon les besoins. « On peut prolonger le contrat mais il faut bien penser que c’est un passage temporaire, qui n’a pas vocation à s’éterniser », insiste le Président d’Habitat et Humanisme 35.

ENTRE LE FOYER ET LE LOGEMENT "ORDINAIRE"

Une pension de famille, située rue Papu à Rennes, est gérée par Habitat et Humanisme et dispose de 18 logements individuels. « Elle est accessible aux personnes qui bénéficient des minimas sociaux, qui ont souvent un parcours un peu lourd, qui nous sont orientées par la Commission locale de l’habitat », explique Philippe Boquien. Aucune place n’étant actuellement disponible, les candidats sont placés sur liste d’attente et doivent passer un « entretien » pour démontrer sa motivation et son projet.

« Nous examinons très sérieusement les demandes de chaque personne car nous souhaitons préserver un équilibre entre les hommes, qui sont plus nombreux à connaître des situations difficiles, et les femmes. Aussi, nous prêtons attention aux difficultés rencontrées par les uns et les autres pour ne pas additionner les problèmes mais au contraire anticiper sur la vie sociale future », nous dit-il. Chaque bénéficiaire accède à un habitat d’environ 25m2 avec une chambre, une salle de bain et une cuisine.

En fonction de la superficie, le loyer peut changer mais il s’élève en moyenne à 430 euros. « On reçoit le montant qu’il reste une fois qu’ils ont perçues leurs aides, que ce soit la CAF, les allocations, le RSA ou des pensions. Pour certains, cela couvre 80% du loyer », commente Philippe.

Au rez-de-chaussée, des parties communes sont faites pour organiser des animations collectives. Le but est de créer du lien social « en proposant des repas, des sorties, des ateliers. Intégrer la pension de famille permet de retrouver la capacité à se prendre en main. C’est un sas entre le foyer et le logement « ordinaire » ». À l’inverse des logements loués par Convention d’occupation temporaire, les résidents n’ont pas de contrainte de durée de séjour. « Certains sont capables de partir au bout d’un an, et ça c’est positif ! », conclut Philippe Boquien.

Retrouver les infos pratiques à la fin de ce focus.

Fabienne*, propriétaire adhérente de Rennes Hébergement depuis 2006.

« Des amis m’ont parlé de Rennes Hébergement, ça m’a donné envie de participer. J’ai donc contacté l’association pour m’engager là-dedans. Ma maison, avec le jardin, fait 160m2, on a largement la place de vivre à trois ou à quatre sans se marcher dessus. C’est formidable ce que cette expérience apporte : l’échange avec les autres, le partage !

Je découvre plein de cultures différentes car je loge des étrangers qui viennent pour travailler ou étudier. Libanais, algériens, allemands, grecs, indonésiens, vietnamiens… et j’en passe ! Chaque semaine on essaye de se faire un repas pour être ensemble et discuter. On noue des liens très forts. Par exemple, cette année, je pars en Indonésie dans la famille d’une des locataires. Alors tant que je pourrais faire ça, je le ferais ! »

Cyndie, locataire adhérente de Rennes Hébergement pour la première fois.

« Depuis octobre dernier, je suis une formation en cuisine au lycée Louis Guilloux, à Rennes, pour réaliser mon projet : ouvrir une crêperie. J’ai cours quatre jours par semaine, je dors donc trois nuits par semaine dans le logement proposé par l’association. Ensuite, je rentre chez moi à Morlaix retrouver mon mari et mes deux filles. Le dispositif est pratique et efficace, j’ai été logée en une semaine ! Puis, j’ai dû changer de logement, c’était prévu.

On m’a tout de suite attribué un autre endroit, dans lequel je vais rester jusqu’à début juin. La cohabitation se passe bien, je suis assez discrète, je passe du temps dans ma chambre mais on discute le soir et je me sens comme à la maison. Beaucoup plus tranquille qu’à l’auberge de jeunesse ou à l’hôtel. Et moins cher. »

* La personne souhaitant garder l’anonymat, le prénom a été modifié.

Du côté des structures plus connues du grand public, les solutions se multiplient pour répondre au problème du mal-logement. Coup d’oeil sur les aides apportées par Rennes Métropole, Un Toit c’est un droit et la CAF.

Rennes Métropole : Chaque année, la métropole consacre environ 40 millions d’euros à l’habitat, dont une grande partie destinée à la réhabilitation du parc immobilier ancien. Dans l’agglo, c’est près de 44 000 logements qui sont destinés aux plus précaires. Et les pouvoirs publics se fixent un objectif de 1000 toits supplémentaires construits par an. Des solutions qui répondent à un constat : pour Gilles Dreuslin, responsable du pôle dispositifs de solidarité à Rennes Métropole, “il y a une paupérisation et une hausse des demandes” (1200 en 2010, 1800 en 2012).

Pour faire face à cet engorgement, deux fillières ont été mises en place: le droit commun et le relogement social prioritaire. Si la première établit une liste d’attente pour l’accès au logement, la deuxième, elle, donne la priorité aux situations d’urgence comme par exemple une famille monoparentale vivant des minima sociaux, soit près de 30% des dossiers.

Service habitat social : 02 23 62 16 30

metropole.rennes.fr

 

Un toit c’est un droit : L’association “Un toit c’est un droit”, née en décembre à la suite d’une scission avec Droit au logement 35 met l’accent sur les situations critiques. À travers des actions parfois controversées, comme par exemple les réquisitions de bâtiments publics, le collectif entend proposer des solutions plus durables que le 115, numéro d’urgence sociale géré par la préfecture. Les “gros squats” sont, selon Carole Bohanne, membre fondatrice du mouvement, un moyen de “rendre visible la précarité de certaines personnes”, et dans un premier temps, de “mettre les gens à l’abri”, leur première vocation.

Ils permettent aussi de se poser environ 6 mois, ce qui est énorme pour eux!”, ajoute Carole Bohanne. Autre solution : la solidarité. Grâce à un réseau établit dans tout le département, des propriétaires en lien avec l’association proposent aux sans domicile un accueil gracieux dans des gîtes ruraux pour quelques semaines.

untoitundroit35.blogspot.fr

 

Caisse d’allocations familiales (CAF): La CAF propose comme, son nom l’indique, différentes aides financières dont l’objec­tif est d’apporter un soutien au règlement du loyer. Tradi­tionnellement appelée «APL», l’aide personnalisée au loge­ment n’est en réalité qu’une des trois allocations proposées par la CAF. En effet, cette alloc est réservée aux locataires de logements conventionnés (la convention étant passée entre l’État et le propriétaire). La deu­xième ressource proposée est l’Allocation au logement familial qui prend en compte le nombre d’enfants à charge par le foyer.

Enfin, la dernière mouture bien connue des rennais : l’Allocation logement social (ALS). Réservée aux personnes seules et aux étudiants, l’ALS représentait, à Rennes, plus de 21000 dossiers au 31 décembre 2011, soit près du tiers des demandes propres à la capitale bretonne. L’attri­bution des aides par la CAF dépend du revenu ou encore de la surface du logement.

0 810 25 35 10

www.35.caf.fr

Propriétaires : les règles à respecter

 • Pour intégrer Rennes Hébergement, il suffit de contacter l’association via le site ou par téléphone. Le locataire doit pouvoir disposer d’une chambre, seul, d’une surface de minimum 9m2. Une visite des lieux sera obligatoire. Vous signez un engagement, après lecture de la charte qualité, et payez la somme de 25 euros de droits d’entrée, plus une cotisation annuelle de 15 euros. Sur les 18 euros payées par le locataire, par nuitées, vous reversez 1,50 euro à Rennes Hébergement par nuits réservées et 35 centimes au Trésor Public, selon un calendrier tenu par Rennes Métropole.

• Pour intégrer Habitat et Humanisme, il est impératif de connaître l’association et d’en partager les valeurs de partage et de solidarité. Il faut aussi accepter d’aligner le loyer sur les loyers sociaux pratiqués sur la ville de Rennes. L’appartement qui est mis en location doit être bien isolé et en bon état. Une fois votre proposition acceptée, Habitat et Humanisme signe un bail de 3, 6 ou 9 ans, à votre choix. Vous pouvez contacter Habitat et Humanisme en Ille-et-Vilaine par téléphone ou par mail.

 

Locataires : les conditions d’accès au logement

• Pour bénéficier du réseau de Rennes Hébergement, une fiche est à télécharger sur le site et à retourner remplie, avec une description de votre projet. Le temps maximal de location de la chambre est de six mois renouvelables en accord avec le propriétaire et l’association. Vous vous engagez à adhérer à Rennes Hébergement à hauteur de 10 euros pour la cotisation annuelle et à payer 18 euros par nuitées à l’hébergeur directement. 

• Pour bénéficier d’un logement proposé par Habitat et Humanisme, il faut déjà avoir fait une demande d’hébergement en HLM ou en Agence immobière à caractère social et être en attente d’une réponse. Lorsque vous accédez à une location, vous signez une Convention d’occupation temporaire à durée déterminée, renouvelable selon vos besoins et votre situation. Le montant du loyer dépend ensuite de la superficie de l’appartement.

 

www.rennes-herbergement.fr, rennes.hebergement@no-log.org ou 02 99 14 49 68 – Permanences du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30 sur rendez-vous et de 14h à 18h au 9 rue Gaston Tardif, 35 000 Rennes.

http://www.habitat-humanisme.org/ille-et-vilaine, ille-et-vilaine@habitat-humanisme.org ou 02 99 27 76 92 – Permanence le mardi de 14h à 17h au 6 rue de l’Hôtel Dieu, 35 000 Rennes.

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