Bande de filles - Céline Sciamma

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La question du rapport au corps est très présente et c’est bien là la force du discours car le film ne renouvelle pas le regard sur la banlieue et ne s’astreint pas à représenter une certaine authenticité.
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Marieme vit sa vie de jeune fille de 16 ans dans un quartier populaire de banlieue. Une vie dirigée par les interdits. La dureté de la cité, la loi des garçons et un grand frère pour qui la protection mène à la brutalité. À cette vie monotone et sans grand plaisir s’ajoute la frustration de Marieme dans l’échec de sa scolarité. Armée d’audace et de résolution elle va fréquenter une bande de filles très éloignées de sa personnalité. Elles crient, dansent et se battent. Elles n’ont pas peur d’oser une vie vécue comme digne mais extrêmement rude et violente. Déterminée à vivre sa jeunesse, la jeune fille entre dans la bande et devient Vic. Pour son troisième long métrage, Céline Sciamma a construit son film comme une suite d’épisodes autonomes d’abord conduits par les aventures des quatre jeunes filles puis essentiellement autour de l’héroïne, plongeant le spectateur dans les mêmes désarroi et solitude dans lesquels elle s’emmure progressivement. Le casting est à la hauteur du défi cinématographique et la caméra propose une belle valeur esthétique épurée d’artifice. La réalisatrice acte une fois encore la question du genre à travers la transformation masculine adoptée par Marieme. La question du rapport au corps est aussi très présente et c’est bien là la force du discours car le film ne renouvelle pas le regard sur la banlieue et ne s’astreint pas à représenter une certaine authenticité.

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Elle l'adore - Jeanne Herry

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Le rythme est bien mené, on ne s’ennuie pas et on adore le suspens tragicomique du dénouement. Un premier film percutant et audacieux.
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Muriel est esthéticienne. Elle est mère de famille divorcée et mène une vie assez banale. Pour certainement améliorer son quotidien, Muriel ment et invente des histoires farfelues. Ce qui pourtant la caractérise le plus c’est sa passion pour Vincent Lacroix, un chanteur dont elle suit au plus près la carrière depuis plus de 20 ans. Muriel est une fervente admiratrice et la vedette occupe presque toute sa vie. Lorsqu’un soir son idole sonne à sa porte et vient lui demander un service. La star est venue solliciter une de ses plus grandes fans afin de l’aider au sein d’une entreprise macabre inattendue. Fascinée par cette rencontre, elle accepte. Sa vie va alors basculer dans une dimension qui va la dépasser. Jeanne Herry signe une petite merveille d’écriture et de dialogues. Pour parfaire l’ensemble les interprétations, principalement de Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte, sont époustouflantes. Le jeu est vraisemblable ce qui en fait une comédie dramatique lourde de sens. Une formidable démonstration de réactions en chaine aux conséquences dévastatrices qui vont à jamais bouleverser la vie et la personnalité des deux protagonistes. Le rythme est bien mené, on ne s’ennuie pas et on adore le suspens tragicomique du dénouement. Un premier film percutant et audacieux.

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Pas son genre - Lucas Belvaux

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Une comédie romantique surprenante et rafraichissante portée par deux belles interprétations.
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Clément, jeune professeur de philosophie et auteur à succès se sent parisien dans l’âme. Il sera affecté en province, à Arras une ville qu’il ne connaît pas et pour laquelle il n’éprouve de prime abord qu’assez peu d’intérêt. Clément s’ennuie. Il traîne nonchalant tel un dandy déraciné jusqu’au jour où par hasard il va rencontrer Jennifer une jolie coiffeuse, blonde pétillante et pleine de spontanéité. Rapidement les deux se séduisent et vont devenir amants. Quand Jennifer lui raconte ce qu’elle tire des magazines people, Clément lui, épilogue sur Kant et Proust. La fille simple et le garçon compliqué que tout éloigne vont vivre les prémices de leur histoire d’amour malgré la différence. L’interprétation d’Émilie Dequenne est fine et juste et d’une belle énergie nait un personnage attachant. Pourtant Lucas Belvaux met plus souvent en évidence le regard de Clément qui a beaucoup de mal à sortir des conventions. Souvent étonné par l’ardeur de Jennifer mais aussi parfois gêné par sa franchise. Amour merveilleux mais impossible, la volonté d’apprendre de l’être aimé suffira-t-elle à rompre les barrières sociales et culturelles ? On retrouve bien chez l’auteur ce regard critique récurant du tissu social et des différences intrinsèques à la culture de classe. Une comédie romantique surprenante et rafraichissante portée par deux belles interprétations.

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Une rencontre - Lisa Azuelos

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Si on écarte les clichés et la mélasse, on pourra être emballé par la très séduisante Sophie Marceau conquise par un François Cluzet sous exploité bien malgré lui.
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Si Sophie Marceau était en crise relationnelle mère-fille dans LOL, on retrouve cette fois l’actrice vedette de Liza Azuelos aux commandes d’une embarcation sentimentale qui navigue à vue. Coup de cœur pour un homme et perturbation au programme. Entre objet du désir, épanouissement et quête de liberté, l’amour trouvera-t-il sa place sans pour autant semer le trouble ? L’idée de la réalisatrice est de nous indexer sur les instants T de ces deux êtres qui œuvrent à la réalisation de possibilités toutes suspendues à des actes de décisions. Un défi relevé mais probablement pas réussi à l’écran. Une esthétique pourtant entrainante et sophistiquée fait briller la sensualité des personnages à l’image. Au-delà des stéréotypes bien connus des comédies romantiques à la française clairement affichés, le film se gargarise d’un suspens tantôt haletant tantôt embarrassant. Le film se perd dans sa volonté de brouiller les pistes. Se concrétisera ? Se concrétisera pas ? Le mélange fantasme/réalité et futur/présent dissipe la lecture du jeu et la compréhension de l’histoire pour une mise en valeur assez peu efficace. Si on écarte les clichés et la mélasse, on pourra être emballé par la très séduisante Sophie Marceau conquise par un François Cluzet sous exploité bien malgré lui.

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Party girl - M. Amachoukeli, C. Burger & S. Theis

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Sans complaisance et dans l’instabilité permanente de l’émotion, Party Girl transpire le désir de romanesque.
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Angélique est une escort girl de 60 ans. Elle fait boire les clients dans un cabaret allemand frontalier dans lequel elle a ses habitudes. Elle aime la nuit, son monde et aime faire la fête en compagnie des hommes. Les clients se faisant plus rares, Angélique se résout tardivement à se ranger. Son mariage avec un de ses anciens clients toujours amoureux d’elle est le fil conducteur du film. La rupture avec le monde de la nuit va être difficile pour cette femme qui toute sa vie n’a connue que ce milieu. Elle boit beaucoup et, malgré un mari aimant et une famille tolérante, l’acclimatation à une vie plus conventionnelle reste un défi qu’elle ne semble pas complètement prête à relever. Les filles du cabaret lui manquent, mais au-delà de cela c’est toute une vie qu’il faut abandonner et c’est avec un sentiment d’angoisse qu’elle doit se résigner à rejeter ce mode de vie résolu. Les réalisateurs nous transbahutent sans délicatesse et facilité inutile au sein d’une famille dans laquelle chacun y joue son propre rôle. Une famille qui tient une histoire, celle-ci arquée par les choix de vie de la matriarche. Un scénario fort tout prêt d’un contexte autobiographique. Sans complaisance et dans l’instabilité permanente de l’émotion, Party Girl transpire le désir de romanesque. À la fois drame social, portrait coup de poing et fiction-documentaire, l’œuvre implique le spectateur physiquement.

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Diplomatie - Volker Schlöndorff

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Un affrontement feutré qui ne lésinera pas sur la menace et la dimension du lendemain, l’après-guerre. Un cheminement mental séduisant et épique.
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Adapté de la pièce de Cyril Gely, Diplomatie ne réprime pas ses origines théâtrales. Un quasi huit clos au sein de l’Hôtel Meurisse, quartier général allemand d’où se dirigent les opérations du général Von Choltitz. Ce dernier ayant reçu l’ordre de raser Paris dans son ensemble. De l’apparition du consul suédois Nordling interprété par André Dussolier, va naître un dialogue de qualité et un duel rhétorique entre ce dernier et le général incarné par Niels Arestrup. Une partie d’échec qui démarre au petit matin du 24 août 1944. La force et l’expression du film résident en ce face à face de la dernière heure où ces hommes déterminés vont être juges du sort de millions de parisiens et du destin de la cité. Cité des arts qu’Adolf Hitler lui-même admirait plus que toute autre ville. Raison pour laquelle il n’aurait pas supporté qu’elle survive à la guerre alors que Berlin était en ruine. Une plaidoirie salvatrice pour le consul qui se heurte souvent à la droiture militaire du général. Arguments contre arguments, feintes et ripostes seront à la mesure de l’enjeu, tel un combat d’épée. Volker Schlöndorff brille par sa mise en scène de dialogues d’une très belle qualité, tout autant que le jeu de ces deux monstres du cinéma excellera dans l’art oratoire. Le fin doigté du diplomate contre le devoir et la majesté prussienne. Un affrontement feutré qui ne lésinera pas sur la menace et la dimension du lendemain, l’après-guerre. Un cheminement mental séduisant et épique.

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Jimmy's Hall - Ken Loach

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Ken Loach reste maître de la poésie humaniste autour d’une justice sociale revendiquée et appuyée par les combats de l’histoire.
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1932, Jimmy Gralton, irlandais de la province de Leitrim, revient vivre sur ses terres qu’il a dû fuir 10 ans plus tôt. Un exil forcé et politique à la suite de la guerre civile qui n’aura pas entamé les valeurs et le militantisme de l’homme. Il s’installe auprès de sa vieille mère dans la ferme familiale. Poussé par la jeunesse du comté et par l’ardeur de ses vieux amis, Jimmy va rouvrir le dancing. La structure remise en état et en activité, ses ennemis d’hier rejaillissent et c’est avec une sévère violence et une certaine impunité qu’ils mettront tout en œuvre pour détruire ce lieu unique. À travers quelques personnages affiliés au dancing, Ken Loach acte et incarne autant l’envie d’étudier et de discuter en toute liberté que de se divertir et danser dans cette époque ravagée par la crise. Ce cadre progressiste sera vécu comme un affront aux yeux des propriétaires terriens et de l’église qui ne voient pas d’un bon œil une alternative à la conduite à suivre pour cette jeunesse irlandaise. Un biopic finement mis en scène qui ne submerge pas le spectateur de détails historiques et qui recèle d’histoires de vie de ces hommes et femmes. Un récit inscrit dans un contexte de tensions sociales qui pour autant n’est pas dénué de romance et sentiments. Ken Loach reste maître de la poésie humaniste autour d’une justice sociale revendiquée et appuyée par les combats de l’histoire. Petits comme grands. Ici c’est l’histoire avec ce petit h qui nous émeut et nous affecte avec sensibilité.

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Sous les jupes des filles - Audrey Dana

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Si l’idée est simple - une sorte de mosaïque contemporaine et moderne de la féminité - ce qu’il en sort est nauséabond de clichés.
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Si l’idée est simple, réunir 11 femmes en faisant une sorte de mosaïque contemporaine et moderne de la féminité, ce qu’il en sort est nauséabond de clichés. Du très improbable kaléidoscope de la femme de la réalisatrice Audrey Dana en résulte une image superficielle et totalement hors de la réalité. Sous les jupes des filles s’emploie à énumérer les travers et faiblesses de tous ces personnages à travers des vies qui les opposent et qui, de part leur appartenance à la gente féminine, les rapprocheraient tout de même. On pourrait juger d’un sens de la comédie assez moyen et d’une mise en scène approximative mais ce qui visiblement échappe à l’auteure c’est que les femmes auront bien du mal à se reconnaître en ce bel assemblage de conditions bourgeoises. À peine le début de questionnement autour de et sur la femme sans jamais la moindre réflexion sur le sujet énoncé, pas même en digression. Qu’il en soit de la pression sociale d’être une mère, une femme dévouée, du monde du travail ou du plaisir sexuel, rien n’est abordé avec sérieux. Tout n’est que visibilité potache et légèreté insignifiante. Un probable éparpillement qui n’apportera pas la moindre once de contenu. Audrey Dana qui, on s’en doute bien, aura cherché à cerner la féminité à notre époque n’aura rien de très concret à proposer aux femmes qui vivent de vraies vies de femmes, loin de ces personnages traités incarnant de navrants archétypes. Le talent du casting aurait dû signer de bons moments de cinéma. Dommage!

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À coup sûr – Delphine de Vigan

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Un premier long métrage qui restera raté et incarnera sur pellicule un point de vue tristement monochrome.
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Emma, jeune et séduisante trentenaire est une fonceuse. Une éducation qui ne néglige pas la valeur de la compétition la poussera à toujours réussir ce qu’elle entreprend. Journaliste, elle est brillante et exécute méthodiquement dans sa vie le culte de la performance. À la suite d’un malentendu et une expérience malheureuse la jeune femme croit être une mauvaise affaire au lit. Obsédée par la réussite et déçue par cette révélation, Emma mettra tout en œuvre pour devenir le meilleur coup de Paris. Commencera dès lors pour l’héroïne un cycle d’études et travaux pratiques en accéléré autour du sexe, nous embarquant dans tout un tas de situations irréalistes plus souvent grotesques et absurdes que comiques. Le scénario comme prétexte, la réalisatrice nous fait croiser de multiples experts, connaisseurs et autres professeurs du sexe tous stéréotypés. Si le jeu des acteurs principaux, Laurence Arné et Eric Elmosnino, n’est pas mauvais, les dialogues sont plutôt convenus et souvent peu représentatifs des situations. On peinera donc à rire aux aventures chargées de catastrophes et lourdes de plans d’action et autres investigations. Pour l’écrivaine, Delphine de Vigan, le passage derrière la caméra comme réalisatrice pour son premier long métrage restera raté et incarnera sur pellicule un point de vue tristement monochrome.

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24 jours - Alexandre Arcady

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Alexandre Arcady pose les fondements du crime qui, selon lui et cette famille française et républicaine, relève d'un crime antisémite.
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Tiré de l'histoire vraie de l'enlèvement et la séquestration d'Ilan Halimi, en 2006 en région parisienne, 24 Jours nous immerge avec passion, à travers les faits, au plus près de la douleur et du harcèlement vécus par la famille et tout particulièrement par la mère de la victime. Ceux que l'on appellera le "Gang des barbares" seront les tortionnaires et bourreaux d'Ilan. Il sera affamé et torturé pour être, au bout de 24 jours d'échec de négociations éreintantes, laissé pour mort dans les bois. Si le cinéaste consent à vouloir présenter cette femme et mère comme représentant LA figure maternelle, cette volonté peut être, au vu des faits, perçu comme complexe et ambiguë. En effet si Ruth Halimi est la maman d'un jeune comme les autres, tout le film choc vise à revisiter l'histoire à travers un polar dont l'issue dépend de l'identité juive du jeune homme. C'est en cela qu'Alexandre Arcady pose les fondements du crime qui, selon lui et cette famille française et républicaine, relève d'un crime antisémite. Si ce dernier reste incompris par l'opinion, l'est-il sur la base d'une bonne présentation des faits ? C'est bien LA question que soulève l'histoire de ce fait divers et non le film. Au-delà du récit, doit-on juger le crime comme antisémite - ce que les auteurs (livre & film) s'attèlent à démontrer - ou doit-on se forger bien malgré le propos une réelle opinion personnelle sur l'enlèvement et le terrible supplice de ce jeune français ?

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