Rafiki – Wanuri Kahiu

Posts section: 
List image: 
Summary: 
À travers les deux héroïnes du film, la cinéaste compose le portrait d’une jeunesse africaine réaliste et authentique. Le film est une jolie source de fraicheur et un souffle de liberté qui signifie beaucoup en Afrique, continent le plus jeune de la planète.
Text: 

À Nairobi, Kena et Ziki mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais rêvent toutes deux d’une vie riche remplie de belles perspectives. Leur rencontre va faire naître une forte attraction réciproque. Naïves et pragmatiques, elles s’accordent le droit d’aimer et de plaire dans un pays rongé par la pauvreté et la misère.

La vie quotidienne de la jeune Kena apporte une sympathie communicative et un naturel positif qui font là tout le charme du film. Colorée et enchanteresse, la mise en scène façon clip joue de représentation et de perception. Au sein de cette société kenyane conservatrice, les amoureuses sont contraintes à choisir entre leur idylle et la sécurité.

À travers les deux héroïnes du film, la cinéaste compose le portrait d’une jeunesse africaine réaliste et authentique. Une histoire d’amour émouvante et délicate entre deux jeunes kenyanes dans un pays qui condamne durement l’homosexualité. La réalisatrice dénonce une hypocrisie intenable dans un pays qui applique des lois abusives et contre-progressistes.

Pourtant, l’homophobie active n’est ici qu’assez peu représentée. Seule l’opposition des pères dénote avec la certaine indifférence vis-à-vis des manifestations de rejet et de haine très vivaces au Kenya où les peines de prisons représentent un terrible couperet pour toute une communauté.

En réalisant ce film, Wanuri Kahiu, accusée d’encourager l’homosexualité, se voit interdire son film dans son pays et s’expose à une peine d’emprisonnement. Le film est une jolie source de fraicheur et un souffle de liberté qui signifie beaucoup en Afrique, continent le plus jeune de la planète.

Main image: 

De chaque instant - Nicolas Philibert

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Une justesse du regard qui caractérise bien là tout l’art de Nicolas Philibert. Un film qui aborde avec beaucoup de respect et sensibilité la profession tout en enrichissant les connaissances de chacun-e.
Text: 

Années après années elles et ils sont plusieurs milliers de femmes et hommes, souvent jeunes, à se lancer dans cette incroyable formation d’infirmière au sein d’un « Institut de Formation en Soins Infirmiers ».

Entre cours théoriques, cours pratiques et stages sur le terrain hospitalier, les étudiant-e-s devront apprendre à faire face à toutes sortes de situations souvent difficiles et acquérir les gestes et réflexes importants qui les accompagneront toutes leurs vies professionnelles. Au-delà d’un apprentissage, c’est une responsabilité de chaque instant à laquelle ils devront tous adhérer et en comprendre les enjeux.

Nicolas Philibert signe là un film documentaire très cohérent avec sa filmographie. Comme souvent le réalisateur se fait miniature, discret et toujours à la recherche de scènes de vérité. Un documentaire naturellement très réaliste qui nous fait vivre un condensé du parcours de ces étudiants infirmiers nous permettant de mieux appréhender notre rapport à ces travailleurs(euses) de l’humain.

Le propos scénaristique est de donner la parole à ces futurs professionnel-le-s sans qu’ils ne la prennent vraiment. Une justesse du regard qui caractérise bien là tout l’art de Nicolas Philibert. Si l’ambiance de l’apprentissage sur le terrain est parfois soumise à de nombreuses plaisanteries ou situations cocasses, le sentiment de responsabilité face à la souffrance et la fragilité humaine n’en demeure pas moins très intense.

Un film qui aborde avec beaucoup de respect et sensibilité la profession tout en enrichissant les connaissances de chacun-e.

Main image: 

3 Billboards – Martin McDonagh

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Une qualité d’écriture et une vraie sensibilité que l’on ne peut ôter à l’auteur même si le dénouement laisse perplexe tant le réalisateur ne nous donne pas la possibilité d’aller au bout de l’histoire.
Text: 

Mildred Hayes a perdu sa fille lors d’un terrible assassinat sur une route perdue de la commune où elle vit. Aucun suspect n’a été appréhendé et après 3 mois sans nouvelle de l’enquête, la mère de famille veut frapper un grand coup pour se faire entendre.

Elle décide de louer 3 grands panneaux que plus personne n’utilise sur la route où sa fille a été agressée pour y afficher un message très provocateur visant le très respecté chef de la police du conté. L’action aura l’effet d’une petite bombe auprès de la communauté de la petite ville du Missouri et n’aura de cesse de provoquer de multiples réactions souvent violentes et profondes.

Actuellement à l’affiche de l’Arvor, Martin McDonagh sait parfaitement décrire crûment les individus, dans leur étrangeté et leur fragilité cachée. Les portraits sont plus fins qu’ils n’y paraissent et leur densité apparaît crescendo au fil de l’intrigue. Une intrigue légèrement saturée de faiblesses et de douleurs qui révèle tout de même une bonne dose d’humanité même chez les personnages les plus idiots et mauvais. L’œuvre est un subtil mélange de violence brute et d’humour noir.

Une qualité d’écriture et une vraie sensibilité que l’on ne peut ôter à l’auteur même si le dénouement laisse perplexe tant le réalisateur ne nous donne pas la possibilité d’aller au bout de l’histoire. Comme si ce type de faits divers violents et insolites étaient une histoire sans fin à notre époque.

À noter les interprétations magnifiques de Frances McDormand et Sam Rockwell. Un mélodrame bouleversant et humain qui pointe une bonne fois pour toutes le talent de Martin McDonagh.

Main image: 

Les Rives du Destin – Abdolreza Kahani

Posts section: 
List image: 
Summary: 
L’auteur dépeint avec pragmatisme une législation largement favorable aux hommes et les classes populaires de Téhéran avec un réalisme empoignant et captivant.
Text: 

Samira, jeune mère fraichement divorcée, quitte sa province natale pour venir s’installer à Téhéran. Provisoirement sans son enfant, elle cherche à se bâtir une nouvelle vie. Samira est bien déterminée à se construire une vie de femme indépendante et à s’émanciper de la domination masculine qui semble avoir été pour elle une source de souffrance.

Grace à l’aide d’amis pour certains soupçonneux, elle trouve un logement provisoire et se met très vite à la recherche d’un travail afin de sortir de la précarité. Une chance pour elle que certains de ses amis lui accorde leur confiance et la soutienne dans ses démarches face à un ex mari esseulé et orgueilleux qui tente tout ce qu’il peut pour regagner l’autorité sur son ex femme.

Lui aussi est à Téhéran. Dans un premier temps, il essaye d’influencer l’entourage divisé qui aide Samira. Se heurtant à une volonté charitable, il ira jusqu’à les menacer. Malgré tout la jeune femme s’efforcera coûte que coûte de se frayer un chemin vers une vie meilleure et surmonter les nombreux obstacles sur son chemin.

Tiré d’un fais divers survenu dans sa propre famille, le réalisateur Abdolreza Kahani fait de son huitième long métrage une œuvre revendicatrice. Dénonçant un conservatisme rigoureux dans la société iranienne le film sera quasi invisible pour cause de non diffusion.

L’auteur dépeint avec pragmatisme une législation largement favorable aux hommes et les classes populaires de Téhéran avec un réalisme empoignant et captivant.

Main image: 

Une femme heureuse - Dominic Savage

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Une héroïne moderne, sans glamour ni fantaisie, qui touche par sa sensibilité de desperate housewife à l’anglaise. Une chronique plus qu’un film qui dessine avec habilité les contours précis et quasi immuables de la dépression.
Text: 

Tara est une femme accomplie en apparence. Mariée à un homme qui a bien réussi et mère de deux enfants, elle mène une vie de mère au foyer dans la banlieue londonienne. Mais Voilà Tara n’est plus heureuse. Elle ne se reconnaît plus dans cette vie calme et rangée. Elle s’ennuie et en vient à ne plus supporter son mari et ses enfants.

Perdue, elle se refuse à demander de l’aide à son mari pour lequel elle exprime une certaine aversion. Celui-ci finira par comprendre que quelque chose ne va pas sans pouvoir agir tant la jeune trentenaire est fermée. Il lui faudra alors fuir. Loin, jusqu’à Paris où elle se rêve en étudiante en arts.

Cette fuite de l’autre côté de la manche aura pour conséquence une nouvelle réflexion sur sa propre vie, en partie. Les rencontres faites dans la ville lumière seront déterminantes et lui permettront d’engager de nouvelles forces dans les conflits intérieurs qui la malmènent. La mise en scène de la dépression de la jeune femme est très bien menée par le réalisateur Dominic Savage.

La longueur des plans, le rythme et la monotonie des expressions physiques sont tous là pour parfaire l’enlisement du personnage incarné par Gemma Arterton. L’actrice, elle-même productrice du film, est criante de vérité dans ce personnage qui se meurt. Une héroïne moderne, sans glamour ni fantaisie, qui touche par sa sensibilité de desperate housewife à l’anglaise.

Une chronique plus qu’un film qui dessine avec habilité les contours précis et quasi immuables de la dépression.

Main image: 

Carnivores - Jérémy et Yannick Renier

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Le film est un thriller au suspens haletant et crescendo. Un thriller psychologique bien réalisé et au rythme efficace dans lequel on notera les deux très belles interprétations de Leïla Bekhti et Zita Hanrot.
Text: 

Mona rêve d’être comédienne. Au sortir du conservatoire elle aspire à interpréter des rôles à l’écran mais c’est sa sœur cadette, Sam, qui se fait repérer et devient vite une actrice de renom. À l’approche de la trentaine, Mona se voit attribuer le rôle d’assistante auprès de sa sœur sur un tournage. Ce dernier est éprouvant pour Sam ce qui rendra l’aide de sa sœur si précieuse.

Alors que Sam délaisse son rôle de mère et de compagne et se fait déborder pas son investissement au sein des tournages, c’est Mona qui prend le relais. Elle s’installe chez eux, s’occupe de son fils et prend part à la vie quotidienne de la petite famille. Après un tournage difficile, Sam disparaît.

Mona devra alors plus encore assumer son rôle et sa présence auprès du compagnon et du fils abandonnés. Alors que toute la famille est sans nouvelle de Sam, Mona se verra proposer un rôle important au cinéma. Un nouveau départ semble alors s’amorcer pour elle. Pour leur premier long métrage les frères Renier racontent l’histoire trouble et ambiguë de deux sœurs.

Le film est un thriller au suspens haletant et crescendo. L’œuvre se permet de ne pas cacher les corps et les esprits violentés par les rapports humains. L’atmosphère se charge peu à peu et s’il s’agit bien de rivalité au sein de deux sœurs, les auteurs mettent en scène une animalité et une tension qui embarquent le spectateur.

On notera les deux très belles interprétations de Leïla Bekhti et Zita Hanrot. Un thriller psychologique bien réalisé et au rythme efficace.

Main image: 

Lady bird - Greta Gerwig

Posts section: 
List image: 
Summary: 
La comédie piquante est excellemment bien rythmée et tenue avec habilité par la jeune actrice Saoirse Ronan. Un teen movie mélancolique nourrie d’une intériorisation douce-amère.
Text: 

Christine, dit Lady Bird, est un drôle d’oiseau. Coincée entre sa mère butée et au fort tempérament et son école catholique peu tolérante en cette année 2002, Lady Bird veut s’émanciper et rêver d’une vie d’artiste et d’écrivaine à New York.

Les tensions familiales, une situation financière et sociale rétrogradée depuis le récent chômage du père et une maison dans les quartiers modestes de Sacramento ne font pas briller la jeune fille. Alors, l’adolescente aux cheveux rouges à qui rien ne convient, prétend habiter une belle villa des beaux quartiers et ment pour améliorer son image.

Elle enchaîne les petits copains qui malgré leurs différences et l’excitation des premiers émois demeurent décevants. Bref, dans cette vie, tout est frustration pour la jeune Lady Bird. Le terrain de jeu de la réalisatrice Greta Gerwig ne révolutionne pas le cinéma post adolescent.

Pourtant dans son premier film, la réalisatrice mêle avec aisance l’égocentrisme et le désespoir de cette jeune américaine des middle class aux classiques déceptions amicalo-sentimentales et à l’incapacité à être en phase avec le monde des adultes. La cinéaste, elle-même native de Sacramento, nous donne l’impression de nous dévoiler son journal intime. Un passé avec une pointe d’amertume et de regrets. Signe d’un passage compliqué, d’une jeunesse un peu ratée avec l’espoir naïf de lendemains meilleurs.

La comédie piquante est excellemment bien rythmée et tenue avec habilité par la jeune actrice Saoirse Ronan. Un teen movie mélancolique nourrie d’une intériorisation douce-amère.

Main image: 

In the fade - Fatih Akin

Posts section: 
List image: 
Summary: 
Si la fin est quelque peu inattendue, le film est une œuvre fracassante et puissante qui oblige les acteurs à être complètement dévoué à leurs rôles.
Text: 

De nos jours, Katja et Nuri vivent le grand amour dans la ville de Hambourg où ils élèvent leurs fils Rocco. D’origine kurde, Nuri travaille dans une petite agence d’un quartier multiculturel. Pour Katja, tout s’effondre lorsque son fils et son mari sont pulvérisés lors d’un attentat à la bombe sur le lieu de travail de ce dernier.

L’effroi est terrible et la douleur insupportable. Bien décidée à comprendre et à faire payer aux responsables le prix de l’assassinat de son mari et de son fils, Katja devra faire face à une procédurale et insidieuse justice. Même si tout rend coupable et semblent désigner sans équivoque comme auteurs du crime les deux accusés, ces derniers seront acquittés par le jury.

De là naîtra l’injustice et l’amertume de devoir vivre avec la certitude que les meurtriers de sa famille n’auront pas à assumer leurs actes. La volonté de vengeance de la femme anéantie fera naître une obsession de réparation à la fois conscientisée et instinctive. Inspiré par la série de crimes racistes qui ont eu lieu en Allemagne entre 2000 et 2009, Fatih Akin présente une œuvre crépusculaire et sans issue.

Si la première partie du film procède comme un thriller, la seconde raisonne de manière beaucoup plus émotionnelle et impose à Diane Kruger qui interprète Katja, une envergure dramatique féminine impériale et une posture de veuve vengeresse très persuasive. Si la fin est quelque peu inattendue, le film est une œuvre fracassante et puissante qui oblige les acteurs à être complètement dévoué à leurs rôles.

Main image: 

The Florida project - Sean Baker

Posts section: 
List image: 
Summary: 
De ce film se dégagent une féminité guerrière, une rage intrinsèque et un parfum d’apocalypse imminente. Une chronique sociale très charismatique.
Text: 

Derrière la belle carte postale de Disney World Florida, il y a ces pauvres et démunis qui peuplent les motels du coin. L’Amérique des déclassés, victimes de la crise des Subprimes, est ici représentée par les enfants des ces adultes qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Ici on entrevoit l’envers du décor décrépi de la fantasque et luminescente Orlando.

Halley, peu concernée par l’éducation de sa fille Moonie, vit au jour le jour ou plutôt au rythme des vendredi où le loyer du motel doit être payé. La jeune fille, encouragée par les frasques et arnaques en tout genre de sa mère, passe ses journées à traîner avec d’autres gamins des motels environnants.

Derrière la réalité sociale du mal logement le film aborde le sujet de l’enfance avec un rhétorique trash et annonciatrice. Si au travers des enfants on y décèle les défaillances des adultes, ils sont le cœur du récit et incarnent là l’Amérique de demain. Willem Dafoe est extraordinaire en manager concerné. Il veille avec compassion et humanité sur les habitants des lieux mais doit aussi parfois jouer au gendarme lorsque les choses dégénèrent.

Brooklyn Prince dans le rôle de Moonie, en devient, par son jeu éblouissant, le moteur du récit et la pièce maîtresse. Le monde merveilleux de Mickey et Donald prend une droite en pleine face. De ce film se dégagent une féminité guerrière, une rage intrinsèque et un parfum d’apocalypse imminente. Une chronique sociale très charismatique qui lui aura valu une sélection à la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2017.

Main image: 

Le brio - Yvan Attal

Posts section: 
List image: 
Summary: 
La prestation du duo d’acteurs principaux, Camélia Jordana et Daniel Auteuil, est assez brillante. Au delà de l’aspect caricatural, la comédie demeure intelligente et armée de quelques fantaisie.
Text: 

Neïla vit avec sa mère à Créteil. La jeune fille de 20 ans rêve d’une carrière d’avocate et suit ses études de droits à l’illustre université d’Assas de Paris. Dès son arrivée elle se confronte au professeur Pierre Mazard, réputé pour ses provocations et ses dérapages. L’homme est cinglant et sans compassion pour ses étudiants qui le voient comme un homme sadique et cruel.

Menacé d’exclusion par le conseil de discipline pour l’une de ses fameuses humiliations, il devra se racheter et acceptera, pour ce faire, de coacher la jeune étudiante pour le très prestigieux concours d’éloquence. Si la tâche s’annonce ardue, l’obstination et le courage de Neïla n’auront d’égaux que le cynisme et l’exigence de son professeur.

À la fois scandalisée et charmée par son nouveau mentor, elle se dépassera et éblouira ce dernier et l’ensemble des jurés du concours en passant un à un les tours d’élimination. Le film aborde de manière innovante le dépassement de soi de ces jeunes nés de l’autre coté du périphérique. Le brio ou l’histoire de 2 individus que tout oppose et que l’amour du mot va réunir.

Si le long métrage d’Yvan Attal flirte avec le convenu et le politiquement correct, il nous offre de savoureux dialogues entre la banlieusarde et l’intellectuel. La prestation du duo d’acteurs principaux, Camélia Jordana et Daniel Auteuil, est assez brillante. Le troisième personnage du film étant la rhétorique. Au delà de l’aspect caricatural, la comédie demeure intelligente et armée de quelques fantaisie.

Main image: 

Pages