Nymphomaniac - Lars Von Trier

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C'est avec intelligence que le cinéaste distille l'équation du jugement et témoignage de son compteur et de son auditoire.
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Seligman est un vieux et charmant célibataire. Il découvre au fond d'une rue sombre un soir d'hiver une femme rouée de coups à demi consciente. Elle s'appelle Joe. Il la ramène chez lui, la soigne et de là va naître une longue discussion sur la vie de cette femme, de sa naissance jusqu'à ses 50 ans. Le parcours mouvementé se laissera volontiers compter par Joe qui s'auto diagnostique nymphomane. Dans ce premier volume, on découvre avec intensité les premiers pas de la sexualité d'une jeune fille obsédée très tôt par son sexe, le sexe et le chemin de la séduction et du plaisir. Immoral et parfois obscène, ce chemin de vie nous engloutit parfois sous les très crus détails visuels des innombrables rapports sexuels. Lars Von Trier nous plonge avec beaucoup de liberté au cœur de la tourmente de Joe qui n'a de cesse de canaliser ses émotions à travers ces multiples relations sexuelles. Le spectateur pourra se sentir brusqué par les enchaînements, entre la quiétude de la chambre de Seligman et le parcours érotique et malaise émotionnel de la jeune femme. Très loin de la grivoiserie, parfois inconvenant et scabreux, l'auteur cherche avec habilité à faire surgir la douleur de l'héroïne synthétisée autour du sexe. Un film qui ne choque pas mais intrigue sous la peau d'une alternative poésie référencée en littérature et musique classique. C'est avec intelligence que le cinéaste distille l'équation du jugement et témoignage de son compteur et de son auditoire.

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Les Gazelles - Mona Achache

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La galerie de personnages ne rattrapera pas la fragilité du discours et l’austérité du récit qui agace par son manichéisme.
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Marie et Eric sont deux trentenaires vivant en couple depuis le lycée. Le quotidien ayant rongé la romance, Marie se voit prise d’un violent doute qui la pousse à claquer la porte et quitter son amour de toujours. Mais voilà, où aller ? Que faire ? Et vers qui se tourner ? L’héroïne un brin loufoque et globalement perdue dans sa vie tentera de donner une nouvelle impulsion à celle-ci grâce à la rencontre d’un groupe de filles. Célibattantes à 100%, ces filles revendiquent leur statut à coup de nuits endiablées, d’ivresse d’alcool et de mecs d’un soir. Avec le concours de conseils frôlant le sexisme mais plus souvent la bêtise des stéréotypes, Marie va tenter de remonter la pente. Sous le vernis d’une vie assumée, le célibat est un monde sans pitié. Tel est le propos de l’auteur. Un film loin d’être à la hauteur de ses prétentions qui nous décrit plus une crise d’adolescence tardive qu’une fable moderne de la femme d’aujourd’hui. Un questionnement souvent brumeux et un dénouement plein d’incohérence servent au plus mal le second film de Mona Achache. Si l’idée semblait bonne, le résultat est décevant par sa teneur. Une comédie polluée par une énergie contre-productive donnant une image de la femme superficielle et méprisante, parfois à la frontière du ridicule. Malgré un casting dense, la galerie de personnages ne rattrapera pas la fragilité du discours et l’austérité du récit qui agace par son manichéisme.

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12 years a slave - Steeve McQueen

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Entre devoir de mémoire et curiosité, un film à découvrir.
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Sacré meilleur film à la cérémonie des Oscars 2014, début mars, 12 years a slave était grand favoris pour rapporter quelques prix. Parfaitement calibré pour les Oscars puisque film historique tiré d’une autobiographie, il est l’adaptation de l’ouvrage de Solomon Northup relatant l’histoire vécue de l’auteur lui-même. Une histoire de vie stupéfiante. 1841, état de New York, Solomon Northup est un afro-américain né libre qui travaille et est père de famille. L’homme sera kidnappé et réduit à l’esclavage en Louisiane dans les champs de coton. Son calvaire durera 12 ans et l’homme s’en sortira par chance, ce qui lui donnera l’occasion de témoigner vivant et écrire son histoire. C’est donc avec force et précision des détails que l’enfer vécu sera conté. Servi par de belles interprétations et une image implacable, le film frappe avec autorité et puissance dans l’émotionnel et la répulsion. Les tortures physiques et supplices psychologiques ébranlent avec effroi le spectateur qui se voit poussé dans les limites de sa perception de l’horreur. Entre excitation et commotion, on pourra néanmoins reprocher à la réalisation une complaisance certaine qui, à travers un schéma classique de narration, lasse par la semi pauvreté de l’enchaînement des actions visant à émouvoir. Entre devoir de mémoire et curiosité, un film à découvrir.

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Les garçons et Guillaume à table - Guillaume Galliene

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Véritable hommage à la figure maternelle mais aussi aux femmes. Une œuvre à déguster assurément et un artiste complet à suivre.
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Très largement récompensé lors de la dernière cérémonie des Césars, Les garçons et Guillaume à table est l’adaptation du one-man-show vieux de 7 ans de Guillaume Gallienne. Pour son premier film, le comédien fait rimer, autour d’une autobiographie, Comédie Française et comédie populaire. L’histoire trouve sa source dans la fascination et l’adoration d’un petit garçon pour sa mère qui grandit dans le fantasme d’être une fille. Un malentendu familial et des conventions qui pousseront le jeune homme qu’il deviendra à aimer les garçons. Le parti pris dans l’écriture de Guillaume Gallienne est là de se questionner sur l’obligation de devoir, par conformisme, être homosexuel lorsque l’on est efféminé. La réussite de l’œuvre réside dans le pouvoir comique du génie de l’interprétation du comédien qui interprète à la fois son propre personnage et celui de sa mère. Dans l’élégance absolue, l’auteur et comédien se travestit et incarne avec autant de douceur que de vulgarité les nombreuses situations à la fois tristes et ironiques de la vie du jeune homme. Une sensibilité révélée à l’écran par un personnage dans l’apprentissage des expériences d’une vie qui le mènera à faire son coming out hétéro. Véritable hommage à la figure maternelle mais aussi aux femmes. Une œuvre à déguster assurément et un artiste complet à suivre.

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Lulu femme nue - Sólveig Anspach

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Une comédie fraîche qui nous dévoile avec charme la beauté et dureté du cycle d’une renaissance.
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Un entretien d’embauche raté et un retour à la maison par le train qui ne se fera pas, Lulu semble être éprise d’une sensation envahissante. Une envie de s’évader et un besoin non prémédité de liberté. Lulu, interprétée par Karine Viard, vaque ici ou là, sur la côte durant quelques jours cherchant probablement un sens à son existence. Un déterminisme auquel la mère de famille tentera d’échapper ne serait-ce qu’une nuit. Une nuit qu’elle prolongera, se laissant porter par l’instant. Sur le chemin de l’errance spirituelle, Lulu fera une rencontre. Aussi inattendue qu’étonnante, la rencontre avec Charles interprété par Bouli Lanners, notre héroïne saura en faire un moment de contentement. Tous deux au bord du monde, ils s’aimeront dans cet instant de grâce. Une fois l’alliance égarée, seul le portable la relira encore à sa vie quotidienne. Le film de Sólveig Anspach est une libre adaptation de la bande dessinée Lulu femme nue d'Étienne Davodeau. L’émancipation d’une femme en quête d’elle-même est filmée avec beaucoup de tendresse et une certaine poésie réaliste. Une chronique de libération et du lâché prise adapté au beau personnage de Lulu mais aussi aux personnages satellites de son heureuse aventure. Une comédie fraîche qui nous dévoile avec charme la beauté et dureté du cycle d’une renaissance.

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Chaque jour que Dieu fait - Paolo Virzi

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Paolo Virzi nous rappelle que la vie n’est ni linéaire, ni un itinéraire tout tracé et c’est bien en cela que réside toute la beauté de celle-ci.
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Guido et Antonia, que tout oppose, forment un couple fort et énergique. Lui, timide, cultivé et pragmatique, elle frénétique, angoissée et créative. La passion les réunis et leur vie est à leur image, irrégulière et décalée. Lui travaille la nuit dans un hôtel et la rejoint au petit matin afin qu’elle, à son tour, se rende au sien. Ce couple très attachant que Paolo Virzi nous permet d’observer de près nous renvoi à nos propres angoisses existentielles et pressions sociales. C’est dans le désir et le besoin aussi soudain qu’inattendu d’avoir un enfant que naîtra une fêlure. Au-delà du problème de l’infertilité et des protocoles médicaux qui l’accompagnent, il est plus question au sein de ce couple aussi excentrique que génial de pouvoir assumer ou pas une différence de plus. Leur environnement est-il plus hostile que dissuasif face à ces différences sur lesquelles s’est construit leur amour ? Un amour en danger mais pour lequel nos deux protagonistes vont réellement être prêts à s’interroger, quitte à ne rien s’épargner. Au chapitre de l’antithèse, Paolo Virzi nous rappelle que la vie n’est ni linéaire, ni un itinéraire tout tracé et c’est bien en cela que réside toute la beauté de celle-ci. Ainsi chaque jour nous offre la possibilité de l’aimer d’un bonheur jusque-là inconnu.

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Suzanne - Katell Quillevéré

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Les actrices sont remarquables de sincérité et proposent un jeu épuré, touchant et qui favorise l’intensité dramatique qui fait la force du film.
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Il y a Suzanne, fragile et rêveuse puis Marie sa sœur, son pôle et son équilibre malgré des intérêts et préoccupations différents. Pour les accompagner et les soutenir dans leurs vies il y a Nicolas, leur père routier. La maman ayant disparu prématurément, le papa plein d’amour pour ses deux filles est aussi démuni que désarmé pour veiller sur elles. Mais voilà Suzanne est comme absorbée par les évènements qu’elle vit avec intensité. Sans bien comprendre les raisons de ses choix, elle veut vivre. Très jeune elle tombera enceinte. Comme prédestinée à la tragédie et n’aspirant qu’à l’amour, elle suivra un jeune voyou quitte à abandonner son jeune fils et sa famille. Cette fuite en avant la conduira en prison. Les sacrifices ne sont pas mesurés chez Suzanne. C’est l’amour qui la guide. L’instabilité et les erreurs ne racontent rien d’autre que la noirceur intériorisée par cette définitive romanesque qu’est Suzanne. Durant une vingtaine d’années, la réalisatrice Katell Quillevéré cueille les moments de la vie douloureuse d’un triangle familial. Les deux actrices Sara Forestier et Adèle Haenel sont tout simplement remarquables de sincérité et proposent un jeu épuré, touchant et qui favorise l’intensité dramatique qui fait la force du film.

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La marche - Nabil Ben Yadir

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La sincérité de l’auteur Ben Yadir se diffuse et affecte le spectateur qui suivra l’aventure avec beaucoup de plaisir.
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Une bande de potes d’un quartier lyonnais se met en branle et s’active autour d’un projet, lutter contre l’intolérance et la xénophobie. Pour faire entendre leur voix, ces ados issus de l’immigration, ou non, autour desquels se sont réunis des tempéraments, décident d’entamer une marche jusqu’à Paris. Le film aborde sans complexe une page de l’histoire contemporaine de France. Des évènements qui se sont déroulés en 1983 au lendemain de la victoire socialiste de 1981. Un défi pour le réalisateur de s’attaquer à une fiction de reconstitution sans trop flirter avec un discours partisan. La force et la puissance du film résident dans le charisme des personnages qui, fédérés, affirment une belle conviction commune. Une troupe aux multiples visages des minorités avec un regard lucide et précurseur sur le racisme et l’injustice en France. Malgré, par moment un manque de sobriété et subtilité dans le discours cinématographique, l’objectif de mettre en perspective le combat et le courage de ces jeunes inspirés par une volonté de justice sociale est atteint. La sincérité de l’auteur Ben Yadir se diffuse et affecte le spectateur qui suivra l’aventure avec beaucoup de plaisir. Un film de bande aux allures de comédie qui touche et sensibilise autour d’une épopée humaine.

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L'attentat - Ziad Doueiri

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Outre l’acte terroriste et le drame humain, ce film sonde la souffrance d’un homme troublé et acculé par les limites de l’intégration.
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Amine est un grand chirurgien à Tel-Aviv. Alors qu’il reçoit la reconnaissance de ses pairs, il s’apprête à perdre celle qu’il aime. À la suite d’un attentat terroriste à Tel-Aviv, la police israélienne conclut très vite que le kamikaze est une kamikaze et qu’il s’agit de son épouse. Un temps soupçonné, le médecin, parfait modèle d’intégration, se mettra en quête de vérité afin de comprendre comment sa femme palestinienne a pu commettre un tel acte. Dans le déni et pensant qu’on l’a enrôlée, il entrera dans les territoires Palestiniens afin de rencontrer les leaders jihadistes qu’il croit être les vrais responsables. La confrontation entre sa vie et la réalité des territoires occupés est violente pour l’homme cultivé et pacifiste qu’il est. Cheminant l’ultime parcours de sa femme, l’homme sera chamboulé dans ses convictions. Au-delà d’un questionnement politique basé sur le constat d’échec, l’histoire adaptée du best-seller éponyme de Yasmina Khadra, aborde avec parcimonie la question de la place et de l’identité des Arabes Israéliens. Outre l’acte terroriste et le drame humain, le film de Ziad Doueiri sonde la souffrance d’un homme troublé et acculé par les limites de l’intégration et, dans les pas de sa femme devenue martyr, de sa double identité israélo-palestinienne.

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3096 jours - Sherry Hormann

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Une adaptation haletante et rigoureuse plutôt en cohérence avec le récit bouleversant et émouvant de la rescapée.
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Le 2 mars 1998, la jeune Natascha Kampusch se rend pour la première fois, seule et à pied, à son école. Sur le chemin, elle sera enlevée par Wolfgang Priklopil, un électricien trentenaire et célibataire. Dans une pièce de 5m2, elle vivra plus de 8 années sous le joug de son ravisseur. La violence psychologique et le harcèlement composent l’arsenal de son bourreau qui n’aura de cesse de détruire sa véritable identité et par là même son enfermement physique et mental. Elle finira par s’enfuir après 3096 jours d’emprisonnement. Le film est adapté du récit de vie de la victime. Histoire qui fut en 2006 relayée par les médias du monde entier. Une réalisation réaliste qui dévoile avec force la cruauté du quotidien et le calvaire de la jeune femme dans cette cave sinistrement aménagée et conçue pour la capture. On regrette néanmoins la réalisation en anglais et non en allemand, dommageable pour la compréhension et la matérialisation du drame. Une volonté qui répond probablement à l’effroi international qu’a suscité l’affaire. Une adaptation haletante et rigoureuse plutôt en cohérence avec le récit bouleversant et émouvant de la rescapée.

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