La tête haute - Emmanuelle Bercot

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L’auteure filme les éclats de rage du jeune garçon avec beaucoup de justesse sans jugement ni discours. Les interprétations de Catherine Deneuve et Benoît Magimel sont excellentes.
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L’histoire de Malony commence à Dunkerque dans le bureau d’un juge pour enfants. Sa mère, complètement dépassée et bien incapable de s’occuper de son enfant, le laisse et l’abandonne dans ce bureau. Dès lors la vie de Malony sera prise en charge par les services sociaux. On retrouve le jeune garçon dix ans plus tard après un parcours chaotique au sein des foyers et centres d’éducation. Adolescent buté, mutique et violent, Malony se heurte encore et une fois de plus à la loi et la juge qui le suit. Afin de lui éviter la prison, la juge l’oriente vers une nouvelle prise en charge et surtout un nouvel éducateur. Entre ce dernier et Malony va naitre une histoire d’amitié et de confiance. Les difficultés sont réelles et majeures. Avec l’aide et le soutien de cet éducateur et de la juge qui le suit depuis sa petite enfance, le jeune garçon va grandir et aborder la vie avec rage et vivacité. Emmanuelle Bercot a déniché un acteur percutant qui sollicite le spectateur. L’adolescent incarne la peur et la violence. Ce parcours disparate et destin brisé d’un mineur délinquant relève du mal-être d’une jeunesse broyée. Les interprétations de Catherine Deneuve et Benoît Magimel sont excellentes. Le film est bondissant et l’enjeu de l’instant fatidique. L’auteure filme les éclats de rage du jeune garçon avec beaucoup de justesse sans jugement ni discours. Derrière la colère et les cris, la fuite en avant du jeune homme en devenir ne cache qu’un manque d’amour et une peur d’aimer.

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Marguerite - Xavier Giannoli

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Xavier Giannoli signe un film d’époque qui dépeint finement la haute société et les frasques et caprices d’une grande bourgeoise. Un film drôle et pittoresque.
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Dans le Paris des années 20 et de l’après guerre, Marguerite Dumont est une femme fortunée qui se passionne pour la musique d’opéra. Devant un cercle d’habitués déjà conquis mais néanmoins pas dupes, Marguerite qui est persuadée d’avoir un don, chante tragiquement faux sans que personne ne le lui dise. Entretenue dans ses illusions et sans que son entourage et son mari n’osent lui dire la vérité, elle se met en quête de se produire devant un vrai public dans un opéra. Dès lors une bande de courtisans et adeptes de la folie de cette riche illuminée l’entourent et la conseillent dans cette insensée course au ridicule. Xavier Giannoli nous propose un faux biopic follement habité par Catherine Frot. Un film d’époque qui dépeint finement la haute société et les frasques et caprices d’une grande bourgeoise. Marguerite est divinement incarnée par Catherine Frot qui en fait un personnage courageux et touchant dans son héroïsme. Ce que le réalisateur cherche aussi à nous montrer c’est que Marguerite, au-delà d’être un personnage futile et naïf, ne souhaite que l’amour de son mari gêné qui ne la regarde plus que comme un monstre. Si Marguerite se dédie entièrement à sa passion la musique c’est qu’elle a perdu l’amour de l’être aimé. Comme dans certaines de ses œuvres précédentes Xavier Giannoli s’interroge sur l’imposture humaine. Un film drôle et pittoresque.

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Taxi Téhéran - Jafar Panahi

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Un film magnifique et non dénué d’humour et d’instants cocasses qui propose une vraie vision moderne de l’Iran actuel et surtout de Téhéran.
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Quelle balade que celle proposée par Jafar Panahi. Le réalisateur iranien joue au taxi dans sa ville, Téhéran, faisant la course de plusieurs hommes et femmes. À l’aide d’une caméra posée à l’intérieur du véhicule et parfois de téléphone et appareil photo, Jafar Panahi saisi des moments de vie plein d’intensité et de volupté. Si le cadre et l’expérience sont simples, l’aboutissement provoquent de vraies émotions et livre au spectateur une vision profondément humaniste et un regard amoureux de Téhéran et ses habitants. Telle une fresque urbaine les citadins et usagers du taxi s’enchaînent les uns après les autres s’exprimant avec beaucoup de liberté et de conviction auprès de leur interlocuteur. C’est une véritable mosaïque d’impressions et de discours qui passent devant la caméra du réalisateur. Un dispositif d’une grande simplicité qui recueille des témoignages sincères et sur le vif. Jafar Panahi qui, tour à tour, transporte un couple avec un homme blessé, une institutrice, deux vieilles dames, un pirate et revendeur de films, un vieil ami et sa nièce, semble être touché et serein face à ces instants de vies à la fois poétiques, profonds et dérisoires. Un film magnifique et non dénué d’humour et d’instants cocasses qui, au-delà du voyage, propose une vraie vision moderne de l’Iran actuel et surtout de Téhéran.

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Rendez-vous à Atlit - Shirel Amitaï

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Le message d’espoir est plutôt beau et les actrices livrent avec fraîcheur et justesse leur histoire. Un film familial où brillent trois comédiennes talentueuses et sincères.
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Israël, 1995, alors que le processus de paix au Proche-Orient se profile à l’horizon, 3 sœurs se retrouvent dans la vieille demeure de leurs parents décédés. Dans la petite ville d’Atlit, Cali, Darel et Asia sont réunies afin de vendre la maison héritée. Pendant ce séjour qui les replonge dans leur passé commun, la complicité amusée des jeunes femmes laisse place aux querelles et rancoeurs qui réapparaissent. Chacune investit l’espace et s’accapare le bien commun afin de lui rendre une seconde vie, comme pour réveiller l’être endormi qui sommeille au sein de cette vieille pierre. Le réalisme ambiant s’estompe peu à peu pour donner place à une teinte fantastique. Les parents jaillissent dans un présent chargé de tension entre les 3 sœurs, ce qui ne va pas sans compliquer la lecture de l’oeuvre. Si les intérêts mémoriels ou financiers divergent et l’harmonie fraternelle est quelque peu mise à mal, l’atmosphère aux grandes heures et grandes décisions vers une paix dans la région gargarise la fratrie. Le message d’espoir est plutôt beau et les actrices livrent avec fraîcheur et justesse leur histoire. Un film familial où brillent trois comédiennes talentueuses et sincères. La réalisatrice, sans quitter le huis clos de la propriété, évoque cette période presque heureuse, brisée par l'assassinat du premier ministre, où régnait l'espoir d'une paix possible entre son pays et la Palestine.

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Mustang - Deniz Gamze Ergüven

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Un scénario puissant et bouleversant. Chaque séquence est habitée par une énergie solaire qui colle parfaitement au tempérament des sœurs, héroïnes amazones qui luttent contre le sexisme dans une Turquie d’aujourd’hui.
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À l’est de la Turquie, dans un petit village sur les bords de la Mer Noire, vivent 5 sœurs. Leurs parents décédés, c’est leur grand-mère et leur oncle qui se chargent de leur éducation. À la sortie des classes, les filles bordent la plage et se mettent à chahuter dans l’eau avec des garçons qui se sont joints à la baignade improvisée. Les jeunes filles rentrent heureuses et les cheveux mouillés mais très vite les premières sanctions se font sentir. Les 5 sœurs se voient interdire presque tout si ce n’est ce qui peut les transformer en parfaites femmes d’intérieur et asservies à leurs futurs maris. La maison se barricade, le jardin et les fenêtres deviennent les seuls havres de liberté pour ces jeunes adolescentes pleines de vitalité. Indomptables, leurs insolentes aspirations à la liberté ne sont pas du goût de leurs aînés qui les contraignent à vivre encore plus cloisonnées du monde extérieur. Adieu les éclats de rire, études et promenades. Les murs sont surélevés et les barreaux apparaissent aux fenêtres. Puis les mariages forcés arrivent, stoppant net l’insouciance. Se soumettre ou résister ? Accepter l’inacceptable ou s’enfuir ? Le film décrit un réalisme rigoureux tiré d’un récit éclairé. Un scénario puissant et bouleversant. Chaque séquence est habitée par une énergie solaire qui colle parfaitement au tempérament des sœurs. La réalisatrice peint avec brio des héroïnes amazones qui luttent contre le sexisme dans une Turquie d’aujourd’hui.

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Tiens-toi droite - Katia Lewkowicz

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Si le film est curieux et volon­tairement chaotique et décousu il tente tant bien que mal de défier dans la dou­leur les conventions du cinéma populaire français à travers un féminisme plus hu­maniste que politique.
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Tiens-toi droite c’est le destin de trois femmes qui gravitent dans le même monde mais dont les préoccupations et réflexions sur ce monde sont très différentes. Sam est mère de plusieurs enfants et en attend deux autres. Dans sa vie de maman et de femme, Sam est au bord du burn out. Elle travaille dans une usine à poupée où elle croise Louise, une femme ambitieuse et volontaire qui vient de quitter le pressing familial pour un poste de cadre dans l’entreprise de son amant. Lili a elle été élue Miss Calédonie et va prêter ses mensurations à la fameuse poupée en élaboration. Très naïve et candide Lili est assez mal adaptée à ce monde qu’elle côtoie. Katia Lewkowicz réalise un film qui s’éparpille un peu. Une comédie qui cristallise l’hystérie féminine en mettant délibérément assez mal ses sujets en valeur. Au bord de la crise de nerf, ces trois femmes qui ne se connaissent pas ont la volonté farouche d’évoluer au sein de leur milieu. C’est ce qui va les faire se rencontrer, se juxtaposer. Si les hommes sont peu pré­sents et disparaissent peu à peu, la pres­sion des mères est bien présente. Une multiplication des points de vue et un questionnement sur l’image de la femme et son corps. Si le film est curieux et volon­tairement chaotique et décousu il tente tant bien que mal de défier dans la dou­leur les conventions du cinéma populaire français à travers un féminisme plus hu­maniste que politique.

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Qui c'est les plus forts ? - Charlotte de Turckheim

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Le scénario s’éparpille un peu mais a pour qualité de mettre à l’honneur des bat­tantes, des femmes qui luttent au quo­tidien. Excellentes interprétations d’Alice Pol et Alexandra Lamy qui dynamitent la comédie dra­matique.
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À Saint-Etienne, Samantha qui vient de perdre son emploi dans une usine à poulet se retrouve au chômage. Pom-pom girl à ses heures perdues, elle vit avec sa jeune sœur, Kim, et Céline sa meilleure amie et son plus grand soutien. Mais retrouver un travail n’est pas chose facile et si elle ne signe pas un contrat rapidement elle perd la garde de sa petite sœur Kim. Avec son amie fidèle et colocataire Céline, elles imaginent toutes sortent de solutions pour s’en sortir ensemble jusqu’au jour où un couple d’hommes sonne à leur porte pour proposer à Samantha d’être mère porteuse pour la somme de 200 000 €. La chose est illégale et Céline, considérant que son amie est prête à faire une grosse erreur, fera tout ce qui est en son pouvoir pour que Samantha refuse la proposition. Charlotte de Turckheim signe et persiste dans la réalisation de comédie populaire. Une co­médie sociale très féminine qui accu­mule quelques clichés sur la pauvreté dans la région de Saint-Etienne. Un film qui agglomère différents sujets bien à la mode comme le foot, le ma­riage pour tous et la GPA. Un scénario qui s’éparpille un peu mais qui a pour qualité de mettre à l’honneur des bat­tantes, des femmes qui luttent au quo­tidien. On remarquera les excellentes interprétations d’Alice Pol et Alexandra Lamy qui dynamitent la comédie dra­matique et son parfum légèrement subversif.

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Timbuktu - Abderrahmane Sissako

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Une reconstitution de l'occupation réalisée avec une formidable liberté. Une narration libre, quasi chorégraphiée qui pousse le spectateur à s’éveiller et s’interroger.
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Timbuktu raconte le quotidien d’une ville africaine mythique aux confins du Sahara Occidentale aux mains des djihadistes. Comment concilier un rythme de vie ancestrale avec les nouvelles règles de vie des extrémistes religieux venant imposer leur charia et semer la terreur dans des bourgades n’aspirant qu’à vivre en paix ? Toute la beauté du film réside dans ce savant mélange entre horreur et beauté. La photographie superbe met à l’honneur un décor que le réalisateur a pu observer dans ce Mali qu’il connaît bien. Entre les paysages ocre filmés avec une patience infinie et la longue sérénade du fleuve qui traverse les plaines désertiques, Abderrahmane Sissako nous fait aimer ce cadre enchanteur. Pour autant, c’est avec la même énergie qu’il s’en prend aux salafistes, se postant au chevet des interdits, il filme l’oppresseur et le résistant avec distanciation, use de la rupture de tons et d’un humour osé et téméraire. Timbuktu rend grâce aux femmes, intrépides et premières victimes des djihadistes, en appelle à leur courage et à la course à la vie. La ville tombée en 2012 aux mains des intégristes puis reprise en janvier 2013 par les français et maliens est le théâtre d’une actualité brûlante très vite recyclée en sujet de film par le réalisateur mauritanien. Il reconstitue cette occupation pour le grand écran et il le fait avec une formidable liberté. Une narration libre, quasi chorégraphiée qui pousse le spectateur à s’éveiller et s’interroger.

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Melody - Bernard Bellefroid

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Melody aborde avec sensibilité et délicatesse la question de la maternité et de la gestation pour autrui.
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Melody est une jeune coiffeuse itinérante. Modeste, les problèmes d’argent elle connaît mais la jeune femme a aussi ses rêves. Son grand projet, c’est d’ouvrir son propre salon de coiffure. Pour cela elle va décider de devenir mère porteuse. L’argent reçu en échange lui servira à engager les sommes nécessaires à l’ouverture du salon. La rencontre avec Emily, une riche anglaise et femmes d’affaires redoutable sera déterminante pour ces deux femmes. Celle-ci deviendra commanditaire du bébé qu’elle ne peut avoir. Grâce aux performances intenses de Rachel Blake et Lucie Debay, la relation qui s’installe entre Melody et Emily se révèle absolument bouleversante. Les deux femmes sont liées par la naissance de l’enfant mais aussi par leur amitié et le respect qu’elles ont l’une pour l’autre. Et c’est bien là tout l’intérêt du film, c’est à travers le langage et la transmission des émotions interprétées et moins grâce au récit que l’histoire s’avère riche et sincère. Le réalisateur Bernard Bellefroid l’a bien compris et utilise au mieux ses deux actrices pour qui chacune le défi est de taille. Ce couple de personnages leur vaudra le prix des meilleures actrices au Festival du Film du Monde de Montréal. Melody aborde avec sensibilité et délicatesse la question de la maternité et de la gestation pour autrui.

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Les héritiers - Marie-Castille Mention-Schaar

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Au carrefour du documentaire et de la fiction, ce long métrage réussi et passionnant pose un regard optimiste sur la jeunesse d'aujourd'hui.
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En 2009, une professeure d’histoire du collège Léon Blum à Créteil inscrit sa classe de seconde réputée la plus faible au concours national de la résistance et de la déportation. Cette histoire, Ahmed Dramé, acteur dans le film, l’a vécue. Face à une classe ingérable, Anne Anglès (Anne Gueguen dans le film) la professeure principale, propose à ses élèves de relever le défi. D’abord réticents, les élèves gagnés peu à peu par l’enthousiasme vont se pencher sur le thème sur lequel les candidats doivent concourir : « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». Dans cette ville très cosmopolite de Créteil et contre l’avis du proviseur, cette professeure formidablement interprétée par Ariane Ascaride réussit ce petit miracle de rassembler ses élèves autour de ce sujet. Au prix d’une réelle transformation pour la plupart d’entre eux, les élèves remporteront cette année le 1er prix au concours. Le film retrace la réalité du métier d'enseignant et les difficultés auxquelles les élèves peuvent être confrontés dans leur scolarité. La place donnée à l'improvisation apporte une spontanéité communicative. Si le sujet du film est bien l’adolescence on ne peut qu’être ébloui par le jeu d’Ariane Ascaride, juste, sensible et évidente incarnant parfaitement la professeure idéaliste. Au carrefour du documentaire et de la fiction, ce long métrage réussi et passionnant pose un regard optimiste sur la jeunesse d'aujourd'hui.

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