Cerise - Jérôme Enrico

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L’humour présent d’un bout à l’autre du film nous fait oublier les quelques faiblesses dans l’écriture ce qui n’ôtera en rien les qualités indéniables de Zoé Adjani qui apporte un grand vent de fraîcheur.
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Cerise a 14 ans mais elle en paraît 20. Outrageusement maquillée et perchée sur ses hauts talons, elle est très superficielle, ne s’intéresse qu’à sa petite personne et se fait mettre dehors de son collège. Une fois de plus arrêtée pour vol, sa mère décide de l’envoyer auprès de son père qui vit en Ukraine. Pour cette jeune fille qui a grandi derrière le périphérique l’atterrissage dans la vraie vie va être cocasse. Le premier contact avec son père, interprété par Jonathan Zaccaï, est laborieux mais ces deux-là vont devoir cohabiter ensemble. Très vite, Cerise va se prendre d’amitié pour Nina, la femme de ménage de son père. Celle-ci va l’écouter, s’intéresser à elle et lui faire découvrir son pays, l’Ukraine. Toujours avec ses rêves d’enfant mais moins centrée sur elle-même, Cerise va découvrir un pays et un peuple en pleine révolution. L’apprentissage sera efficace, elle s’éveille et la jeune fille apprendra à être plus à l’écoute des autres. Après Paulette, Jérôme Enrico signe un film agréable mais sans trop de subtilité. Cerise ou les pérégrinations d'une adolescente à la recherche de l'amour absolu... à la recherche d'elle-même. Le scénario n’est pas mauvais mais la dramaturgie frise parfois la caricature. L’humour présent d’un bout à l’autre du film nous fait oublier les quelques faiblesses dans l’écriture ce qui n’ôtera en rien les qualités indéniables de Zoé Adjani qui fait ses premiers pas au cinéma et qui apporte à ce film un grand vent de fraîcheur.

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Big eyes - Tim Burton

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Nouvelle contribution à la cinématographie du maître Tim Burton qui rejoint Ed Wood. Un film abouti qui se concentre sur l’éveil artistique d'une peintre et son combat pour la vérité.
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Trois ans après le sincère et touchant Frankenweenie, Tim Burton nous revient avec un biopic consacré à une icône de l’illustration américaine, Margaret Keane. Dans les années 50 aux USA, San Francisco, la timide illustratrice et peintre Margaret Keane devient victime d’une arnaque élaborée par son époux Walter Keane. Homme élégant, stratège du commercial et escroc notoire, il va s’attribuer toute l’œuvre de son épouse afin de mieux diriger l’empire naissant et en récolter tout le mérite et la gloire. Dépassée par le succès colossal de ses œuvres, les « Big Eyes », Margaret Keane va s’isoler et se trouver totalement dépassée jusqu’à tomber dans l’inaction. Elle se relèvera finalement et tiendra tête à son ex mari en vue de récupérer la paternité de l’ensemble des magnifiques tableaux avant-gardistes lui appartenant, jusque là frauduleusement signé et vendu sous le nom de son époux Walter Keane. Ce biopic fait référence à un fait divers et épisode judicaire bien connu aux États-Unis qui ébranla le monde de l’art des années 60. Une œuvre signée en collaboration avec les scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski. Nouvelle contribution à la cinématographie du maître Tim Burton comme ce fut le cas en 1994 à la création du merveilleux Ed Wood. Un film abouti qui se concentre sur l’éveil artistique de la peintre et son combat pour la vérité.

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Black Sails – Jonathan E. Steinberg & Robert Levine

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La seconde saison qui vient de démarrer semble s’être munie d’une écriture plus fine et plus éclairée. Un abordage dans le monde des séries plutôt réussi !
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Nouvelle et seconde saison très attendue signée Starz, Black Sails revisite le genre très historique de la piraterie. Un mot qui suscite bien des fantasmes et qui méritait bien une adaptation à l’écran. Très élaborée, la série nous présente un univers intriguant bien loin des films hollywoodiens aseptisés avec une bonne dose de violence, sexe et enjeux politiques. En ce XVIIIème siècle, l’île de Nassau en mer des Caraïbes est le centre de cette piraterie qui sert de plaque tournante et marché de revente des marchandises volées lors des attaques en mer. Et si l’ambiance à bord est très masculine, bon nombre de femmes à terre ont un rôle crucial à jouer, tout comme la non moins patronne de l’île, le personnage de Mlle Guthrie qui scelle le sort de la capitainerie locale. Un casting de pures gueules et un cocktail bravoure, sang, sueur et crasse sont bien partisans d’une certaine esthétique mais l’ensemble du dispositif demeure au service d’un scénario qui ne manque pas de charme et d’intelligence. Celui-ci se tisse d’épisodes en épisodes et nous entraine en houleux tourments. Entre aventures romantiques et romanesques, ce qui importe le plus c’est bien la tension permanente entre les différents personnages. Si l’ambition première et louable est de divertir, la seconde saison qui vient de démarrer semble s’être munie d’une écriture plus fine et plus éclairée. Un abordage dans le monde des séries plutôt réussi !

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Février 2015

Writers: 
Marie Le Levier
Writers: 
Morgane Soularue
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Il y a Yvonne et Marguerite, les inséparables, Andrée, Geneviève et Anne-Claire. Elles sont cinq, « le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin » de Paul Eluard, leurs regards délavés scrutant l’horizon, attendant de voir revenir l’absent, dans le calme pesant de leurs intérieurs ou dans l’angoisse de la tempête qui bat leurs fenêtres d’embruns et de sel. Elles crèvent l’écran, actrices d’un quotidien fait d’espoir et de silence seulement rompu par le fracas des vagues. Captives de leur destin de femmes de marins. Cinq témoins rares de cette vie suspendue aux caprices de la mer. Trois sont veuves et disent avec pudeur leur malheur. Les deux autres sont seules à terre de longs mois, partageant leur quotidien avec leurs enfants que les pères n’ont souvent pas vus naître. Derrière la caméra, une réalisatrice pleine de talent, Frédérique Odye. Cette fille de marin pêcheur normand a ici réuni ses deux amours, la mer et l’art. Son documentaire, Les Veilleuses de Chagrin, est un bijou délicat et fort, poétique et feutré. Jamais elle ne tombe dans le pathos ni dans la surenchère esthétique, ou pire dans le voyeurisme outrancier. Plus qu’un hommage, elle livre une ode fragile et bienveillante, fidèle et brutale, aux femmes de marins.

Les Veilleuses de Chagrin, de Frédérique Odye, produit par Delphine Benroubi, Palikao Films.

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Doit-on se méfier de la réforme du congé parental ? Le 31 décembre dernier, deux décrets ont été publiés au journal officiel dans l’objectif  de mieux répartir le temps de congé des parents. Le 1er décret transforme le nom de la prestation versée en « Prestation partagée d’éducation de l’enfant » et le 2ème décret étend de 6 mois la durée du congé parental. Pour un premier enfant elle passe ainsi de 6 mois à 1 an (à condition que les deux parents en fassent la demande) et dès le deuxième enfant, reste fixée aux trois ans du petit, pourvu que les deux concernés ne prennent que 24 mois maximum chacun. Le hic selon les opposants ? 97% de ce congé est pris par les femmes et peu de pères le solliciteront dans l’avenir ! La mère semble donc lésée pour rien. D'autant que les femmes percevant de faibles revenus ne s’arrêtent pas systématiquement de travailler par envie, mais bien parce que le nombre de places en crèche est limité et que le coût d’une assistante maternelle est souvent aussi élevé que leur salaire. Elles n'ont donc pas le choix : autant bénéficier des prestations et s'occuper de leurs enfants. Alors le gouvernement veut-il tout simplement baisser la prise des durées d’indemnités et faire des économies ? La question se pose et l’hypocrisie est plus que suspectée…

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Title: 
Magnifiques veilleuses de chagrin
Title: 
Merci l'hypocrisie
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Derrière la caméra, une réalisatrice pleine de talent, Frédérique Odye. Cette fille de marin pêcheur normand a ici réuni ses deux amours, la mer et l’art.
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Doit-on se méfier de la réforme du congé parental ? La question se pose et l’hypocrisie est plus que suspectée…

Baby Balloon - Stefan Liberski

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Stefan Liberski filme sans filtre la douleur et les joies de notre héroïne non conformiste. Difficile de ne pas être touché par les cris, les pleurs et les délires cocasses de Bici.
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Bicitation, dite Bici, est une jeune femme belge de 18 ans pleine de talents. Elle chante dans un groupe de rock qui fait fureur à Liège. La jeune femme est remarquable par ses formes rondes et généreuses mais tout autant par son charisme lorsqu’elle se transforme sur scène en femme radieuse et épanouie. Bici cache un mal être lié à son surpoids et sa condition sociale et c’est auprès de Vince, son ami d’enfance et guitariste du groupe qu’elle trouve du réconfort. Depuis toujours elle convoite Vince et tisse de doux rêves amoureux. Lorsque Anita, une jeune et très jolie fille débarque dans leur vie, Bici voit en elle une rivale à déloger.  Tour à tour découragée et combative la jeune rockeuse va se démener pour éloigner la très gênante Anita. Baby Balloon est un film belge hyper réaliste qui alterne moments sordides et moments de bons sentiments. Stefan Liberski filme sans filtre la douleur et les joies de notre héroïne non conformiste. Difficile de ne pas être touché par les cris, les pleurs et les délires cocasses de Bici. Une peinture de personnages ni fins ni délicats mais comme étant le miroir d’une société en friche. Une esthétique réaliste belge qui dessine un décor de paysages industriels sinistrés traversés par les personnages. L’humour lui aussi est belge, moitié loufoque et provoque moitié caricature et sarcasme. Un film bien rythmé et conduit par une belle interprétation de Ambre Grouwels.

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Discount - Louis-Julien Petit

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Louis-Julien Petit signe un premier film ambitieux et inscrit dans un contexte de dureté économique et sociale. Le scénario aborde la crise sans pour autant proposer un réel point de vue.
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Les employés d’un centre commercial discount se voient tourmentés par un plan de licenciement. Ainsi pour luter contre la mise en place de caisse automatique qui menacent leurs emplois, une poignée d’entres eux décident de monter un Hard Discount clandestin. Alimenté par les récupérations de marchandises jetées et les vols de marchandises en rayon, ils vont détourner des produits pour les vendre à prix cassé. De cette arnaque va naitre au sein d’une ferme de campagne une « épicerie solidaire ». On pourrait se réjouir de ce scénario original (option Robin des bois) et dans son époque mais la mise en scène n’est pas toujours efficace et se perd un peu entre les travers du feel-good movie et du film engagé. La partie comique n’étant pas toujours opérative et assumée, le film repose sur un casting réussi et le jeu très impliqué des acteurs. Une jolie fable sociale comme les anglais savent en faire. Entre comédie et chronique sociale, le film peine à trouver ses marques même si l’on peut compter sur l’épaisseur de quelques personnages. Louis-Julien Petit signe un premier film ambitieux et inscrit dans un contexte de dureté économique et sociale. Le scénario aborde la crise sans pour autant proposer un réel point de vue. Une célébration des valeurs solidaires tout en humour mais à l’étroit dans son costume humaniste.

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Nos étoiles contraires - Josh Boone

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L’œuvre puise son écriture dans la réflexion sur la vie. Le spectateur se voit séduit par un humour ravageur et un mépris des conventions.
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Hazel Grace et Gus, deux jeunes adolescents malades du cancer, se rencontrent lors d’une séance de groupe de soutien aux jeunes atteints par la maladie. Très vite ils sont attirés l’un par l’autre. Pourtant, ils sont loin d’être semblables. L’une se replie sur sa condition et ses lectures, l’autre s’assume comme geek et déborde d’humour et de sarcasme flirtant avec la positive attitude. C’est bien dans la construction psychologique des deux personnages que se bâtie une histoire d’amour singulière et inhabituelle. Si Nos étoiles contraires, film adapté d’un best seller, met le paquet pour tirer nos larmes, on ne peut difficilement être, de scène en scène, affecté par les dialogues ciselés à l’extrême et les situations mordantes et éblouissantes d’émotion. La comédie romantique écrite par le duo de scénaristes Scott Neustadter et Michael H. Weber pousse la démonstration d’un amour difficile mais beau. L’œuvre puise son écriture dans la réflexion sur la vie. Si en apparence il y a ce facile non-conformisme et non politiquement correct, la réalisation va au-delà des grosses ficelles romantiques très vite critiquables. Certes quelques situations s’acharnent à souligner la souffrance et l’écho qu’elles font à la maladie. Pour autant, le spectateur se voit séduit par un humour ravageur et un mépris des conventions.

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The search - Michel Hazanavicius

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Avec beaucoup de nuances et de sensibilités, elle garde face au chaos un regard humaniste et bienveillant. Si parfois la romance des faits est légèrement caricaturale, la réalisation reste sobre et épurée.
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Le récit du film se déroule pendant la seconde guerre de Tchétchénie, à partir de l’automne 1999. L’histoire suit quatre destins heurtés de plein fouet par le conflit qui vont être amenés à se rejoindre. Il y a Hadji, le petit garçon qui voit ses parents se faire assassiner et qui prend la fuite jusqu’à sa rencontre avec le personnage de Carole. Carole chargée de mission pour l’Union Européenne. Sa rencontre avec cet enfant réfugié va la surprendre. Elle le prendra sous son aile. Parallèlement Raïssa, la grande sœur de Hadji, a elle aussi pris le chemin de l’exode en quête de retrouver ses deux petits frères. C’est en Ingouchie, avec tous les réfugiés tchétchènes, que son chemin s’arrête. Puis il y a le jeune soldat russe de 20 ans, Kolia pour qui la guerre a été une échappatoire à la prison suite à un délit mineur dans son pays. Si le fil conducteur est Bérénice Bejo, c’est la guerre qui est le personnage principal. Hazanavicius réattribue une visibilité à la guerre de Tchétchénie, un conflit très peu médiatisé. Bérénice Bejo illumine la noirceur des terribles images du conflit meurtrier. Avec beaucoup de nuances et de sensibilités, elle garde face au chaos un regard humaniste et bienveillant. Si parfois la romance des faits est légèrement caricaturale, la réalisation reste sobre et épurée. Elle oppose 2 visions de cette guerre avec justesse. L’innocence des victimes, tchétchènes et russes, incarne avec simplicité l’injustice de cette guerre.

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Engrenages - Alexandra Clert & Guy-Patrick Sainderichin

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Une vision souvent noire et particulièrement violente. Une nouvelle saison fidèle à ce qui a fait de la série un succès. À voir !
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Pour ceux qui ne connaissent pas cette très bonne production française, signée Canal +, Engrenages est une série policière créée par une ancienne avocate qui cherche à travers un scénario puissant à nous livrer une série beaucoup plus proche de la réalité, aussi choquante et provocante puisse-t-elle être. Le Capitaine Berthaud et ses lieutenants sont en charge d’enquêtes importantes suivies de très près par la justice, juges, substituts du procureur et avocats. La procédure pénale et la brigade criminelle sont mis à nu et montrées avec un réalisme percutant. L’enjeu de la série Engrenages est que le spectateur comprenne tout ce qui se passe en détails. Tout est saisi, les secrets des enquêtes, les coups durs du travail, mais aussi ceux de la vie personnelle souvent rongée par la carrière trop envahissante et exigeante. Quant aux rebondissements et aux suspens de l’action, on a, dans le genre, pas encore fait mieux en France. L’excellent jeu des acteurs nous entraine au plus près dans le quotidien policier et judiciaire français. Une vision souvent noire et particulièrement violente. Au cœur du crime et du grand banditisme, la brigade du Capitaine Berthaud mène à nouveau dans cette saison 05 un combat acharné. De nouvelles enquêtes et de nouvelles trames apparaissent dans la vie des équipiers de la brigade. Une nouvelle saison fidèle à ce qui a fait de la série un succès. À voir !

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Chante ton bac d'abord - David André

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Une prouesse dans l’écriture et la mise en scène qui conjuguent avec beaucoup de facilité l’inquiétude des préoccupations de la vie et la douce poésie des rêves encore accessibles.
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Ce très élégant ovni télévisé diffusé il y a peu sur France 2 nous raconte l’histoire d’une bande de lycéens sur le chemin du Baccalauréat. Entre chansons et moments d’intimité au quotidien, le film documentaire propose une belle entrevue avec l’âge des possibles en 2014. Avoir 17 ans et rêver quand même lorsque l’on vit à Boulogne-sur-Mer, une ville durement ravagée par la crise. Quelle belle idée de vouloir raconter la vie de ces quelques adolescents en les faisant collaborer au projet cinématographique. Les textes des chansons incarnent et collent très bien aux personnalités qui les interprètent. Entre documentaire et fiction chantée, le film séduit parce qu’il soulève de sensibles réalités de vie sans jamais perdre la poésie avec laquelle il évoque ces points de vue ou séquences de vie. Les cinq participants non professionnels apportent une belle énergie et la fraicheur de leur jeunesse ce qui ne manque pas de provoquer de l’attachement. Le réalisateur David André marque avec délicatesse le glissement du passage de l’adolescence à l’âge adulte sans jamais stéréotyper les différentes personnalités. Une prouesse dans l’écriture et la mise en scène qui conjuguent avec beaucoup de facilité l’inquiétude des préoccupations de la vie et la douce poésie des rêves encore accessibles. La qualité indéniable de ce réalisme documentariste, la pertinence !

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