YEGG Magazine

Revue féministe en révolution

Sautes d'humeur

Coup de cœur

Un film désiré

Le 12 avril dernier, le Forum Libé interrogeait l’avenir de la France à travers différents prismes, dont celui du féminisme. 2030 : un vent nouveau ? Pas de réponse. Pas de prise de risque pour les 4 intervenantes invitées, seulement des utopies idéalistes et légèrement Bisounours. De leur côté, Mathilde Joubaud – lycéenne à Saint-Martin en option Cinéma – et Paul Marques Duarte – étudiant en Arts du spectacle à Rennes 2 – ont décidé de prendre le contrepied de cette minauderie pour frapper un grand coup. Fin mars, ils diffusent sur Vimeo leur très court métrage Désirée, dont le synopsis, simple et efficace, se veut percutant. L’histoire d’une jeune fille, de 18 ans, qui se rend chez le médecin pour avorter et qui se retrouve face à un mur : « Pas violée, pas d’IVG », lui répond-il. Une réplique fracassante qui résonne dans l’actualité espagnole depuis décembre dernier, moment où le gouvernement de Mariano Rajoy a adopté la loi anti-IVG, restreignant l’avortement à deux cas seulement : viol ou danger pour la santé de la mère. À la manière de Lisa Azuelos ou Éléonore Pourriat, les deux jeunes rennais transposent une situation soi-disant irréaliste à notre quotidien pour créer un choc, une prise de conscience. Une bien belle initiative qui nous fait réaliser qu’aucun droit n’est jamais acquis. Désirée insuffle en nous un vent de militantisme et cristallise certaines horreurs qu’il est important de combattre pour préserver le futur de toutes les femmes. Plus d’infos sur yeggmag.fr – Droit à l’avortement : Désirée ou l’art du court-métrage rennais – 28 mars 2014.

Coup de gueule

L'avortement : quel avenir ?

Alerté par le SDAS FO 35 sur l'absence d’un centre IVG à l’hôpital de Vitré, YEGG a enquêté. Face à la difficulté d’obtenir des réponses, le sujet s’est révélé sensible, voire brûlant. Si le Conseil Général a signé en 2012 une convention avec les hôpitaux et la CPAM pour une « la mise en œuvre de l’IVG médicamenteuse dans les centres de planification ou d’éducation familiale départementaux », celle-ci a depuis pris beaucoup de retard. Vincent Lavoué, gynécologue-obstétricien au CHU de Rennes, qui a formé la responsable du centre de Vitré, CPEF volontaire pour l’expérimentation, s’en étonne. Il décrit, en outre, la position du centre hospitalier : « Légalement le directeur ne peut pas obliger les gynécologues à pratiquer l’IVG, mais pour maintenir sa maternité, il a besoin d’eux. C’est la quadrature du cercle. Le cas se pose dans beaucoup de petites villes. À Vitré les choses sont en train de se régler, mais le problème va se poser à Redon ». Selon lui, le débat est plus large : « Nous dépendons d’administrations distinctes, les centres de planification du Conseil Général, les centres IVG de la Sécu, deux instances décisionnelles qui ne se parlent pas en Ille-et-Vilaine. Il y a un manque de lisibilité et de coordination des différents intervenants, alors qu’on devrait travailler ensemble, en bonne intelligence, pour une action construite et cohérente, comme dans le Morbihan ». La rédaction de YEGG ne manquera pas de revenir plus longuement sur ce sujet dans un prochain numéro.