Une brique dans la mare
« Trop peu de rues portent un nom de femme ». C’est le slogan qui a été affiché sur les murs du centre ville de Rennes fin avril. « Certains ont été arrachés, mais pas les photos. A croire que c’est la thématique qui les dérange », expliquent les deux jeunes femmes à l’initiative de cette campagne d’affichage sauvage. Elles sont étudiantes en dernière année de l’école des Beaux-Arts, section graphisme, à Rennes. Et elles sont féministes. Mathilde et Juliette, sous le nom de La Brique, ont allié convictions et compétences pour interpeller l’opinion publique sur le sujet. Parties du constat que seuls 6% des rues ont un nom féminin, elles fouillent dans les archives afin de dénicher plusieurs personnalités importantes du XIXe siècle – époque de construction du centre ville - qui auraient pu, en tant que femmes, figurer sur ces fameuses plaques qui bordent nos pavés. Au total, neuf portraits ont été affichés : elles sont aventurières, journalistes, militantes ou encore artistes, et ont compté à Rennes ou en Bretagne. A travers textes explicatifs, portraits et photos, la scénographie de cette campagne est pensée pour attiser la curiosité des passants et les faire réfléchir sur le sens de cette action. Une action intelligente et pacifiste qui, par la seule violence d’un constat que chacun aurait pu deviner, résonne en chaque habitant et le pousse à une remise en question. Cette initiative souligne avec brio que même les éléments les plus anodins peuvent cacher l’injustice et la discrimination. Et c’est sans crier au loup que le poids de cette intervention est le plus lourd. La Brique n’a peut-être pas initié une révolution féministe mais le duo prend le chemin d’une force tranquille redoutable. Il se pourrait qu’à l’avenir les Rennais(es) soient de nouveau surpris par leurs actions. YEGG en serait ravi.